Iran-Israël : les Européens réactivent la diplomatie, mais "l'Iran ne peut pas se doter de l'arme nucléaire"
Les ministres des Affaires étrangères français, britannique et allemand ont rencontré leur homologue iranien à Genève.
- Publié le 20-06-2025 à 18h47
- Mis à jour le 20-06-2025 à 18h50

L'attaque d'Israël est une "trahison" du processus diplomatique avec les États-Unis, a dénoncé, vendredi, le ministre iranien des Affaires étrangères et chef négociateur pour le nucléaire, devant le Conseil des droits de l'homme des Nations unies à Genève.
"Nous avons été attaqués au milieu d'un processus diplomatique. Nous étions censés rencontrer les Américains le 15 juin pour élaborer un accord très prometteur", a déclaré Abbas Araghchi, peu avant sa rencontre avec ses homologues britanniques, David Lammy, français Jean-Noël Barrot et allemand Johann Wadephul, ainsi que la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne Kaja Kallas, dans la ville suisse.
Téhéran a prévenu "que tant que l'agression [israélienne] ne cessera pas, il n'y aura pas de place pour la diplomatie et le dialogue", comme l'a répété, vendredi, Abbas Araghchi. Israël, pour sa part, attend des Européens "qu'ils exigent un démantèlement complet du programme nucléaire, ainsi que du programme et de l'arsenal de missiles balistiques, et qu'ils mettent fin aux activités terroristes régionales de l'Iran", a déclaré l'ambassadeur d'Israël auprès de l'Onu, à Genève, Daniel Meron.
Une "offre de négociation complète"
Les trois grands pays européens tentent de relancer le processus de négociations avec Téhéran pour éviter l'expansion du conflit entre Israël et l'Iran. Le ministre allemand a souligné que la démarche des Européens se faisait en coordination avec les États-Unis, qui sont "tout à fait d'accord pour que nous la menions". Même si les Européens ont réagi de façon très diverse aux frappes israéliennes, il existe néanmoins "un consensus sur la façon dont nous devons opérer", c'est-à-dire par la voie de la diplomatie, a confié une source diplomatique aux correspondants européens, à Bruxelles.
L'Allemagne, la France et le Royaume-Uni vont faire "une offre de négociation complète" à l'Iran incluant "le nucléaire pour aller vers le zéro enrichissement", les activités balistiques et "le financement de tous les groupes terroristes de déstabilisation dans la région", a dit le président français Emmanuel Macron. Plusieurs sources confirment que les Européens partagent un même objectif : "l'Iran ne peut pas se doter de l'arme nucléaire". En dépit de ses dénégations officielles, la République islamique "représente une menace, avec son programme nucléaire et ses capacités balistiques", insiste un diplomate, sous couvert d'anonymat.
Le délai américain
Jeudi, le président américain Donald Trump a rouvert la porte à une possibilité "substantielle" de négociations avec l'Iran et déclaré qu'il déciderait "au cours des deux prochaines semaines" d'une intervention de son pays aux côtés d'Israël. Ce nouveau revirement contraste avec le ton menaçant de lundi, quand le Président a posté un message sur son réseau Truth Social, avertissant les Iraniens d'" évacuer immédiatement Téhéran" suivi d'une déclaration, mercredi, selon laquelle il était "à bout de patience".
Le délai de deux semaines annoncé permet, aussi, aux États-Unis de sécuriser leurs bases dans la région et de préparer une éventuelle frappe sur les installations nucléaires iraniennes, notamment l'usine d'enrichissement de Fordo, au sud de Téhéran. Les États-Unis sont les seuls à détenir la bombe GBU-57 susceptible d'atteindre ce site profondément enfoui.
Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Rafael Grossi a réaffirmé à CNN que son agence n'avait décelé, dans son dernier rapport, aucun indice laissant penser que l'Iran fabrique à l'heure actuelle une arme atomique. "L'action militaire, d'où qu'elle vienne, est une décision politique et n'a rien à voir avec ce que nous déclarons."