La dynamique corse de Sarkozy

Nicolas Sarkozy n'entend laisser à personne d'autre le soin de plonger dans le bourbier corse. C'est tout juste si le ministre de l'Intérieur `informe´ son premier ministre Jean-Pierre Raffarin de ses initiatives. Vendredi, il a débuté une visite de trois jours à Bastia et Ajaccio pour rencontrer toutes les parties en présence. Après avoir pris le dossier de la sécurité à bras le corps, il arrive sur le terrain miné du nationalisme insulaire avec une dynamique qui lui est propre

O.M. (avec AFP et Reuters)
La dynamique corse de Sarkozy
©EPA

Nicolas Sarkozy n'entend laisser à personne d'autre le soin de plonger dans le bourbier corse. C'est tout juste si le ministre de l'Intérieur `informe´ son premier ministre Jean-Pierre Raffarin de ses initiatives.

Vendredi, il a débuté une visite de trois jours à Bastia et Ajaccio pour rencontrer toutes les parties en présence. Après avoir pris le dossier de la sécurité à bras le corps, il arrive sur le terrain miné du nationalisme insulaire avec une dynamique qui lui est propre, prolongeant à sa manière le processus de Matignon entamé par l'ancien premier ministre Lionel Jospin.

Priorité au développement

Fidèle à lui-même, le locataire de la place Beauvau se veut le chantre de l'action. `Je me demande si le temps n'est pas venu d'agir davantage que de parler´, a-t-il dit à son arrivée. Il faut, ajoute-t-il, mettre fin aux `affrontements théologiques qui ne peuvent que conduire à l'échec´. Sa priorité consiste à faire avancer l'île `dans le sens positif d'un développement économique puissant et fort´. Après avoir rencontré le maire (PRG) de la ville Emile Zuccarelli et le président du Conseil général de Haute-Corse Paul Giacobbi, Nicolas Sarkozy a d'ailleurs déjeuné avec des représentants du monde économique et associatif.

La dynamique du ministre de l'Intérieur passe par `un pragmatisme´ qui s'inscrit dans le cadre précis fixé par le président Jacques Chirac. Sans renier pour autant l'esprit des accords de Matignon, qui entendaient accorder une large autonomie à la Corse à partir de 2004. `Je veux dire ma conviction que pour réussir, il faut tout le monde´, a dit vendredi Nicolas Sarkozy. `Il est important de comprendre que personne ne réussira sans les autres. Il faut un consensus en Corse comme ailleurs. Donc, il faut qu'on se comprenne, il faut qu'on dialogue, il faut que chacun accepte les raisons de l'autre et sur ces bases, il faut construire.´ Une main tendue aux nationalistes? A tous ceux qui sont prêts à travailler pour le développement corse, réplique le ministre.

Le cadre sera bel et bien le chapitre XII de la Constitution sur les collectivités territoriales. Une décentralisation, oui, mais valable pour l'ensemble des régions. Même si les `spécificités corses´ seraient reconnues, l'île de beauté pouvant devenir une `région pilote´. Ce samedi matin, Nicolas Sarkozy interviendra devant l'Assemblée de Corse. Il devrait inviter chacun à collaborer à ce projet.

`Une solution spécifique´

Les réactions sont assez positives en ce qui concerne cette nouvelle dynamique. José Rossi (DL), président de l'assemblée, se dit `enthousiaste´. Emile Zuccarelli, maire PRG de Bastia et réticent au récent processus de Matignon, se dit prêt à collaborer. Les nationalistes de Corsica Nazione, toutefois, refusent tout traitement de la question corse `dans un mouvement général de décentralisation´ et réclament une `solution politique spécifique´. Depuis le début de l'année, une soixantaine d'attentats auraient été commis sur l'île.

© La Libre Belgique 2002

Vous êtes hors-ligne
Connexion rétablie...