Klimt, l’homme au Baiser doré: une expo immersive à Bruxelles
La peinture extravagante de détails de l’artiste viennois Klimt est au cœur d’une expo immersive à Bruxelles.
- Publié le 10-04-2021 à 09h57
- Mis à jour le 10-04-2021 à 09h58
Nous en avions déjà fait l’expérience avec Van Gogh, puis avec Monet. C’est désormais l’œuvre de l’artiste de la Sécession viennoise, Gustav Klimt (1862-1918) qui est l’objet d’une expérience immersive dans les murs de la bruxelloise galerie Horta. Et, à chaque nouvelle expo, une réflexion supplémentaire sur le contenu à apporter aux visiteurs qui découvrent un artiste - car l’expo est dirigée d’abord vers les enfants et les familles.
Cette fois-ci, il est possible de faire l’expérience immersive en compagnie d’un guide qui permettra de cerner l’approche artistique de Klimt avant de pénétrer virtuellement dans son œuvre.
Tout Klimt sous vos yeux
Parce que son travail est exposé dans les musées autour du monde (au Metropolitan Museum of Art, à New York, au Belvédère à Vienne, à Venise), l’expérience bruxelloise permet de traverser son œuvre de manière exhaustive en voyant évoluer sa recherche d’artiste.
Peintre symboliste, contemporain des impressionnistes, Klimt se réserve le droit de ne pas céder à la mode de son époque, bien qu’il travaille pour des commanditaires qui lui demandent des œuvres aux tournures académiques. Si Klimt maîtrise les méthodes de son temps, s’il excelle dans l’art du portrait qui flatte ses mécènes potentiels, il cherche à dépasser l’art tel qu’il existe selon lui, et propose une vision personnelle radicale, nourrie du symbolisme - mais pas que. Certains de ses travaux nous ramènent au symboliste belge Fernand Khnopff, mais sa signature est unique dans cet apport de l’or comme teinte en tant que telle. On ne s’étonne pas d’apprendre que son père était orfèvre.
Voir ce qui est inaccessible à l’œil
Cerveau et comparse du mouvement qu’on nomme alors la Sécession viennoise et qui prend naissance dans les dernières années du XIXe siècle, figure de ce mouvement d’art total - incluant les arts décoratifs, l’architecture, la peinture comme faisant partie d’un tout - et qui cherche par-dessus tout le renouveau de l’expression artistique, Klimt marque les esprits par une peinture qui étincelle.
Son œuvre, habitée de personnages féminins et de symboles spirituels, est décomposée par la technique immersive. Mais là où la technologie gagne en intérêt, c’est lorsqu’elle permet d’aller à la découverte des détails de la peinture de Klimt pas toujours accessibles à l’œil du commun. On aura pu découvrir ainsi les détails de sa Frise Beethoven, exposée dans les hauteurs du palais de la Sécession Viennoise…
>>> "Gustav Klimt, The Immersive Experience", à la Galerie Horta - Rue du Marché Aux Herbes 116, Bruxelles. Jusqu’au 5 septembre, tous les jours sauf mardi. Le week-end de 9 h à 19 h. Entrée : 16,50 €/adulte, 11,50 € pour les enfants. Comptez 2 € pour l’expérience immersive. Infos et rés. : https://www.expo-klimt.be/
Klimt et Bruxelles
Une présence en Plat Pays. On a sans doute un peu tendance à l’oublier, car il n’est pas possible au grand public de le voir en vrai, mais le palais Stoclet, situé le long de l’avenue de Tervueren, à Woluwe-Saint-Pierre, chef-d’œuvre d’un Art déco précoce et visionnaire et construit entre 1905 et 1911 par Josef Hoffmann, recèle plusieurs œuvres d’art signées de Gustav Klimt lui-même. À l’époque, Hoffmann - à qui le financier belge Adolphe Stoclet a donné carte blanche pour la réalisation - est membre éminent de la Sécession viennoise, et fait naturellement appel à Klimt pour poser sa touche dans la décoration des murs intérieurs de la demeure.
L’idée ? Produire une œuvre d’art totale, où se répondent l’architecture et les arts décoratifs. Klimt réalise les esquisses des mosaïques de la salle à manger. On y découvre notamment la mosaïque dite du Chevalier ou L’Attente, faite de marbres et pierres semi-précieuses. Des œuvres qui auront marqué les esprits comme le rappelait Guy Duplat en 2012, dans un article célébrant le 150e anniversaire de la naissance de Klimt. "Le 22 septembre 1912, des architectes belges peuvent pour la première fois pénétrer dans le palais Stoclet et le décrivirent ainsi : ‘Je crois être sur la planète Mars.’ ’C’est de l’art évidemment, mais un art intellectuel.’ Ou encore : ‘C’est d’une magnificence un peu austère. C’est froid et prenant’." L’œuvre de Klimt à Stoclet suscite d’autant plus notre curiosité, ici ravivée.