Ingrid Betancourt en vie sur une vidéo enregistrée...en mai dernier
- Publié le 24-07-2002 à 10h17
Retenue par les FARC depuis février, il s'agit de sa première réapparition
BOGOTA Les Forces armées révolutionnaires de Colombie (marxistes) ont remis à une chaîne de télévision colombienne, Noticias Uno, qui l’a diffusé ce mardi, un enregistrement vidéo, montrant l’ancienne candidate des verts à la présidence du pays, Ingrid Betancourt, dont on était sans nouvelle depuis son enlèvement le 23 février dernier.
Dans cette vidéo, d’une durée de 22 minutes, enregistrée le 15 mai dans un lieu non précisé de la jungle colombienne, Betancourt, visiblement amaigrie, apparaît aux côtés de son ex-directrice de campagne, Clara Rojas, qui avait été enlevée en même temps qu’elle. L’ancienne candidate à la présidence y demande au procureur général de la république Edgardo Maya d’enquéter sur les circonstances de son enlèvement par les FARC, plus important mouvement de guérilla colombien avec 17.000 hommes, et critique le gouvernement du président sortant Andres Pastrana pour n’avoir pas eu de politique claire sur la vague d’enlèvement sévissant dans le pays.
Elle critique également le gouvernement et les forces armées de ne pas lui avoir permis de prendre place à bord d’un hélicoptère, réservé à la presse, pour se rendre dans un ancien fief des FARC, l’obligeant ainsi à effectuer le trajet par la route où elle devait être prise en otage. Ingrid Betancourt précise que la vidéo a été prise le 82e jour de sa détention et qu’elle n’a subi aucune pression. Les journalistes qui ont visionné la cassette ont remarqué que celle-ci avait subi quatre courtes coupures.
Alors candidate pour les Verts à l’élection présidentielle du 26 mai, remportée par Alvaro Uribe (droite), Ingrid Betancourt, 40 ans, avait été enlevée le 23 février près de Florencia, dans le sud du pays andin, en compagnie de Clara Rojas. Elle tentait alors de se rendre dans l’ancien fief des FARC, une zone démilitarisée grande comme la Suisse (42.000 km2), à 700 km au sud de Bogota, en cours de réoccupation par l’armée depuis le 21 février après la rupture la veille du processus de paix avec cette guérilla par le pouvoir.
Les FARC avaient revendiqué cette prise d’otages et exigé, pour libérer Ingrid Betancourt, un échange humanitaire avec des militants détenus dans les prisons colombiennes. Malgré la séquestration de l’ancienne sénatrice, sa famille avait maintenu sa candidature à la présidentielle, où elle n’avait obtenu le 26 mai que 0,5% des voix. Le décès à 83 ans de son père Gabriel Betancourt le 23 mars, un mois après la prise en otage de sa fille, n’avait pas suscité la clémence des FARC. La guérilla des FARC avait refusé de répondre aux appels lancés par la famille et était restée sourde aux multiples appels en Colombie et dans le monde pour sa libération.
La guerre civile en Colombie a déjà fait plus de 200.000 morts depuis 1964, avec une moyenne de 3.000 enlèvements par an. Francophone et francophile, diplômée de l’Institut d’Etudes politiques de Paris, Ingrid Betancourt est connue en pays francophone pour son livre La rage au coeur, devenu un succès de librairie. Ingrid Betancourt est mère de deux enfants, Mélanie et Lorenzo, âgés de 16 et 13 ans, qu’elle a eus d’un premier mariage avec un diplomate français, Fabrice Delloye.