Les Américains pourront-ils prendre leur retraite?

Les Américains pourront-ils prendre leur retraite?
©EPA

Leur épargne est partie en fumée

WASHINGTON Beaucoup d'Américains ont vu fondre en bourse leurs placements pour la retraite ces derniers mois et se demandent jusqu'à quel âge ils devront travailler.
Bien que l'histoire les convainque d'une remontée à terme de Wall Street, la fonte de leur épargne suscite des réactions angoissées. De l'employé qui s'exclame `je devrais bosser jusqu'à 100 ans´ à la grand-mère, qui ayant boursicoté sur les valeurs internet, reconnaît qu'elle ne pourra plus payer les études universitaires, très chères aux Etats-Unis, de ses cinq petits enfants.

Selon un sondage USA Today/CNN/Gallup, publié la semaine dernière, 46% des personnes interrogées estiment qu'elles devront repousser leur départ à la retraite parce qu'elles n'auront pas de quoi vivre.

Et bourse ou pas bourse, plus d'un tiers des adultes reconnaissaient ne pas avoir épargné du tout pour leur retraite, selon ce sondage.

Le système américain repose sur un trépied: retraite universelle publique, régimes privés et capitalisation par épargne individuelle.

La retraite par répartition étatique, la `Social Security´, qui verse des pensions (en fonction des cotisations passées) à partir de 65 ans, est notoirement insuffisante.

Cette `sécurité sociale´ - qui n'a rien à voir avec l'assurance maladie et dont le numéro personnel est incidemment la seule preuve qu'on existe aux yeux de la bureaucratie américaine - reversait en 1990 plus de 43% du revenu actif, un pourcentage qui devrait baisser à 37% en 2030, alors que, selon les experts, un retraité a besoin pour vivre des trois-quarts de son revenu antérieur.

De plus ce régime public est menacé à l'avenir. Au train actuel des choses, ses excédents cumulés devraient être épuisés en 2041, dix ans après ceux de l'assurance médicale des retraités, selon un rapport officiel de mars.

D'où la ruée, chez les Américains moins habitués que les Européens aux prélèvements obligatoires, vers les placements en actions si profitables pendant la décennie 90, et vers les régimes complémentaires volontaires.

Ces derniers temps les médias américains mutiplient les conseils, invitant les préretraités à investir ce qui reste de ce type de placements à risques en obligations, à négocier des prêts hypothécaires ou à revendre leur maison pour aller vivre dans les Etats les moins chers.

Certes de l'avis général, historiquement la bourse monte sur le moyen-terme. `J'ai tout perdu. Je ne toucherai que 700 dollars par mois de la Sécurité sociale et je devrai travailler jusqu'à 80 ans´, déclare Michelle, une employée de 57 ans qui veut garder l'anonymat.

Il est vrai qu'aux Etats-Unis, où le taux de chômage est relativement bas, travailler à plein ou à temps partiel au delà de 65 ans - ou bien s'occuper dans les multiples activités bénévoles (églises, musées, etc), est bien dans les moeurs.

`Pourrez-vous un jour prendre votre retraite?´, demande le magazine Time dans son dernier numéro consacré à la crise boursière et aux scandales patronaux, qui ont par exemple effacé d'un coup les pensions des employés de Enron.

En guise de consolation, l'hedomadaire note que `dans toute l'histoire humaine, les gens ont toujours travaillé durant le dernier tiers de leur vie, sauf depuis ces dernières décennies´.

© La Dernière Heure 2002

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