Le carnaval d’Alost fracasse la N-VA
Taxé d’antisémite, le carnaval est retiré du patrimoine de l’Unesco. La décision du bourgmestre divise.
- Publié le 30-12-2019 à 06h35
Taxé d’antisémite, le carnaval est retiré du patrimoine de l’Unesco. La décision du bourgmestre divise.
Les Américains et les Israéliens ont découvert, somewhere in Belgium, la paisible ville d’Alost, désormais célèbre pour son carnaval. C’est le Time Magazine qui leur a mis la puce à l’oreille en expliquant sur son site que le bourgmestre de la commune, Christoph D’Haese, avait retiré, du patrimoine immatériel de l’Unesco, le carnaval, sous le feu de la critique après avoir mis en scène un char transportant de grandes caricatures de juifs orthodoxes assis sur de grands sacs d’argent. Très vite, ABC News, The Washington Post et The Jerusalem Post ont emboîté le pas.
Le maïeur N-VA, un avocat ne cachant pas son côté bourguignon, n’a pas voulu attendre la décision de l’Unesco prévu pour 12 décembre qui devait trancher la question et qui, pressentait-il déjà, allait être défavorable au carnaval.
Bart De Wever médiateur
La polémique avait surgi en mars lorsque le bourgmestre d’Alost avait défendu le char incriminé, qu’il qualifiait simplement de "folklorique" et donc aucunement antisémite. Cette représentation avait cependant été condamnée par le secrétariat de l’Unesco qui rappelait que "ces actes, intentionnels ou non, sont contraires aux exigences de respect mutuel entre communautés , groupes et in dividus".
Le parti nationaliste flamand se serait bien passé de cette ténébreuse affaire qui ternit le blason nationaliste en renvoyant une image exécrable de la Flandre et… de la Belgique. On le sait, Bart De Wever tend la main régulièrement à la communauté juive anversoise. La N-VA y compte d’ailleurs deux élus : André Gantman dont le grand-père a péri à Auschwitz et Michael Freilich. Dans la newsletter joodsactueel.be, la mère de Freilich écrit que "Christophe (sic) D’Haese se conduit comme un enfant". Bart De Wever aurait tenté de rapprocher les points de vue mais se serait heurté à l’obstination de l’Alostois.
Campant sur ses positions, le bourgmestre D’Haese martèle que sa ville n’est pas raciste mais qu’il est plus difficile de faire preuve d’empathie pour les souffrances endurées il y a longtemps. "Les carnavalistes pratiquent l’autocensure. À chacun de connaître ses limites. On se garderait bien de mettre en scène chez nous les Tueurs fous du Brabant, ces plaies ne sont pas refermées."
Selon De Standaard, le bourgmestre n’est cependant pas insensible au contexte historique de l’Holocauste. Il s’engage à sensibiliser les carnavalistes de sa ville - qui compte 130 000 habitants - au respect du souvenir des souffrances passées.
Sceptique, Hans Knoop, porte-parole du Forum des Organisations Juives, invite les carnavalistes à visiter la caserne Dossin. Il craint surtout que les boutiquiers continuent d’écouler leurs stocks de nez crochus et de papillotes à Alost.