Mais où est Oussama ben Laden ?
Les rumeurs vont bon train dix mois après le début de l’opération militaire en Afghanistan sur le sort d’Oussama ben Laden, qui serait mort, selon les uns, probablement tué dans les bombardements de l’Afghanistan, ou, selon d’autres, bien vivant et toujours aux commandes du réseau terroriste Al-Qaïda.
- Publié le 30-07-2002 à 00h00
Les rumeurs vont bon train dix mois après le début de l’opération militaire en Afghanistan sur le sort d’Oussama ben Laden, qui serait mort, selon les uns, probablement tué dans les bombardements de l’Afghanistan, ou, selon d’autres, bien vivant et toujours aux commandes du réseau terroriste Al-Qaïda.
Depuis les vidéos diffusées à l’automne et l’hiver dernier, où le chef terroriste apparaissait blême et partiellement immobilisé, personne n’a revu l’ennemi public numéro un des Etats-Unis que le président Bush a promis de faire capturer «mort ou vif » après les attentats du 11 septembre.
En janvier, la CIA avait estimé infondées des affirmations du président pakistanais selon lesquelles ben Laden serait mort d’insuffisance rénale.
Et, à ce jour, aucune des analyses d’ADN effectuées sur les centaines de cadavres de combattants d’Al-Qaïda tués en Afghanistan n’a pour l’instant confirmé la découverte de son corps.
Le quotidien saoudien Asharq Al-Awsat vient de relancer la polémique, en affirmant que l’un des 23 fils présumés du chef terroriste, Saâd Oussama ben Laden, l’aîné, avait repris les commandes d’Al-Qaïda.
Pour le journal, édité à Londres, cette révélation «confirme l’hypothèse selon laquelle Oussama ben Laden serait mort ou grièvement blessé, ce qui explique son éclipse ».
Peu importe, ne cesse de répéter, passablement irrité, le secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld. «J’ai dit dès le départ que si Oussama ben Laden disparaissait - ce qui serait sympathique - cela ne changerait pas grand chose aux opérations d’Al-Qaïda. Il y a trois, quatre, cinq, six ou sept personnes qui connaissent les comptes en banque et les acteurs-clef, et qui sont parfaitement capables de mener cette opération », a-t-il dit lundi.
Soit par ignorance, soit par intérêt bien compris, les responsables américains restent vagues sur le sujet, soufflant le chaud et le froid.
«Je pense, à titre personnel, qu’il n’est probablement plus de ce monde. Mais je n’en ai pas la preuve », a lâché laconiquement à la mi-juillet le patron de la lutte antiterroriste au FBI, Dale Watson.
Mardi, la chaîne de télévision CNN, citant des responsables américains sous couvert de l’anonymat, rapportait que des gardes du corps d’Oussama ben Laden se trouvaient parmi les prisonniers détenus par les Etats-Unis sur la base navale de Guantanamo (Cuba), une présence qui pourrait indiquer, selon ces mêmes responsables, que le chef d’Al-Qaïda est bien mort.
Les responsables américains restent cependant partagés, la vue prédominante restant que ben Laden se cache et pratique une stratégie de «sécurité opérationnelle », selon les termes d’un responsable des services de renseignement américains.
«La chose la plus intelligente qu’il puisse faire est de garder un profil bas et de ne donner aucune indication sur son sort », concourt d’ailleurs l’ancien chef du contreterrorisme du FBI, Robert Blitzer
«Il est vivant. Il est intelligent. Il n’a aucune raison de faire surface pour l’instant », poursuit-il.
C’est l’avis aussi de l’expert Yossef Bodanski, auteur d’une biographie qui fait autorité et qui affirme que ben Laden se cache au Pakistan.
«Il fait la navette entre l’est de l’Afghanistan, la partie du Cachemire contrôlée par les Pakistanais et certaines zones du nord-ouest du Pakistan, traversant parfois la frontière vers l’Afghanistan », confiait-il récemment.
Bodanski, qui dirige aussi une commission spéciale d’experts sur le terrorisme créée par la Chambre des représentants, dit détenir ces informations d’une «source sûre »: une personne qui aurait rencontré ben Laden début juillet.
«Nous ne sommes pas au courant suffisamment en temps réel (de ses déplacements) pour pouvoir l’attraper mais nous avons une assez bonne idée de ce qu’il fait », a-t-il assuré, en précisant qu’il est accompagné d’un entourage réduit de quelques-uns de ses lieutenants, de plusieurs dizaines de gardes du corps et de «neuf sosies ». (AFP)