Pourquoi Macron a fait venir l'Iran à Biarritz en marge du G7
Ce fut la surprise de ce dimanche pyrénéen : en début d’après-midi, un avion aux couleurs de la République islamique d’Iran atterrissait à l’aéroport de Biarritz. À son bord, le ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif. Le chef de la diplomatie de Téhéran a rencontré longuement son homologue français, Jean-Yves Le Drian.
- Publié le 25-08-2019 à 21h18
- Mis à jour le 26-08-2019 à 15h45
Ce fut la surprise de ce dimanche pyrénéen : en début d’après-midi, un avion aux couleurs de la République islamique d’Iran atterrissait à l’aéroport de Biarritz. À son bord, le ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif. Le chef de la diplomatie de Téhéran a rencontré longuement son homologue français, Jean-Yves Le Drian, avant de s’entretenir, pendant une demi-heure, avec le président français en personne. L’Élysée précise que des conseillers diplomatiques allemands et britanniques ont été associés à une partie de la réunion et d’ajouter que les discussions ont "été positives" et "vont se poursuivre". Le chef de la diplomatie iranienne a ensuite quitté Biarritz.
Une initiative qui revient à la présidence française, et non au G7, a précisé l’Élysée. Objectif : tenter de progresser sur le dossier du nucléaire iranien, largement bloqué du fait de l’opposition entre Washington et Téhéran. En mai 2018, Donald Trump était sorti de l’accord de Vienne, et avait rétabli des sanctions extrêmement dures à l’égard du régime iranien. En représailles, ce dernier n’applique désormais qu’une partie des engagements qu’il a pris en 2015.
Tout l’objectif de la présidence française, dans le cadre de ce G7, est de parvenir à faire se rapprocher les deux parties. Le plan du président Macron serait une levée partielle de l’embargo américain sur le pétrole iranien, en échange d’un engagement ferme de Téhéran de se conformer à l’accord de Vienne. Reste à savoir si la manière employée à Biarritz est la bonne. Selon la présidence française, les Américains auraient été mis au courant de la venue du ministre iranien sur la côte basque.
Éviter de braquer Trump
Le risque est en effet de braquer un Donald Trump qui a toujours voulu faire preuve d’intransigeance sur ce dossier. Déjà, ce week-end, le dossier iranien a entraîné de la friture sur la ligne entre Français et Américains. Dans la soirée de samedi, Paris annonçait que les dirigeants avaient confié une mission de médiation à Emmanuel Macron, qui évoque régulièrement le sujet avec son homologue iranien. Les dirigeants du G7 auraient convenu de "charger le président français Emmanuel Macron de discuter avec l’Iran, sur la base de leurs échanges, et de lui adresser un message", expliquait-on côté français. Mais, dans la foulée, Donald Trump a démenti devant la presse avoir "discuté de ça". Et ajouté que le G7 n’avait pas de mandat en la matière. Le président français a du coup été contraint dans la journée de rétropédaler, reconnaissant que "le G7 est un club informel, on ne donne pas de mandat formel à l’un ou à l’autre".
La venue surprise du chef de la diplomatie iranienne illustre l’importance accordée par Emmanuel Macron à ce dossier. Aux yeux de l’hôte de l’Élysée, contribuer à régler ce contentieux serait une victoire symbolique du poids retrouvé de Paris sur la scène internationale. Reste que l’insistance de Macron peut aussi agacer outre-Atlantique. Déjà, début août, le président américain avait lancé, sur ce thème, un tweet cinglant à l’attention de son homologue de l’Élysée. "Je sais qu’Emmanuel veut bien faire, comme tous les autres, mais personne ne parle pour les États-Unis à part les États-Unis eux-mêmes", avait prévenu Trump, sur fond de tension exacerbée entre Washington et Téhéran. La réaction de "Donald" au coup de poker français sera donc très attendue. Elle donnera sans doute sa coloration - échec ou succès - à ce G7.