Après 20 ans de lutte, une lueur d’espoir pour le village fantôme de Doel
Une poignée d’irréductibles se battent pour sauvegarder le village des polders et son environnement exceptionnel.
- Publié le 10-04-2021 à 10h59
La question aujourd’hui n’est plus de savoir si le village sera ou non rayé de la carte comme le furent, dans les années soixante sur la rive droite de l’Escaut, les villages Oosterweel, Oorderen et Wilmarsdonk. La priorité était alors d’agrandir le port d’Anvers, éternel rival de Rotterdam. Selon Jan Creve de l’association Doel 2020, le village qui possède le plus vieux moulin du pays, non seulement survivra mais pourrait même renaître de ses cendres.
Depuis 1998, les habitants se battent pour conserver leur village au nord d’Anvers, blotti contre la frontière néerlandaise. Ils voient une lueur d’espoir. Le projet d’aménager un nouveau quai à conteneurs à côté du village semble compromis. La communauté portuaire a dû restreindre ses ambitions sur la rive gauche.
La question vient d’ailleurs d’être remise sur la table par le ministre Matthias Diependaele (N-VA) en charge du Patrimoine en Flandre. Le ministre a commandé une nouvelle étude, attendue pour cet été. Parviendra-t-il à sceller le sort du petit village sur les bords de l’Escaut ?
Pour y voir plus clair, La Libre a contacté Jan Creve de l’association Doel 2020. L’homme lutte depuis vingt ans contre l’expansion du port. "Il faudra juger sur pièces", lance-t-il. Jan Creve estime qu’il est possible de concilier les intérêts des villageois et ceux du port d’Anvers.
Un village fantôme
"Doel, village habité. Respectez les habitants ! Il est interdit d’entrer et d’endommager les maisons ", prévient un panneau à l’entrée du village. Si Doel comptait un millier d’habitants il y a vingt ans, il n’en reste aujourd’hui qu’une trentaine. Des années de discussions politiques ont progressivement mené à la fermeture des écoles, de sa petite église Notre-Dame de L’Assomption, des commerces et de quasiment toute activité économique, forçant les habitants à quitter le village. L’ambiance fantomatique qui s’y fait ressentir continue cependant d’attiser la curiosité d’artistes, de photographes, ou de touristes.
Jan Creve reconnaît que la morosité ambiante et le Covid attirent de nombreux curieux dans le village. Le dépaysement est assuré. Les grandes cuves de la centrale nucléaire dominant le paysage, sont des repères dans la région. Dans le village, le piéton aperçoit les gigantesques porte-conteneurs glissant lentement sur l’Escaut. Rues désertes, murs tagués, fenêtres murées et maisons vandalisées.