`Je n'ai rien à cacher!´

C'est une dizaine de jours après avoir subi le contrôle (urinaire et sanguin) mis sur pied par l'IAAF, le samedi 4 mai, soit la veille des Championnats du Monde de semi-marathon, que Mohammed Mourhit a pris connaissance du résultat de celui-ci: positif à l'EPO et au Furosemide, un diurétique

Guy Beauclercq
`Je n'ai rien à cacher!´
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IFRANE C'est une dizaine de jours après avoir subi le contrôle (urinaire et sanguin) mis sur pied par l'IAAF, le samedi 4 mai, soit la veille des Championnats du Monde de semi-marathon, que Mohammed Mourhit a pris connaissance du résultat de celui-ci: positif à l'EPO et au Furosemide, un diurétique. Emanant du laboratoire de Lausanne, accrédité par le CIO, le verdict de ce premier test a été confirmé par la contre-expertise pratiquée dans le même labo à la demande de l'athlète. Voilà donc deux mois que Mohammed vit avec cette terrible nouvelle, laquelle n'a pourtant pas l'heur de l'inquiéter. Se rend-il vraiment compte de la gravité de la situation? `Je me suis entraîné normalement ce samedi! expliquait-il vers 15h45. Je ne me ressens plus de ma contracture aux ischios.´

Surréaliste! Il évoque encore son entraînement alors qu'il risque une suspension de deux ans, sinon quatre, synonyme de fin de carrière pour lui qui est âgé de 31 ans. Revenant sur les faits, il raconte: `Le médecin de l'IAAF, le Français Gabriel Dollé, est venu me trouver vers 8h, ce matin-là, pour le contrôle auquel je me suis soumis, comme d'habitude. Vous savez, des contrôles antidopage, j'en ai subi des dizaines dans ma carrière. Surtout, ces dernières années! Pas de problème dans la mesure où je n'ai rien à cacher! Ceci dit, depuis mon titre de champion du monde de cross, en mars 2001, à Ostende, j'ai l'impression d'avoir été contrôlé à chacune de mes sorties... Ce fut le cas à Dublin, après mon abandon, comme à Edmonton. En outre, j'ai été contrôlé six fois de manière inopinée à Ifrane. Les médecins de l'IAAF connaissent mon adresse, mon numéro de GSM.´

Il va sans dire que ces contrôles subis par Mourhit se sont révélés négatifs. Que s'est-il passé ce samedi 4 mai? `Je ne sais pas. Toujours est-il que j'ai trouvé bizarre la manière dont le médecin de l'IAAF m'a abordé, me posant diverses questions sur mon dossier médical, sur l'EPO, entre autres... Mais, je n'ai jamais pris d'EPO! Sinon je ne vois pas quel intérêt j'aurais à vivre les deux tiers de mon temps en altitude. A propos des Championnats du Monde de semi-marathon, j'y suis venu sans objectif personnel. Le comble est que je me suis soumis, le lundi 6 mai, à un bilan sanguin complet qui n'a rien révélé d'anormal. Mon hématocrite tourne d'habitude autour de 47-48 selon la durée passée en altitude, mon kilométrage à l'entraînement et les conditions climatiques, mais jamais il n'a passé le cap des 50!´

Il n'empêche, Mourhit a quand même été pris. Alors? `Ce n'est pas possible! Ils se trompent. Voilà 14 ans que j'évolue au plus haut niveau et jamais je n'ai connu ça. Avec mes analyses sanguines à l'appui, je prouverai ma bonne foi. En tout cas, je rentrerai le 30 juillet et me présenterai le jeudi 1er août à la Fédération belge pour m'expliquer.´

Ça s'annonce dur, très dur...

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Rousseau:`Très suspect!´ Ce n'est pas un secret: Vincent Rousseau n'a jamais porté Mohammed Mourhit dans son coeur. Le fait que le Belgo-Marocain se soit emparé de ses records nationaux du 5.000 et du 10.000m n'y est peut-être pas étranger. Toujours est-il que le Montois, à la pointe de la critique vis-à-vis de son successeur, se targue d'avoir vu clair depuis le début. `Sa progression chronométrique dans un laps de temps réduit avait de quoi éveiller la suspicion. Tout comme sa volonté d'esquiver les contrôles de l'IAAF, que ce soit à Hannut, à Durham ou à Dublin. Et que dire de ses visites chez le Dr Mouton, chez qui on a quand même saisi de la DHEA... Il est exact que je n'ai jamais accordé beaucoup de crédit à ses performances. Et, depuis trois jours, ma vision de la situation semble être étayée. Mais cette affaire entraîne avant tout deux questions fondamentales: celle de ses complicités au sein de la fédération, tant il est clair que Mourhit bénéficie de protections depuis longtemps, et celle de la méthode d'acquisition de ce produit dopant qu'est l'EPO.´ © Les Sports 2002

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