Qui est Abbas Araghchi, le diplomate iranien en première ligne des pourparlers sur le nucléaire iranien ?
Le ministre iranien des Affaires étrangères est un diplomate chevronné, Il était déjà l'un des principaux négociateurs de l'accord nucléaire de 2015.
- Publié le 20-06-2025 à 18h56
- Mis à jour le 20-06-2025 à 18h57

"Nous avons clairement indiqué que tant que l'agression [israélienne] ne cessera pas, il n'y aura pas de place pour la diplomatie et le dialogue", a déclaré, vendredi, le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi, avant de rencontrer à Genève ses homologues britanniques, français et allemand, ainsi que la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne Kaja Kallas. La ligne rouge pour Téhéran est claire. Cela n'empêche pas que le chef de la diplomatie iranienne depuis août 2024 est considéré comme un pragmatique, tenant d'une diplomatie fondée sur le "respect mutuel" avec les Européens et d'une "gestion" des relations plus hostiles avec les États-Unis.
Né en 1962 à Téhéran, Abbas Araghchi s'est porté volontaire, comme de nombreux Iraniens de sa génération, pour combattre lors de la guerre Iran-Irak de 1980-1988. Il en a gardé "le souvenir des avions Super Etendard français, des chars Chieftain britanniques, des armes chimiques allemandes, des avions AWACS américains et des dollars saoudiens [qui ont alimenté la guerre de l'Irak contre l'Iran]" confiait-il lors d'une conférence en 2018. Cette expérience en a fait un ardent promoteur du programme iranien de missiles "défensifs".
Il a la formation duale propre à un diplomate iranien : diplômé de l'école des relations internationales du ministère des Affaires étrangères, maîtrise en sciences politiques à l'université islamique Azad de Téhéran et doctorat en politique et en gouvernement à l'université du Kent en 1996, au Royaume-Uni. Ambassadeur d'Iran en Finlande, de 1999 à 2003, il est devenu chef du département Europe occidentale du ministère des Affaires étrangères de 2003 à 2004, lorsque l'Iran a commencé à négocier avec la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne au sujet de l'avancement de son programme nucléaire.
Le ministre des Affaires étrangères Javad Zarif le recrute comme adjoint dans les négociations nucléaires après l'élection du président Hassan Rouhani en 2013. Son ascension se poursuit sous la présidence de Mahmoud Ahmadinejad, lorsqu'il joue un rôle clé dans les négociations qui ont abouti à l'accord de Vienne sur le nucléaire iranien en 2015. Il a repris ce rôle lorsque l'Administration Biden a tenté de réactiver l'accord, quitté par Donald Trump, en 2018, durant son premier mandat. Au moment où Abbas Araghchi se rendait à Genève, les médias iraniens ont fait état d'un "grand complot israélien contre lui" qui aurait été déjoué à Téhéran.