L'armée israélienne arrête des proches d'auteurs d'attentats
Israël a franchi une nouvelle étape dans sa lutte contre les attentats palestiniens en arrêtant, dans la nuit de jeudi à vendredi en Cisjordanie, des proches parents d'auteurs d'attentats présumés, qui pourraient ensuite être expulsés vers la bande de Gaza.
- Publié le 18-07-2002 à 00h00
Israël a franchi une nouvelle étape dans sa lutte contre les attentats palestiniens en arrêtant, dans la nuit de jeudi à vendredi en Cisjordanie, des proches parents d'auteurs d'attentats présumés, qui pourraient ensuite être expulsés vers la bande de Gaza.
Ce projet d'expulsion, confirmé par le ministre israélien des Affaires étrangères Shimon Peres, a été immédiatement condamné par l'Autorité palestinienne, qui l'a qualifié de "crime de guerre", tandis que le mouvent radical islamiste Hamas menaçait Israël d'une réponse "forte et sanglante". L'expulsion des proches d'activistes responsables d'attaques anti-israéliennes dépend encore "du feu vert du conseiller juridique du gouvernement, mais nous n'avons pas le choix et le terrorisme nous conduit à prendre des mesures que nous préférerions éviter", a déclaré M. Peres à la radio publique. Selon cette radio, "21 pères et frères de terroristes" impliqués dans des attaques anti-israéliennes ont été arrêtés, dans l'intention de les expulser vers la bande de Gaza".
L'armée a, quant à elle, annoncé dans un communiqué l'arrestation de "proches parents de sexe masculin" des deux kamikazes auteurs mercredi d'un double attentat suicide à Tel-Aviv, ainsi que de parents des auteurs des attaques le 12 décembre 2001 et le 16 juin contre deux bus près de la colonie d'Emmanuel, en Cisjordanie.
Des témoins palestiniens ont confirmé l'arrestation de 16 Palestiniens, 13 lors d'une incursion dans le village de Tel, et trois dans le camp de réfugiés d'Askar, près de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie. Ces arrestations sont contraires "à la convention de Genève, et expulser des citoyens palestiniens constitue un crime de guerre", a déclaré le principal négociateur palestinien, Saëb Erakat.
"Cette politique de transférer des Palestiniens ne jouera pas en faveur des efforts internationaux pour protéger le processus de paix, mais conduira au contraire à plus de violence et à une explosion dans cette région", a estimé pour sa part Nabil Abou Roudeina, principal conseiller du président de l'Autorité palestinienne, Yasser Arafat.
En réaction au projet, les Brigades Ezzedine al-Qassam, branche armée du mouvement radical islamiste Hamas qui a revendiqué de nombreux attentats suicide en Israël, a menacé d'envoyer ses kamikazes "partout" dans le pays. "Notre réponse aux sionistes sera forte et sanglante, nous enverrons des messages explosifs aux sionistes partout où nous pourrons aller", ont annoncé les Brigades dans un communiqué reçu par l'AFP à Gaza.
Le 23 juin dernier, le gouvernement israélien avait déjà débattu de la "possibilité légale" d'expulser des parents de kamikazes, immédiatement dénoncée par des associations israéliennes de défense des droits de l'Homme qui l'avaient qualifiée de "punition collective". Si ces expulsions se concrétisaient, il s'agirait de la première mesure de ce type prise par Israël depuis le début de l'Intifada, en septembre 2000.
Trois personnes ont été tuées mercredi soir dans une rue de Tel-Aviv lorsque deux kamikazes palestiniens ont activé leurs charges explosives. Il s'agissait du premier attentat suicide en Israël depuis le début, le 19 juin, de l'opération "voie ferme" de réoccupation de la Cisjordanie, déclenchée pour tenter de juguler ces attaques. Cette nouvelle étape dans les représailles intervient alors que la diplomatie semble marquer pour la première fois des points dans la recherche d'une solution négociée au conflit israélo-palestinien.
Les ministres des Affaires étrangères de trois pays arabes, Arabie saoudite, Egypte et Jordanie, se sont en effet déclarés "très encouragés" jeudi après leurs entretiens à Washington avec le président américain George W. Bush. Il avait souligné devant la presse au début de la rencontre qu'il refusait "de se laisser décourager" par la poursuite des attentats contre Israël et qu'il entendait aller de l'avant dans la mise en oeuvre du plan d'action américain, dont il s'est dit persuadé qu'il permettra de ramener la paix dans la région.
M. Bush a toutefois cherché à ne pas aggraver les divergences sur le sujet du remplacement de M. Arafat, condition qu'il avait posée comme préalable à l'avancée de la paix au Proche-Orient, la question n'ayant, selon M. Maher, même pas été abordée.