Quelle est la situation épidémiologique en Belgique? "La longue pause de Pâques a eu un effet positif, mais pas autant que ce qu'on attendait"

Les indicateurs du coronavirus tendent à diminuer en Belgique, mais les nouvelles hospitalisations ont augmenté légèrement hier, par rapport à la veille. Les experts détaillent cette situation lors de leur point presse habituel.

Ad.R.

3.114 personnes sont actuellement hospitalisées à cause du Covid-19 en Belgique. Un chiffre qui, en moyenne sur ces deux dernières semaines, tend à diminuer, même si, en prenant les chiffres au jour le jour, le nombre de nouvelles admissions varie entre légère hausse et baisse. Aux soins intensifs, où la situation inquiète les soignants, il y a encore 938 Belges pris en charge.

En ce qui concerne les contaminations au coronavirus, elles sont à la baisse. Entre le 10 et le 16 avril, 3.448 nouvelles contaminations au Sars-CoV-2 ont été dépistées en moyenne par jour, en recul de 2% par rapport à la semaine précédente. Le taux de reproduction du virus - le rapport entre le nombre de test anti-Covid effectués et le nombre de tests positifs - se situe à 0,96 et n'est donc pour l'instant pas supérieur à 1. Mais le taux de positivité lui, est plutôt élévé, car il tournait ces derniers jours autour de 10%.

Pour expliquer tous ces chiffres, les experts du centre de crise ont pris la parole vers 11h, pour la première fois depuis la fin des vacances de Pâques prolongées. "La longue pause de Pâques a eu un effet positif, mais pas autant qu'on l'attendait", a directement annoncé Yves Van Laethem. "On ne peut se le cacher, on s'attendait à avoir quelque chose de plus frappant", a-t-il reconnu, "Avec les vacances de Pâques, on a tout de même atteint une sorte de plateau, ce qui veut dire qu'on n'est plus sur une pente ascendante, mais légèrement descendante". L'expert reste convaincu que la vaccination, combinée au respect des règles sanitaires, va permettre de continuer cette petite baisse, et de la rendre plus forte. "Seule, la vaccination ne suffira pas à stopper l'évolution du virus. Il faut continuer à limiter ses contacts, suivre les consignes de sécurité, etc, pour que nous atteignons enfin des chiffres qui nous permettront de rouvrir les secteurs que nous attendons tant".

La pression sur les hôpitaux reste forte, a aussi rappelé le porte-parole de la lutte contre le Covid, et les lits de soins intensifs dédiés aux patients Covid sont pratiquement tous occupés. "La reprise de l'école va relancer le testing massif dans les établissements scolaires et il y aura sans doute une augmentation du nombre de nouveaux cas, ce qui ne veut pas dire que le flot des nouvelles contaminations va augmenter réellement, ce sera lié à ce meilleur testing. Les écoles sont l'endroit où le volume de testing est le plus élevé", a précisé Yves Van Laethem. Le taux d'infection reste le plus élevé chez les personnes d'une vingtaine d'années. Les nouvelles contaminations diminuent dans tout le pays, à l'exception du Limbourg et de la province de Liège, qui pourtant montraient de bons chiffres jusqu'à maintenant.

Au niveau des hospitalisations, Yves Van Laethem décrirait la courbe actuelle comme "une colline un peu arrondie", qui n'est donc pas un pic à proprement parler. A nouveau, la province de Liège est la seule à ne pas montrer de diminution des admissions à l'hôpital pour le moment, 32% des hospitalisations ont d'ailleurs lieu dans la région liégeoise. Le taux d'occupation des lits hospitaliers reste élevé en général, et les lits de soins intensifs accueillent encore 938 patients, ce qui est juste en dessous du "record" atteint lors de la troisième vague, a aussi affirmé Yves Van Laethem.

Où en est la vaccination en Belgique ?

Sabine Stordeur, membre de la task force vaccination, a ensuite pris la parole pour faire le point sur l'évolution de la vaccination. Plus de trois millions de doses de vaccins ont été administrées à ce jour, "si bien que dans notre pays, un adulte sur quatre a reçu sa première dose de vaccin", a annoncé l'experte. Elle a fait le point sur les livraisons de vaccins, soulignant que le nombre de doses arrivées en Belgique augmentait rapidement: "La semaine dernière, environ 270.000 ont été livrées chez nous. Cette semaine, ce seront 400.000 doses et la semaine prochaine, ce nombre doublera encore pour atteindre plus de 800.000 vaccins livrés dans le pays".

Cette semaine sera aussi marquée par la décision concernant le vaccin unidose Johnson & Johnson, pas encore administré en Belgique. Notre pays dispose de 36.000 doses au congélateur, mais attend d'avoir l'avis de l'Agence européenne du médicament pour les utiliser. Sabine Stordeur a souligné également de bonnes nouvelles du côté de Pfizer, qui a annoncé que 1,3 million de doses supplémentaires seront livrées en Belgique, plus rapidement que prévu.

"En outre, la liste QVAX ne cesse de s'allonger, ce qui montre une forte volonté de la part des citoyens, de se faire vacciner", s'est ensuite réjouie la membre de la task force. Selon les chiffres de Sciensano, 600.000 personnes sont actuellement inscrites sur cette liste de réserve. Au total, ce sont 71 centres de vaccination - un peu plus de la moitié de ceux ouverts - en Flandre, Wallonie et Communauté germanophone qui ont déjà adopté QVAX (Bruxelles utilisant sa propre plateforme, Bruvax). Au total, 16.000 personnes ont déjà reçu leur vaccin de manière anticipée grâce à ce système de réserve. Si cette nouvelle est positive, Sabine Stordeur a tout de même rappelé aux personnes vaccinées de rester prudentes, car elles peuvent malgré tout toujours transmettre le virus à leur entourage non vacciné. "Veillez à porter un masque buccal, et continuez à respecter les règles sanitaires".

Et quid des variants ?

"Il va continuer à naître des variants, qui causeront peut-être des problèmes, comme le variant britannique", a aussi rappelé Yves Van Laethem, interrogé sur l'impact des voyages sur ces nouvelles mutations du coronavirus. Pour lui, il est nécessaire de surveiller les déplacements et d'appliquer une réglementation cohérente au niveau européen pour gérer ce risque. Il a insisté sur le respect de la quarantaine des personnes revenant de zones à risque. "Il faut aussi bien veiller à analyser les éventuelles nouvelles souches du virus, pour voir si elles sont 'banales' ou à risque potentiel", a-t-il expliqué.

Selon lui, la souche anglaise pourrait devenir de moins en moins présente au fur et à mesure que la couverture vaccinale s'étend. Mais elle laisserait donc la place aux autres variants. "On sait que les anticorps de la vaccination sont efficaces, mais un peu contre certaines mutations du virus. Et il se peut donc qu'on soit encore, même vacciné, porteur de la souche du virus". Mais la vaccination permet aussi le développement de cellules T, qui sont plus efficaces que les anticorps du vaccin contre les variants du Covid.

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