Le roi Philippe et la ministre de l’Énergie bientôt en Namibie pour un voyage officiel
Le roi Philippe va effectuer une visite officielle en Namibie. Il partira le 29 avril, en compagnie de la ministre de l’Énergie Tinne Van der Straeten. Au cœur du voyage officiel, des partenariats de poids entre les deux pays.
- Publié le 27-04-2024 à 20h42
- Mis à jour le 27-04-2024 à 20h43
Le Roi, accompagné de Tinne Van der Straeten. ministre belge de l’Énergie (Groen), sera en Namibie du 29 avril au 3 mai. La délégation belge, forte aussi de plusieurs chefs d’entreprise, se rendra à Windhoek et Walvis Bay. Objectif global : soutenir les opérateurs belges actifs dans le domaine des énergies renouvelables, le développement portuaire, le transport maritime durable et le transfert de compétences dans ces matières. Et appuyer les échanges d’expertise et partenariats avec la Namibie.
Comme ce fut le cas pour la visite officielle à Oman en 2022, cette visite royale “illustre la volonté de deux pays de travailler ensemble à une transition énergétique durable”. La Belgique renforce le partenariat avec son homologue namibien pour collaborer notamment au développement d’hydrogène vert. Des projets qui allient secteurs public et privé ainsi que les opérateurs économiques et de développement.
Lors du sommet climatique de 2021 à Glasgow, la COP26, la ministre fédérale de l’Énergie Tinne Van der Straeten a noué un protocole d’entente (Memorandum of Understanding (MoU) avec son homologue namibien, le ministre de l’énergie Tom Alweendo. L’objet de la coopération est l’hydrogène vert, et le soutien au lancement d’un projet pilote pour une station de ravitaillement en hydrogène à Walvis Bay.
La démarche de déploiement conjoint de l’hydrogène vert, qui sera au centre de la visite à Walvis Bay, s’inscrit dans le cadre de la stratégie fédérale initiée en 2021.
Un protocole d’accord existe par ailleurs dans ce domaine depuis 2022 entre l’UE et la Namibie.
La reconnaissance mondiale de l’expertise technologique des entreprises belges au service des énergies renouvelables et de la transition verte est, selon une série d’observateurs et acteurs clés, en progression constante. La Belgique se positionne ainsi en tant que “pionnier international en matière de changement climatique” .
Il s’agit donc de soutenir ces entreprises engagées dans les secteurs essentiels au développement durable de la planète, un thème naturellement fédérateur, brûlant, et cher de longue date au roi Philippe.
La Namibie, un marché émergent prometteur pour les énergies renouvelables
La coopération internationale est par essence cruciale dans ses matières. Notamment avec la Namibie, un pays considéré comme stable, et qui partage les ambitions et objectifs belges en termes de transition climatique.
C’est est l’un des rares pays africains à s’être engagé à atteindre la neutralité climatique d'ici 2050. La Namibie a adopté une stratégie dans ce sens en 2017 et entend obtenir 70 % d’électricité à partir de sources d’énergie renouvelables d'ici 2030. Le pays vise un accès universel à l’électricité d'ici 2040.
Le territoire national est ample mais peu peuplé (environ 2,6 millions d’habitants). Une croissance économique régulière et la stabilité politique lui ont permis d’atteindre “le niveau d’un pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure”. Mais la pandémie de Covid-19 a augmenté les difficultés structurelles. Parmi celles-ci, le manque d’accès aux services de base, surtout dans les zones rurales.
La production d’électricité étant insuffisante pour répondre à la demande nationale, la Namibie se fournit dans les pays voisins, en Afrique du Sud (80 %), mais aussi en Zambie et au Botswana. Environ 40 % de sa population n’y a toujours pas accès.
Le pays dispose par ailleurs d’un haut potentiel en termes d’énergies renouvelables. Il convoite la position de leader de la transition vers les énergies propres, dont l’hydrogène, en Afrique subsaharienne.
Si la sécheresse a pu engendrer l’insécurité alimentaire dans le pays, le potentiel solaire exceptionnel de la Namibie en fait un marché émergent prometteur pour les énergies renouvelables et l’hydrogène vert.
Le port de Walvis Bay est un carrefour logistique essentiel en Afrique subsaharienne. Une position stratégique avec accès direct aux principales routes maritimes, favorisant le transport de carburants propres.
