Israël durcit sa riposte aux attentats
Israël, qui veut empêcher de nouveaux attentats, a démoli des maisons et arrêté des proches de kamikazes et d’activistes palestiniens en Cisjordanie dans l’intention de les expulser vers la bande de Gaza. L’armée israélienne a également arrêté vendredi en Cisjordanie 16 Palestiniens accusés «d’activités terroristes», selon des sources militaires
- Publié le 18-07-2002 à 00h00
Israël, qui veut empêcher de nouveaux attentats, a démoli des maisons et arrêté des proches de kamikazes et d’activistes palestiniens en Cisjordanie dans l’intention de les expulser vers la bande de Gaza.
L’armée israélienne a également arrêté vendredi en Cisjordanie 16 Palestiniens accusés «d’activités terroristes», selon des sources militaires.
Selon la radio publique, «21 pères et frères de terroristes» impliqués dans des attaques anti-israéliennes ont été arrêtés dans la nuit de jeudi à vendredi, dans l’intention de les expulser à Gaza. Des témoins palestiniens ont confirmé l’arrestation de 16 Palestiniens, 13 lors d’une incursion dans le village de Tel, et trois dans le camp de réfugiés d’Askar, près de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie.
L’armée a annoncé dans un communiqué l’arrestation de «proches parents de sexe masculin» des deux auteurs mercredi d’un double attentat suicide à Tel-Aviv, ainsi que de parents des auteurs des attaques du 12 décembre 2001 et de mardi contre deux bus près de la colonie d’Emmanuel, en Cisjordanie.
A Tel, l’armée a détruit la maison de Nasser Edin Assidi, chef local des Brigades Ezzedine al-Qassam, branche armée du mouvement islamiste Hamas. Il est accusé par Israël d’avoir organisé les attaques meurtrières contre les bus d’Emmanuel. Son père, âgé de 60 ans, et quatre de ses frères ont été arrêtés.
Les militaires ont également détruit dans le camp d’Askar la maison d’Ali Mohammed Ahmed Adjuri, un chef des Brigades des Martyrs d’Al-Aqsa, groupe armé lié au mouvement Fatah du président Yasser Arafat. Les militaires ont arrêté son père et deux de ses frères. Adjuri est accusé par Israël d’avoir planifié l’attentat de Tel-Aviv.
Trois personnes avaient été tuées mercredi dans cette opération. Il s’agissait du premier attentat suicide en Israël depuis le début, le 19 juin, de l’opération «Voie ferme» qui s’est traduite par la réoccupation de la Cisjordanie et a été déclenchée pour tenter de juguler ce type d’attaques.
«Nous examinons la possibilité juridique d’expulser vers la bande de Gaza des proches parents de terroristes et attendons l’avis dans les prochains jours du conseiller juridique du gouvernement», a déclaré à l’AFP le porte-parole du premier ministre Ariel Sharon. «Il n’y a pas de problème aux yeux de la loi pour arrêter des parents eux même suspects ou détruire des maisons de terroristes, mais il en va autrement concernait l’expulsion», a souligné ce responsable, Raanan Gissin.
Le conseiller juridique du gouvernement, qui joue le rôle de procureur général, Elyakim Rubinstein s’est prononcé contre l’expulsion de tout Palestinien à moins qu’une preuve soit apportée sur son implication dans des actions violentes, selon la radio militaire israélienne.
Les projets d’expulsion ont été qualifiés par l’Autorité palestinienne de «crime de guerre» et le Hamas a menacé Israël d’y répondre de manière «forte et sanglante». Les groupes israéliens de défense des droits de l’Homme tels que B’Tselem et Gush Shalom ont affirmé que de telles expulsions «violeraient le droit international».
La Convention de Genève de 1949 interdit «les transferts forcés en masse ou individuels» de civils (article 49) et les «peines collectives de même que toute mesure d’intimidation et de terrorisme» (article 33). Si ces expulsions se concrétisaient, il s’agirait de la première mesure de ce type prise par Israël depuis le début de l’Intifada, en septembre 2000.
Les mesures israéliennes ont été prises au moment où la diplomatie semble marquer des points. Les ministres des Affaires étrangères d’Arabie saoudite, Egypte et Jordanie, se sont déclarés «très encouragés» jeudi après leurs entretiens à Washington avec le président américain George W. Bush.
M. Bush a souligné au début de la rencontre qu’il refusait «de se laisser décourager» par la poursuite des attentats contre Israël et qu’il entendait aller de l’avant dans la mise en oeuvre du plan d’action américain, dont il s’est dit persuadé qu’il permettra de ramener la paix.