Menace à l'anthrax sur Bruxelles
- Publié le 14-10-2001 à 04h30
De l'Anthrax? Le quartier Louise a été mis en quarantaine. Et les policiers obligés de mettre un masque et des gants
BRUXELLES `Toutes les personnes qui sont sur place, qui sont entrées, sont priées de ne pas quitter l'immeuble. Elles doivent rester dans le hall de l'immeuble en attendant d'être emmenées à l'hôpital St-Pierre´. Nul doute possible. La menace a été prise au sérieux! La psychose de l'Anthrax, la maladie du charbon a atteint la Belgique. En particulier, un immeuble à appartements de 18 étages situé 40 boulevard de la Cambre, à Ixelles.
Hier, peu après 13 h, un habitant de l'immeuble, un médecin, avait eu son attention attirée par une enveloppe blanche posée sur les boîtes aux lettres. Curieux, il l'a ouverte.
Il n'aurait pas dû!
Elle contenait une fine poudre blanche. Comprenant immédiatement ce qu'il avait peut-être trouvé, l'habitant a téléphoné à la police. Un plaisantin. Une mauvaise blague. Du sucre en poudre, du talc, de la drogue ou de l'Anthrax? Impossible de courir le moindre risque. La police a décidé d'interdire l'accès à l'immeuble. Toutes les personnes qui étaient passées, que ce soit pour sortir ou entrer dans l'immeuble, ont été priées de ne plus bouger.
Quatre policiers ont été logés à cette même enseigne: deux agents de la police de Bruxelles, deux policiers fédéraux. Habitants et policiers, ont été contraints d'attendre dans le hall d'entrée. Attendre quoi. Ou qui? La réponse est effrayante mais compréhensible vu le contexte actuel: qu'on vienne les chercher afin de les emmener immédiatement à l'hôpital St-Pierre ou d'être vu par un médecin. Mission primordiale: recevoir les premiers soins. C'est-à-dire des antibiotiques.
Quant aux autres policiers venus en renfort, postés devant l'immeuble, ils n'ont pas eu le choix: le port du masque et des gants a été obligatoire. Pour l'anecdote, notre photographe, envoyé immédiatement sur place, a lui aussi été soumis aux consignes de sécurité. Il a dû à son tour enfiler le masque anti tuberculose et les gants.
En attendant de découvrir la nature de cette poudre tout autant suspecte que terrifiante, les interrogations se sont multipliées. Que faire? Est-ce qu'après les nombreuses fausses alertes à la bombe, va-t-il y avoir des alertes à l'enveloppe.
Au fil des minutes, tout ce qui a été possible de faire l'a été: après que les habitants de l'immeuble aient été interdits de sortir, il en a été de même pour les piétons, les automobilistes et même les trams.
Un expert en explosif, le parquet de Bruxelles, la cellule antiterrorisme, Magda Alvoet, la Ministre de la Santé, les pompiers, la protection civile ont été avisés. Alors que toute la circulation était paralysée et tout le monde mobilisé plus de deux heures après l'alerte, le laboratoire, injoignable, est enfin arrivé sur les lieux vers 16 h 30.
La poudre a aussitôt été emmenée à l'hôpital Saint-Pierre pour analyse.
Six enveloppes dans Bruxelles
Dans l'attente de la réponse, les policiers étaient loin d'avoir au bout de leur peine. En effet, une autre alerte a été donnée. Cette fois, les faits se produisaient rue du Châtelain, toujours à Ixelles. En réalité, dans le courant de la nuit de la poudre blanche avait été trouvée dans une des maisons. Une équipe spécialisée devait venir la récupérer, à la demande du parquet, dans le courant de la journée. Ce fut chose faite.
Au total, six enveloppes suspectes ont été trouvées en Belgique. Un chiffre inquiétant qui peut toutefois être nuancé: aucune d'entre elles ne contenait de substance dangereuse. Il semble bien que la Belgique, tout comme d'autres pays européens, n'ait pas échappé à l'idiotie de certaine personne trouvant sans doute hilarant de voir se déplacer tant de policiers La panique des gens est-elle si comique?