Windhoek, la capitale
Accueil présidentiel à la State House, expo photo sur un projet de reforestation et visite d’un ONG locale à vocation sociale
Première étape du voyage, Windhoek, la capitale. Le roi y sera reçu à la State House, résidence officielle et siège de gouvernement, par le président de la Namibie, Nangolo Mbumba, avec lequel il aura un entretien en tête-à-tête. Nangolo Mbumba dirige le pays depuis le 4 février dernier, après la mort de son prédécesseur Hage Geingob. Il a étudié aux États-Unis où il a notamment acquis une maîtrise en biologie.
Les deux chefs d’État visiteront l’expo photo de Lignaverda, un projet belge de reforestation d’Entrepreneurs Sans Frontières. “Let’s make the desert green”. C’est un slogan de cette ONG internationale certifiée par la Convention des Nations Unies pour combattre la désertification. (UNCCD), L’alignement des intérêts écologique et socio-économiques locaux est une des clés des opérations de terrain de l’organisation. Celle-ci engage les communautés locales dans les projets, en tenant compte de leurs besoins et aspirations, crée des emplois à long terme dans le respect de l’égalité des genres. L’ensemble s’inscrit dans un processus de micro-économie qui offre aux jeunes générations de nouvelles ouvertures d’éducation et “améliore les conditions de vie de la communauté”.
À Windhoek toujours, le roi et le président se rendront au centre communautaire Hope Initiative – Initiative Afrique Australe (HISA), une ONG namibienne locale qui agit contre l’extrême pauvreté dans la banlieue de la capitale. Ce projet social, soutenu entre autres par l’Union européenne, se concentre sur “l’émancipation socio-économique des familles”, une autonomisation qui comprend naturellement la sécurité alimentaire, l’accès à l’hygiène, aux soins médicaux et l’éducation.
Walvis Bay, futur “hotspot” pour les carburants propres en Afrique subsaharienne
Cleanergy, le joint-venture belgo-namibien qui produit de l’hydrogène vert
Walvis Bay est la deuxième ville de Namibie et la plus grande ville côtière du pays. Elle a connu plusieurs colonisations. C’est un port logistique majeur pour l’Afrique australe. Ses installations permettent l’échange de marchandises avec le reste de la Namibie, la Zambie, la République démocratique du Congo, le Botswana.
Le port en eau profonde de Namport à Walvis Bay est un partenaire du port d’Anvers-Bruges. Ils ont notamment signé un protocole d’accord pour une “coopération stratégique et le potentiel de production et d’exportation d’hydrogène”.
Des projets qui comptent aussi une dimension européenne, l’UE soutenant Walvis Bay en tant que “porte d’entrée vers l’arrière-pays industriel de l’Afrique australe”, et la coopération entre les ports.
Un exemple de cet investissement européen : l’Allemagne est associée au projet de l’entreprise belge CMB.Tech. CMB.Tech est la division cleantech de CMB (Compagnie Maritime Belge) qui construit, possède, exploite et conçoit de grandes applications marines et industrielles fonctionnant à l’hydrogène et à l’ammoniac. Son centre de technologie et de développement est situé à Brentwood, dans l’Essex et son siège social, à Anvers.
Un joint-venture lie CMB.Tech et le consortium namibien Ohlthaver&List (O&L) Group, le plus grand groupe privé du pays. Cette coentreprise est baptisée Cleanergy Solutions Namibia.
Cleanergy construit à Walvis Bay la première station publique de ravitaillement en hydrogène vert pour les camions, équipements et applications ferroviaire sur le continent africain. Son ambition : faire de Walvis Bay un “hotspot” pour les carburants propres en Afrique subsaharienne.
À terme, Cleanergy prévoit également la création d’une unité de production d’ammoniac à partir d’hydrogène vert. L’ammoniac vert peut, en remplacement du gaz fossile, servir à la production d’électricité. Des pays comme le Japon en consomment déjà pour faire tourner les centrales thermiques.
Sur le site de Cleanergy toujours, le roi des Belges et le président namibien visiteront le projet Coosha, “Green hydrogen for cooking and cooling in Namibia”, une installation de réfrigération et de cuisson à l’hydrogène vert, développée avec la technologie belge