Privatisations: Air France ouvre le bal
Francis Mer, nouveau ministre français de l'Economie du gouvernement Raffarin, a décidé de ne pas traîner. En début de semaine, le gouvernement français a en effet fait savoir que la compagnie aérienne Air France ouvrira bientôt le bal d'un nouveau train de privatisations.
- Publié le 30-07-2002 à 00h00
Francis Mer, nouveau ministre français de l'Economie du gouvernement Raffarin, a décidé de ne pas traîner. En début de semaine, le gouvernement français a en effet fait savoir que la compagnie aérienne Air France ouvrira bientôt le bal d'un nouveau train de privatisations. Air France avait déjà fait l'objet d'une privatisation partielle début 1999: un tiers du capital avait alors été placé en Bourse. Actuellement, l'Etat français est encore actionnaire de la compagnie à hauteur d'un peu moins de 55 pc. L'objectif est de ramener ce chiffre en dessous de la barre de 20 pc. Les modalités de l'opération devraient être annoncées avant la fin de cette année: les montants récoltés - on parle d'1 milliard d'euros - tomberont dans l'escarcelle de l'Etat français.
Mais Bercy, siège du ministère de l'Economie et des Finances, ne devrait pas s'arrêter en si bon chemin. Après Air France, d'autres dossiers sont également sur la table de Francis Mer. Le gouvernement français prépare en effet le terrain et a adressé aux banques d'affaires de la place des appels d'offres pour participer à l'ouverture du capital - à des degrés divers en fonction du caractère plus ou moins stratégique des entreprises concernées - des opérateurs publics de l'électricité et du gaz EDF et GDF, mais aussi de France Télécom, EADS, Bull, Thomson Multimédia, Renault, Thales, Dassault Systèmes, Crédit Lyonnais, Autoroutes du sud de la France (ASF) et CNP. Ouf! Seules rescapées: la SNCF et la RATP.
Déjà une société privée
Si le gouvernement français a choisi Air France comme première `privatisable´, ce n'est évidemment pas un hasard. `Le choix d'Air France s'explique aisément. D'abord parce qu'Air France est déjà gérée depuis plusieurs années comme une société privée. Ensuite parce qu'elle a fait ses preuves et gagne de l'argent dans des circonstances pourtant difficiles´, explique André Clodong, consultant spécialisé dans les matières aéronautiques.
Air France a en effet mieux résisté que la plupart de ses grands concurrents aux attentats du 11 septembre qui ont plongé le secteur du transport aérien dans un coma profond. Pour l'exercice 2002/2003, la compagnie s'attend à une progression de ses bénéfices. `Le moment de cette privatisation n'est donc pas mal choisi. Après avoir bénéficié il y a plusieurs années d'une injection de fonds publics à hauteur de 20 milliards de francs français, Air France a nettoyé ses comptes. Jean-Cyril Spinetta (NdlR: actuel patron d'Air France) a adopté une gestion très rigoureuse et a été capable de résister à certaines exigences syndicales. La compagnie a gagné en dynamisme commercial et de gros efforts ont été accomplis sur le plan du marketing et de la recherche de clientèle´, poursuit André Clodong. Et d'ajouter: `Air France a la chance d'avoir son hub à Charles de Gaulle qui est l'un des rares aéroports en Europe à ne pas être saturé. Air France a donc encore sur son marché domestique une capacité d'expansion´.
Bref, sur le papier, Air France est une belle `privatisable´ d'autant qu'une présence moins marquée de l'Etat dans son tour de table devrait faciliter la consolidation de certaines alliances, notamment avec des compagnies US. Reste un obstacle: sa privatisation implique un changement de statut de la compagnie et de son personnel qui devra à terme faire une croix sur certains acquis sociaux. Les syndicats n'ont pas tardé à montrer leur peu d'enthousiasme. Pourtant, sans paix sociale, rien ne sera possible: les salariés d'Air France détiennent aujourd'hui 13 pc du capital de la compagnie et auront donc leur mot à dire.
© La Libre Belgique 2002