En Belgique, les firmes pharmaceutiques s'opposent à la levée des brevets sur les vaccins contre le Covid-19
Les entreprises pharmaceutiques s'inquiètent face aux dernières déclarations de l'administration Biden et de la présidente de la Commission européenne à propos de la levée des brevets.
- Publié le 06-05-2021 à 12h42
- Mis à jour le 16-05-2021 à 18h36
La levée des brevets envisagée par l'administration Biden et désormais également par l'Europe est vue par beaucoup comme une solution pour sortir de la crise au plus vite. Mais le secteur pharmaceutique avance que cela "met en péril les progrès durement acquis dans la lutte contre le Covid-19", affirme Pharma.be, qui regroupe la majeure partie des entreprises pharmaceutiques du territoire.
"Cette décision à court terme et inefficace de l'administration Biden met en péril les progrès durement acquis dans la lutte contre cette terrible maladie. Bien que nous soyons tout à fait d'accord avec l'objectif de protéger les citoyens du monde entier grâce aux vaccins, la renonciation aux brevets rendra encore plus difficile la victoire dans la lutte contre le coronavirus", affirme pour sa part Caroline Ven, directrice générale de Pharma.be.
Pression sur les matières premières ?
Pour certains, la levée des brevets permet de généraliser la production au plus vite et répondre aux demandes des pays moins développés, alors que le bilan des victimes ne fait que s'alourdir et l'apparition de variants ne facilite pas la chose.
"L'augmentation de la capacité à délivrer des doses aux citoyens du monde entier nécessite les compétences et le savoir-faire technique du développeur de vaccins pour amener les organisations de fabrication partenaires à s'engager. Il est tout simplement impossible de parvenir à ce type d'expansion de la capacité en renonçant aux brevets et en espérant que des usines jusqu'alors inconnues dans le monde entier se lanceront dans le processus complexe de la fabrication de vaccins", avance pour sa part Caroline Ven.
"Une renonciation risque de détourner les matières premières et les fournitures de chaînes d'approvisionnement efficaces et bien établies vers des sites de fabrication moins efficaces où la productivité et la qualité peuvent poser problème. Elle ouvre la porte à l'entrée de vaccins contrefaits dans la chaîne d'approvisionnement du monde entier. L'expansion de la capacité n'est possible que par le biais de partenariats volontaires et collaboratifs entre les innovateurs à l'origine de chaque vaccin et les partenaires fabricants experts. Nous devrions nous attacher à supprimer les obstacles à la collaboration, à garantir la libre circulation des matériaux dans le monde et à poursuivre l'effort de recherche", précise-t-elle également.
Si le monde pharmaceutique redoute cette levée de brevets, c'est également pour ne pas pénaliser leurs retours sur investissements, nécessaires au développement de ces produits, mais aussi leurs bénéfices à venir. Ils redoutent la perte de la protection intellectuelle autour de ces vaccins et donc du côté d'incitatif financier à l'innovation qu'ils représentent. Une levée partielle ne sera par contre pas forcément généralisée.
Des débats en séance plénière du Parlement fédéral doivent avoir lieu cet après-midi sur le sujet.