Ils préfèrent l'impasse au compromis
Un édito de Dorian de Meeûs.

- Publié le 15-07-2025 à 23h10

Cela aurait pu être un coup de maître. Cela aurait même dû l'être. Georges-Louis Bouchez avait mis d'accord PS, Open VLD et N-VA sur un texte écrit, synonyme de sortie de crise bruxelloise. Le MR proposait de céder son futur secrétaire d'État à une personnalité appréciée de la N-VA qui, en échange, soutiendrait l'installation du gouvernement. Cela permettait de respecter la volonté flamande d'impliquer a minima le parti du Premier, assurer la double majorité linguistique, et répondre à l'exclusive du PS. Pour le MR, c'est un sacrifice politique indéniable, suffisamment rare, pour ne pas le piétiner aussitôt.
Cet accord, que personne n'a vu venir ni même imaginé, comportait certes une zone d'ambiguïtés. Il n'était pas là pour tout prévoir ou tout régler, mais pour amorcer des échanges constructifs. Aucune autre stratégie ne permettra de contourner tant d'exclusives. Pourtant, au lieu de bâtir sur cette fondation instable mais précieuse, l'inflexible Ahmed Laaouej (PS) s'est vite braqué sur le choix des sherpas, ces hommes et femmes qui "accompagnent" les négociateurs. Pourtant, leur vocation est de rester dans l'ombre de l'Histoire. Cette nouvelle humiliation ne passe pas. La N-VA et – par ricochet – l'Open VLD, s'indignent et ressortent l'artillerie lourde. La trêve aura été de courte durée. Retour groupé dans le bac à sable…
Il est de bon ton de railler Georges-Louis Bouchez et ses sorties. Pourtant, il est ici le seul à sortir du carcan des postures stériles. Vivement applaudi et encouragé par les uns, conspué et moqué par les autres, le président du MR détonne. Mais ceux qui pensent qu'il savonne sa propre planche se trompent. À l'instar de son modèle, Nicolas Sarkozy, il monopolise le terrain, bouscule ses adversaires, neutralise ses concurrents, dicte l'agenda politique et, à ne pas négliger, ose aussi proposer des compromis créatifs. Le problème, c'est qu'il joue aux échecs pendant que les autres comptent les pions.
Le va-tout qu'il joue, légalement irréprochable, emprunte une voie institutionnelle hasardeuse et un mécanisme politique inexpérimenté. C'est donc un voyage en terre inconnue… Pour les Bruxellois, il faut oser prendre ce chemin, même s'il est truffé de chausse-trappes. Ahmed Laaouej, Cieltje Van Achter et Frédéric De Gucht doivent cesser de se trouver des excuses. Leurs postures ne sont plus grotesques et irresponsables, elles sont profondément médiocres…