Le monde entier retient son souffle
Nouveaux cas enregistrés aux Etats-Unis
NEW YORK La peur d’une attaque bactériologique a précipité aux urgences nombre de New-Yorkais, après l’annonce de la découverte d’un quatrième cas d’infection à l’anthrax, cutanée cette fois, décelé chez une employée de la chaîne de télévision NBC. Dans la ville, comme dans le reste des Etats-Unis, l’angoisse gagne une population déjà éprouvée par les attentats du 11 septembre.
Les services postaux ont appelé à la vigilance, une lettre ayant pu transmettre l’anthrax, tandis que les grands médias américains ont pris des mesures de précaution craignant d’être visés à leur tour. Et le capitaine du porte-avions américain USS Enterprise, qui participe en mer d’Arabie aux frappes sur l’Afghanistan, a demandé à ses hommes de faire `extrêmement attention´ au courrier qu’ils reçoivent à bord.
Rendue publique vendredi, l’annonce de l’infection qui a frappé l’assistante d’un présentateur des journaux de NBC, dont les locaux se trouvent au cœur de Manhattan, ne doit pourtant pas susciter d’inquiétude, ont assuré les autorités, qui parlent d’un cas isolé.
Alors que le FBI a ouvert une enquête criminelle, rien ne permettrait pour l’heure, de lier ce cas au terrorisme ou aux trois cas, dont un mortel, découverts dans l’immeuble American Media de Boca Raton, là encore dans les locaux d’un organe de presse. Cinq autre personnes travaillant pour American Media étaient également reconnues positives hier soir.
A New York, la salle des urgences de l’hôpital Saint-Vincent s’est remplie de patients, enrhumés ou atteints de maux de gorge, qui voulaient s’assurer qu’il ne s’agissait pas en fait des symptômes de l’anthrax ou recevoir les antibiotiques nécessaires, selon le porte-parole de l’hôpital, William McCann. `Les New-Yorkais sont nerveux en ce moment vis-à-vis du terrorisme, et pour une bonne raison. Je crois que les gens ont entendu le mot anthrax et la panique a suivi, mais il n’y a pas de raison de paniquer´.
Dans tout le pays, les alertes se sont multipliées. Dans le Nevada, une lettre envoyée de Malaisie aux bureaux de Microsoft à Reno présentait des traces de bactérie du charbon, sans qu’il y ait pour le moment de personne contaminée.
Le maire de New York, Rudolph Giuliani, a rapporté que cinq ou six cas de lettres suspectes ou poudres étranges avaient été signalées aux autorités, sans qu’aucun n’apparaisse `très préoccupant´.
L’origine de la contamination de l’employée de NBC n’est pas encore connue. Erin O’Connor, 38 ans, a observé une lésion cutanée de couleur sombre trois jours après avoir ouvert une lettre contenant de la poudre adressée le 25 septembre au présentateur Tom Brokaw. Le 1er octobre, la jeune femme a commencé un traitement à l’antibiotique et l’analyse des prélèvements effectués sur la lésion ont confirmé vendredi le cas d’anthrax.
La lettre suspecte portait le même cachet de la poste, Saint-Petersbourg en Floride, et la même écriture, qu’une autre lettre de menaces, contenant elle aussi de la poudre blanche, reçue vendredi par la journaliste du New York Times, Judith Miller, coauteur d’un récent best-seller sur le bioterrorisme, selon le chef du bureau new-yorkais du FBI Barry Mawn.
Guerre contre le terrorisme: les faits
Sur le front financier
La mobilisation s'internationalise pour couper les vives aux organisations terroristes
De nouvelles déclarations qui ne sont pas faites pour apaiser les craintes des citoyens américains qui voient chaque jour la liste des suspects potentiels s'allonger, tandis que la menace d'une guerre bactériologique semble se préciser de plus en plus. Face à un ennemi aux dix mille visages, comment réagir et comment éviter que leurs agissements ne portent une nouvelle atteinte à la vie d'innocentes victimes? Une question jusqu'ici sans réponse.
Un samedi après-midi tendu
, tout rentrait dans l'ordre Mais le mystère restait entier!