Gibraltar a encore tué
Treize cadavres d'immigrants clandestins, victimes probables d'un naufrage, ont été retrouvés jeudi matin sur la côte andalouse près de Tarifa, en face du Maroc, l'un des lieux de passage de l'immigration clandestine en provenance d'Afrique.
- Publié le 31-07-2002 à 00h00
Treize cadavres d'immigrants clandestins, victimes probables d'un naufrage, ont été retrouvés jeudi matin sur la côte andalouse près de Tarifa, en face du Maroc, l'un des lieux de passage de l'immigration clandestine en provenance d'Afrique.
Le ministre espagnol de l'Intérieur, Angel Acebes, a déclaré à Madrid lors d'une conférence de presse commune avec son homologue français Nicolas Sarkozy sur le thème de l'immigration qu'il déplorait ce drame.
"Les responsables de ces morts sont seulement et exclusivement les réseaux mafieux organisés qui utilisent des vies humaines pour faire des bénéfices", a-t-il affirmé.
Des embarcations de la garde civile et de la Croix rouge continuent d'inspecter la zone où les treize corps ont été trouvés, mais aucune embarcation et aucun signe de naufrage n'ont été repérés pour le moment.
Des plongeurs de l'armée basés à Ceuta (enclave espagnole sur la côte marocaine) devaient également ratisser la zone au cas où il y aurait d'autres victimes.
Les corps des immigrants ont été repérés vers 10h00 locales (8h00 GMT) lors d'une patrouille régulière de la garde civile sur la côte de Barranco Hondo, près de Tarifa.
Il faut remonter à février dernier pour retrouver un drame similaire quand dix personnes, dont une femme et un mineur, avaient péri lors d'un naufrage dans le détroit de Gibraltar.
Le détroit, large de 14 km à Tarifa entre le sud de l'Espagne et le nord du Maroc, est un carrefour traditionnel de l'immigration clandestine en provenance d'Afrique du nord, et de plus en plus, en provenance d'Afrique sub-saharienne.
L'immigration clandestine tend ainsi à s'accroître au printemps et en été lorsque les conditions météo sont plus favorables à la navigation de petites embarcations de fortune, sans mesures de sécurité.
Ce nouveau drame porte à 31 morts le nombre d'immigrants clandestins décédés dans des trajets entre l'Afrique et la péninsule ibérique ou les côtes de l'archipel atlantique des Canaries, selon une décompte de l'Association des travailleurs immigrants marocains d'Espagne (ATIME).
Dans le même temps, 14 personnes ont été portées disparues, dont un bébé tombé à la mer alors que ses parents, interceptés le 24 juillet, tentaient de gagner Tarifa. Les deux passeurs marocains, propriétaires de l'embarcation, ont été mis en examen pour homicide involontaire par imprudence et ont été écroués.
Les arrivées de clandestins sur les côtes espagnoles avaient diminué, de source policière, lors de la crise diplomatique qui a opposé le Maroc et l'Espagne sur l'îlot contesté de Perejil/Leila.
Depuis, quatre-vingt dix huit personnes d'origine maghrébine, dont 13 mineurs et trois femmes enceintes, ont été interceptées mercredi à proximité des côtes de Tarifa et de l'archipel des Canaries tandis que plus de cent autres immigrants d'origine sub-saharienne avaient été arrêtées la semaine dernière dans des circonstances similaires.
Le drame de jeudi est intervenu alors que le ministre français de l'Intérieur Nicolas Sarkozy est venu à Madrid pour s'entretenir notamment sur le thème de l'immigration avec le chef du gouvernement espagnol José Maria Aznar et avec son homologue Angel Acebes.