La peste antisémite sur les campus américains
Un édito de Philippe Paquet.
- Publié le 26-04-2024 à 22h41
Depuis le début de la riposte israélienne aux massacres du 7 octobre 2023, les universités américaines sont le théâtre de manifestations propalestiniennes souvent hystériques et violentes. Des étudiants et des enseignants juifs sont insultés, molestés et humiliés. Certains se voient interdire l’accès au campus, d’autres doivent se barricader dans les bâtiments. La police est intervenue massivement pour rétablir l’ordre, malgré quoi la sécurité de la communauté juive n’est plus garantie. L’Université de Californie du Sud à Los Angeles a d’ores et déjà annulé une des cérémonies de remise des diplômes dans la crainte d’incidents.
La liberté d’expression est un droit fondamental aux États-Unis (comme en Europe, où l’agitation estudiantine a fait tache d’huile) et les universités sont un lieu par excellence de son exercice. Contre la guerre du Vietnam ou pour les droits civiques, les campus ont été de tous les combats. Il est légitime qu’il continue d’en aller ainsi. Ce qui n’est pas acceptable, en revanche, c’est la dérive qui pousse les manifestants, sous couvert de défendre une cause et un peuple, à soutenir un groupe terroriste (le Hamas), à justifier ses crimes, et à sombrer dans un antisémitisme totalement assumé qui fait froid dans le dos et inspire le dégoût.
On est sidéré par l'incohérence qui pousse des organisations féministes et des militants LGBTQ à encenser des islamistes dont ils seraient, sous leur coupe, les premières victimes (derrière le Hamas, il y a l'Iran, qui pend ses opposants et torture les femmes insoumises). On est confondu par l'aberration qui consiste à dénoncer un "génocide à Gaza" en réclamant qu'on "rase Tel Aviv" (comme d'aucuns le voudraient à l'université Columbia). On est atterré par la naïveté et l'ignorance des contestataires qui hurlent des slogans sans savoir grand-chose d'une réalité ancienne et complexe. Mais on est terrifié quand on entend des étudiants à l'université - l'élite intellectuelle d'un pays - menacer leurs camarades juifs en leur promettant "un nouveau 7 Octobre" dont ils seront les victimes. Et quand on n'entend pas les autorités académiques et politiques dire avec suffisamment de force que pareil discours ne peut être toléré et qu'il ne le sera pas.