Résumons ici la décision du groupe ING : pour peu qu'un travailleur ait au moins 58 ans, et qu'il ait 10 ans d'expérience, il a le droit de rester chez lui, de ne plus travailler, avec un bon pourcentage de son salaire à la clé. Merci et au revoir. ING n'a pas vraiment fait exception, ne la stigmatisons pas, la pratique est assez courante. Comme la facture est entre les mains de la société, ce n'est finalement pas si grave pour le Trésor public à première vue. En fait, si, ça l'est. Parce que le taux d'emploi, en Belgique, ne parviendra jamais à s'élever significativement si l'activité des 55-64 ans ne continue pas de croître. Actuellement, à peine plus d'un travailleur sur deux âgé de plus de 55 ans est encore en activité. Et encore doit-on une évolution positive ces dernières années à la présence plus marquée des femmes sur le marché du travail. Malgré les quelques mesures prises récemment - réduction des préretraites (RCC), cotisations durcies dans le cadre de l'activation de la politique du marché du travail, plan bien-être - les seniors de plus de 55 ans restent souvent les "parias" du marché du travail. Parce que le coût des charges sociales par rapport à leur productivité est souvent trop élevé. Les seniors sont trop chers et moins facilement employables, en résumé. Le travail plus structurel entamé ces dernières années doit donc être approfondi.
Quelle image une société donne-t-elle d'elle-même quand elle s'adresse à ces seniors en leur disant " venir travailler ou rester à la maison, cela ne change finalement pas grand-chose " ? Quel degré d'utilité confère-t-on encore aux tempes grises ? Il y a déjà bien trop de personnes inactives en Belgique pour ne pas se préoccuper davantage de l'employabilité des travailleurs au cours de leur carrière. Surtout dans un contexte où la productivité connaît quelques sérieux ratés en Belgique depuis quelques années. Pour peu que la société (entreprises, milieux éducatifs, monde politique) change progressivement les logiciels de l'aménagement des fins de carrière, de l'éducation et de la formation - et pas seulement 5 jours par an - peut-être verra-t-on dans notre société davantage de seniors actifs vraiment utiles, et heureux de l'être. C'est loin d'être anecdotique. C'est un enjeu fondamental de société qu'ING, comme d'autres sociétés avant elle, vient de remettre sur la table.
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