Chiens dangereux interdits de séjour à Ciney
- Publié le 31-07-2002 à 06h00
Par ordre du bourgmestre, ils ne peuvent plus poser la patte sur le territoire
CINEY Jean-Marie Cheffert, le bourgmestre de Ciney, 15.000 habitants, vient de prendre une ordonnance de police, qui entre en vigueur dès aujourd'hui. Même tenus en laisse, les chiens réputés dangereux sont désormais interdits sur le territoire de la commune et le seul fait d'en détenir un est passible de poursuites judiciaires `Il n'y a jamais eu de problème chez nous, explique le maïeur. Mais j'entends ou je lis dans les médias que des personnes âgées ou des enfants se font attaquer par des animaux incontrôlables, bagarreurs, tueurs. Je ne tiens pas à ce qu'un accident de ce type se produise dans ma commune.´
Du rottweiler au mastiff
Selon le bourgmestre, l'article 30 de la loi du 5 août 92 sur la fonction de police ainsi qu'une autre ordonnance du conseil communal datant du 15 mai 98 ne répondaient plus aux préoccupations de la population. Il a donc pris cette décision, radicale et définitive.
Les animaux désormais hors-la-loi ? L'american staffordshire; le terrier anglais; le pit-bull, le bull terrier; le fila brasileiro (mâtin brésilien); le tosa inu; l'akita inu; le dogue argentin; le mastiff (toutes origines); le ridgeback rhodésien; le dogue de Bordeaux; le band dog et le rottweiler.
Selon les derniers recensements, une vingtaine de propriétaires de Ciney seraient directement concernés. `Il y a sans doute un problème d'éducation, poursuit le maïeur. Certaines personnes dressent peut-être très bien ce type de chiens. Mais il ne faut pas se voiler la face: ils ne peuvent rien faire contre le véritable instinct de l'animal.´
En pratique, les Cinaciens détenteurs d'un molosse figurant dans la liste noire n'ont guère le choix. `Peu m'importe, poursuit Cheffert. Ce n'est pas mon problème. Mais, c'est vrai, il n'y a pas 36 solutions: soit ils conduisent l'animal au chenil, soit ils le transfèrent dans une commune où n'existe pas une ordonnance du même type.
La troisième possibilité? `Le faire piquer.´
Jean-Marie Cheffert entend ainsi jouer avant tout la carte de la sécurité et de la prévention.
© La Dernière Heure 2002
Le ministère furieux contre la décision de CineyBRUXELLES `Une décision triste, contestable et regrettable, alors que le projet de réglementation fédérale est quasi prêt´. Voilà comment était qualifiée hier la décision de la commune de Ciney par le Dr Rudy De Meester, conseiller de la ministre Aelvoet (Bien-être des animaux) et spécialiste au ministère du dossier des chiens dangereux.
`Définir des races dangereuses, comme dans la liste de l'administration Pinxten (voir notre infographie), est une erreur. Il y a dans ces races une majorité d'animaux parfaitement sociabilisés et qui ne posent aucun problème. La solution passe par un suivi individualisé´, nous explique le Dr De Meester. La solution? `D'ici peu, l'Etat va imposer une réglementation nationale. Dans chaque commune, on va créer un point de contact, à la police ou à l'administration. Tous les chiens qui auront un comportement anormal y seront signalés. Un voisin, un facteur, un policier pourra venir faire une déclaration en signalant un chien à surveiller. Dès cet instant, un agent, formé pour cela, ira voir le chien et demandera si nécessaire au propriétaire de prendre des mesures. Cela peut être le port de la muselière, de la laisse dans les lieux publics, le renforcement d'une clôture, par exemple, mais cela peut aller jusqu'à l'euthanasie dans les cas graves´.
En 1999, une liste de 13 races de chiens dits dangereux avait été publiée par le gouvernement fédéral, puis abrogée sur décision du Conseil d'Etat saisi par des éleveurs mécontents. En attendant la nouvelle loi, ce vide a entraîné une multiplicité des règlements communaux.
Selon une enquête du ministère, deux communes ont interdit la détention des 13 races dites dangereuses: Ciney et Quaregnon. Mais une septantaine de localités ont interdit la détention des pit-bulls, surtout en province de Liège. On peut citer, notamment, Saint-Gilles, Beauvechain, Eghezée, Farciennes, Brugelette, Gembloux, Chastre, Genappe, Lasnes, Nivelles, Wavre, Soignies, Ohey ou Lincent.
Dans 80% des cas, révèle encore cette étude, les communes imposent le port de la laisse pour les chiens, mais seulement 20% le port de la muselière pour certaines races.
A Quaregnon, comme à Ciney, le conseil communal a bien interdit en 2000 la détention sur son territoire des chiens faisant partie de la fameuse liste des 13 races. Mais ce règlement ne serait pas appliqué. C'est en tout cas ce que déclarait mardi l'administration communale. `C'est resté au stade du projet´.