La Belgique en état d'alerte

B. B.
La Belgique en état d'alerte
©Bernard Demoulin

L'armée belge et les services antiterroristes de la police fédérale en état d'alerte

BRUXELLES Dès avant que les dépêches faisant état d'une possible origine criminelle des explosions au sommet du World Trade Center ne tombent sur les téléscripteurs, les membres des services concernés de la police fédérale étaient prévenus de facon non officielle par téléphone. Juste pour leur demander de se tenir prêts, car l'état d'alerte allait être donné. `Pas étonnant, constate notre correspondant. Avec les différents sommets à venir et avec la présidence belge de l'Union, nous étions déjà en état d'alerte virtuel´. Et les craintes aujourd'hui sont réelles d'éventuelles actions dans notre pays: `Le risque, c'est qu'il y ait une escalade après la probable riposte des USA. On peut aussi penser que ce type d'attentat pourrait donner des idées à d'autres. On se souvient du détournement d'un avion il y a deux ans, qui s'était terminé par une intervention des troupes françaises sur l'aéroport de Marseille. On l'a appris plus tard, mais la destination finale de cet avion était de s'écraser sur Paris.´

L'armée en état d'alerte Bravo

L'armée belge a renforcé mardi après midi ses mesures de sécurité à la suite des attentats perpétrés aux Etats-Unis, a-t-on appris de source militaire.
A la phase `normale´ de surveillance Alpha s'est substituée la deuxième phase Bravo de `vigilance accrue´, a expliqué un porte-parole. A cette phase correspond un renforcement en hommes des dispositifs de garde, ainsi qu'un contrôle accru aux entrées et sorties de quartiers militaires. La phase d'alerte trois, baptisée Charlie et qui prévoit le rappel de personnel, le port de l'arme individuelle, du casque et du gilet pare-balles, n'avait pas été déclenchée. Quatre degrés d'alerte existent, allant d'Alpha à Delta (quasi équivalent à une situation de guerre) en passant par Bravo et Charlie. A titre de comparaison, lors de la guerre du Kosovo (24 mars-10 juin 1999), plusieurs installations militaires belges impliquées dans l'opération de l'Otan contre la Yougoslavie avaient un moment été placées en degré d'alerte Alpha.
La sécurité a également été renforcée au centre-radar (CRC) de Glons, entre Liège et Tongres, et à la station radar de Semmerzake (Flandre orientale), qui ont intensifié leur surveillance de l'espace aérien belge selon une procédure prévue, a-t-on ajouté de même source.

Deux F-16 prêts à Florennes

Deux chasseurs F-16 stationnés sur la base aérienne de Florennes sont également prêts à prendre l'air en moins de quinze minutes.
Hier en début de soirée, le ministre de la Défense André Flahaut a convoqué une réunion urgente des plus hauts responsables militaires de la sécurité du territoire. Il coordonne étroitement son action avec celles du ministre de l'Intérieur et des Affaires étrangères. André Flahaut `condamne de la manière la plus forte qui soit les actes de barbarie qui ont touché un pays allié et exprime sa sympathie aux citoyens américains´.
Par ailleurs, dès l'après-midi, une réunion s'était tenue au centre de crise belge du ministère de l'Intérieur. Elle rassemblait les responsables des services de sécurité, des services de secours et des représentants des ministres.


`C'est l'apocalypse´
BRUXELLES Dans de telles circonstances, qui mieux que des sauveteurs peuvent expliquer la tension et la désorganisation qui règnent sur les lieux du drame.
Francis Boileau, porte-parole des pompiers de Bruxelles, connaît bien les tours du World Trade Center. `Quand, en 1993, les Twin Towers avaient été la cible d'un premier attentat au camion piégé, le bâtiment avait démontré toutes ses qualités de sécurité´, explique le pompier.
Mais cette fois-ci, `vous lancez deux avions contre un bâtiment Il n'y a aucune construction humaine qui pourrait résister à un tel choc´, explique Francis Boileau. `L'effondrement était totalement inéluctable.´ L'incendie qui, vu à la télévision, ne semble pas très impressionnant est en fait gigantesque. `Il a mis à mal la structure de l'édifice qui, au bout d'une heure, n'a pas résisté.´
En ce qui concerne les secours, `le plus effrayant, c'est le phénomène de suraccident. En effet, un avion qui s'écrase, c'est déjà dramatique; quand c'est sur des habitations, ça l'est encore plus; alors ici, c'est véritablement l'apocalypse.´
En effet, `les services d'ordre sont complètement désorganisés. Bien que les 12.000 pompiers de New York soient les mieux entraînés et les mieux organisés au monde, dans de telles circonstances ils sont totalement désarmés. Ils doivent faire aveu d'impuissance totale. Les premières heures se vivent dans une situation tout à fait chaotique´, constate le pompier bruxellois.
De tels scénarios sont inimaginables et inimaginés dans les pires plans catastrophes. `On imagine bien des chutes d'avions sur un quartier, mais là c'est impossible à imaginer et, quand bien même, cela ne servirait à rien. C'est le lot de tous les endroits où des personnes sont rassemblées, on ne peut pas tout imaginer, ni tout prévoir.´
Et si ça arrivait à Bruxelles? `Vous savez, aucune ville n'est à l'abri, Bruxelles comme une autre. La seule différence concernerait le bilan qui, selon toute vraisemblance, serait moins élevé chez nous.´

M. Ka.

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