Gitans mal logés
Malgré les promesses de responsables politiques, principalement en Belgique francophone, la situation des gens du voyage (Tziganes, Gitans, Roms, Manouches, Sintis, etc.) n'a guère évolué depuis des années. Et pourtant, chaque année, ils sont 12 à 15000 à traverser la Belgique. En été, c'est la période de la grande transhumance au cours de laquelle des centaines de gens du voyage sillonnent les communes à la recherche de terrains de transit pour stationner durant quelques jours.
- Publié le 30-07-2002 à 00h00
Malgré les promesses de responsables politiques, principalement en Belgique francophone, la situation des gens du voyage (Tziganes, Gitans, Roms, Manouches, Sintis, etc.) n'a guère évolué depuis des années. Et pourtant, chaque année, ils sont 12 à 15000 à traverser la Belgique. En été, c'est la période de la grande transhumance au cours de laquelle des centaines de gens du voyage sillonnent les communes à la recherche de terrains de transit pour stationner durant quelques jours. `Nous ne souhaitons pas nous installer sur un terrain dans l'illégalité, mais souvent, partout où nous allons en Belgique francophone, c'est un refus. Aucun responsable politique ne s'occupe de notre sort´, constate Manuel Charpentier, secrétaire du Comité national des gens du voyage.
En Wallonie, le problème de terrains de passage est crucial et les obstacles ne manquent pas. Le sujet n'est pas politiquement porteur et les préjugés ont la vie dure. Refusant une politique réglementaire qui, comme en France, oblige les communes de plus de 5000 habitants à mettre un terrain aménagé à la disposition des gens du voyage, le ministre wallon Thierry Detienne (Affaires sociales, Ecolo) préfère une politique volontariste de la part des communes.
Un budget de 123947 € a été débloqué pour venir en aide aux communes qui veulent équiper des terrains de passage pour les gens du voyage. `Une vingtaine de communes ont demandé des renseignements, mais la chose la plus difficile est la recherche de terrains. Il faut aussi un courage politique et travailler sur les mentalités´, note Ahmed Ahkim, coordinateur du centre de médiation des gens du voyage en Région wallonne.
Terrain officiel à Verviers
Certaines villes wallonnes comme Mons, Hotton, Verviers, Floreffe, Bastogne, Sprimont, Liège, Hannut et Namur tolèrent les Gitans sur leurs territoires. Parmi elles, Bastogne, Namur, Mons et Verviers ont déjà élaboré des dossiers pour bénéficier du subside régional et équiper un terrain officiel à l'attention des gens du voyage. Namur doit chercher un nouveau terrain, car l'administration a refusé le permis pour le site choisi à Vedrin. `Nous avons pointé trois terrains dont un situé à côté du cimetière. Un d'entre eux sera aménagé pour les gens du voyage. Le but est qu'il soit opérationnel dès le mois d'octobre avec les commodités (électricité, égout, sanitaire, eau...) ´, dit-on au cabinet du maïeur Claude Desama à Verviers.
Bruxelles accuse un retard plus important en la matière. `La carence de l'exécutif bruxellois nous a poussés à déposer une proposition d'ordonnance pour la création de 4 terrains de transit pour les gens du voyage à Bruxelles´, dit le député bruxellois Alain Daems (Ecolo), co-auteur du texte avec Paul Galand (Ecolo). Au cabinet du secrétaire d'État, Alain Hutchinson (PS), on reconnaît la léthargie de la situation due à l'éclatement de la compétence en la matière entre plusieurs ministres. Mais on précise qu'un subside est à la disposition de communes bruxelloises qui voudraient équiper des terrains pour les Gitans. Par ailleurs, il semble que le ministre Hutchinson veut intégrer dans le nouveau code du logement bruxellois des dispositions pour garantir le droit à un accueil décent aux nomades.
Dans ce dossier, la Flandre a une longueur d'avance sur les autres régions. Le nord du pays dispose de 29 terrains résidentiels aménagés (environ 400 emplacements fixes pour les sédentaires). Une structure est même prévue pour gérer les sites et s'occuper notamment de la scolarisation des enfants.
© La Libre Belgique 2002
Des terrains avant les élections Cela fait six siècles que les gens du voyage vivent sur le territoire belge, mais leur histoire se confond largement avec celle de leur exclusion et de leur marginalisation. `On nous accuse de vols, de dégradations et on nous traite en Belgique comme si nous étions des étrangers. Nous sommes Belges. Vous trouverez chez nous des artisans, des commerçants, des ouvriers, des marchands ambulants, mais jamais de mendiants. On nous confond avec des Tziganes qui viennent de Roumanie ou de Hongrie...´, clame Manuel Charpentier, secrétaire général du Comité national des gens du voyage. Pour son président, René De Bodt, l'heure n'est pas à la polémique. L'important est de mettre le turbo cette année pour obtenir l'aménagement de terrains de passage pour les siens. `2003 est une année d'élections et les choses seront plus difficiles´, dit René De Bodt. Aujourd'hui, il va sans dire que l'ostracisme qui frappe les Gitans aggrave leurs problèmes sociaux comme la scolarisation des enfants et l'amélioration de leur situation économique. Leur difficulté à se désigner des représentants renforce leur fragilité, ce qui, d'après certains parlementaires, place les autorités devant une responsabilité particulière.