La refonte des institutions francophones se précise enfin. PS, MR et Écolo posent un accord de principe sur la table. Mais cet accord n'est pas abouti. Il est même loin d'être ficelé. Retenons-en que trois présidents de parti s'engagent à préserver la tutelle de la communauté française sur l'enseignement, la culture, l'audiovisuel et la recherche. Le pragmatisme l'emporte clairement sur les régionalistes qui voulaient ni plus ni moins liquider l'institution et ainsi couper les ponts entre francophones. En soi, c'est un soulagement. De plus, la perspective de réduire enfin le nombre de ministres et de parlementaires francophones est positive, tout comme l'objectif de diminuer les coûts de fonctionnement. Le tout offre un argument électoral séduisant tant la situation actuelle choque – à juste titre – nombre de citoyens.
Politiquement, le timing des fuites sur cet embryon d'accord sert surtout Georges-Louis Bouchez. Le président du MR, dont la prolongation du mandat est en discussion, parvient ainsi subtilement à démontrer aux libéraux perplexes qu'il est en capacité de discuter avec Paul Magnette et Jean-Marc Nollet et de décrocher des compromis.
Mais, attention, la régionalisation de ces matières ne représentera pas que des économies, tant s'en faut. Elle soulève aussi des questions délicates. Pense-t-on vraiment que l'aide à la jeunesse, les maisons de justice ou même les sports (Adeps) seront des matières qui seront traitées de manière différente en Wallonie ou à Bruxelles ? Exemple, où iront les jeunes délinquants bruxellois qui séjournent actuellement en IPPJ à Braine-le-Château ? Et, va-t-on réellement construire un coûteux centre wallon de surveillance des personnes sous bracelets électroniques ?
Le message envoyé aux Flamands n'est pas anodin : les francophones aussi veulent réformer leurs institutions, les rendre plus efficaces et moins coûteuses. Mais ce signal est conditionné au bon vouloir de la Flandre. Acceptera-t-elle de céder les compétences équivalentes à la région bruxelloise ? C'est loin d'être gagné...
À ce stade, cette simplification des institutions francophones reste une promesse. Sera-t-elle détricotée dans les mois à venir ? C'est un risque, d'autant qu'une promesse sans lendemain ne ferait qu'alimenter un antipolitisme déjà à son apogée.
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