Saddam ne convainc pas Bush & Cie

H. Le.
Saddam ne convainc pas Bush & Cie
©EPA

L'invitation irakienne à l'Onu diversement appréciée

BAGDAD Bagdad a invité le chef des inspecteurs Hans Blix à des discussions sans précédent sur une reprise des missions de vérification des armements irakiens.
L'invitation, après trois sessions infructueuses de dialogue avec l'Onu sur le désarmement entre mars et juillet, a été adressée par le chef de la diplomatie Naji Sabri au secrétaire général de l'Onu, Kofi Annan.

Qualifiant ce geste d' `initiative intelligente´, un membre du parti Baas au pouvoir a affirmé samedi que l'Irak entendait ainsi déjouer les plans américains pour renverser le régime de Saddam Hussein, accusé de développer des armes de destruction massive.

`L'initiative est destinée à enlever aux Etats-Unis le prétexte invoqué, celui du refus de Bagdad d'un retour des inspecteurs, pour frapper l'Irak´, a déclaré ce responsable sous couvert d'anonymat.

Selon lui, l'invitation `intervient au bon moment et reflète un grand sens de responsabilité (de la part de Bagdad) qui veut éviter au peuple irakien et à la région le risque d'une nouvelle agression américaine´.

`L'Irak n'a pas fermé la porte du dialogue avec l'Onu, qui n'a pas abouti à des résultats jusqu'à présent en raison de la flagrante ingérence américaine´, a pour sa part déclaré le député Salem al-Qobeissi, chef de la Commission des relations arabes et internationales au Parlement.

Il a appelé l'Onu à accueillir l'initiative de Bagdad `avec le même esprit positif affiché par l'Irak´, et espérer voir M. Blix `accepter l'invitation´.

Qualifiant l'invitation de `pas important´, un diplomate occidental en poste à Bagdad a relevé que la lettre de M. Sabri `ne comporte pas de conditions ou des positions intransigeantes´.

`Elle reflète une certaine flexibilité et répond aux appels de plusieurs pays amis de l'Irak´, a affirmé le diplomate, notant que le vice-ministre russe des Affaires étrangères Alexandre Saltanov et le président de la direction des relations extérieures du parti communiste chinois Guo Bing Dai ont récemment visité Bagdad.

Le no américain

Le secrétaire d'Etat américain Colin Powell a rejeté samedi l'initiative de l'Irak. `Les Irakiens ont constamment cherché à contourner leurs engagements vis-à-vis des inspections´, a-t-il déclaré à Manille. `Ils savent ce que l'on attend d'eux et de nouvelles discussions d'ordre général ne sont pas nécessaires´, a-t-il affirmé, ajoutant que Washington `continue de croire qu'un changement de régime sera encore la meilleure solution pour le peuple irakien´.

Le sous-secrétaire d'Etat américain John Bolton a pour sa part affirmé qu'un éventuel retour des inspecteurs en Irak ne modifierait pas la politique américaine visant à obtenir un `changement de régime à Bagdad´.

L'Onu a réagi avec scepticisme. Sans préciser la suite qu'il entendait donner à l'invitation irakienne, M. Annan a estimé qu'elle `s'écarte des procédures mises en place par le Conseil de sécurité´.

L'annonce de l'Irak a coïncidé avec le 12e anniversaire de son invasion du Koweit, qui avait conduit l'Onu à lui imposer un embargo multiforme et une interdiction de posséder des armes de destruction massive. P. L.

© La Dernière Heure 2002


Les Américains isolés
Russes, Allemands et Français apprécient le geste irakien


MOSCOU Dans un entretien publié samedi, un haut diplomate russe qualifie `d'avancée´ la proposition irakienne de reprendre les négociations avec l'Onu sur l'inspection de ses armements, et conseille à la communauté internationale de saisir cette occasion pour régler le problème de façon diplomatique.

Pour le vice-ministre des Affaires étrangères russe Alexandre Saltanov, qui s'est rendu le mois dernier en Irak dans le cadre d'une tournée dans la région, le geste de Bagdad est à prendre au sérieux.

`Selon nos informations, les propositions irakiennes ne sont liées à aucune condition, en tout cas à aucune condition inacceptable dans le cadre d'un règlement à long terme´, a-t-il déclaré avant de poursuivre: `Notre position est qu'étant donné qu'il y a eu une véritable avancée, nous devrions vraiment en profiter.´ La Russie, qui souhaite signer des contrats pétroliers avec l'Irak afin d'éponger une dette de plusieurs milliards de dollars contractée pendant l'ère soviétique, réclame à la fois la levée des sanctions contre Bagdad et le retour en Irak des inspecteurs en armement de l'Onu.Moscou n'est pas la seule capitale à applaudir le geste irakien. En effet, Paris et Berlin ont, notamment, tenu à saluer la proposition irakienne.

Gerhard Schroeder a ainsi appelé à la retenue, tandis que son ministre des Affaires étrangères Joschka Fischer a été encore plus dur avec les intentions avouées du président américain George W. Bush de recourir à la force pour renverser Saddam Hussein. `Où est cette menace dont on nous parle?´, a-t-il lancé sur les ondes de la chaîne de télévision ZDF, dans une interview qui doit être diffusée ce dimanche.

L'Iran et l'Arabie saoudite ont appelé, de leur côté, `à un règlement de la crise par des voies politiques et pacifiques´.

Vous êtes hors-ligne
Connexion rétablie...