Premiers symptômes de Francofolies
'On s'en fout du ciel!´ Si c'est avec ce genre d'invective qu'Aston Villa espère conjurer le mauvais sort, c'est mal connaître le ciel ardennais! Quand ça rince à Spa, ça rince, et l'expression `cuvette spadoise´ prend alors tout son sens. Une fois de plus, en ce juillet automnal, rendre compte d'un festival revient à relayer d'affligeants constats météorologiques, auxquels la plupart des artistes répondent par un volontarisme revigorant.
- Publié le 17-07-2002 à 00h00
REPORTAGE
´On s'en fout du ciel!´ Si c'est avec ce genre d'invective qu'Aston Villa espère conjurer le mauvais sort, c'est mal connaître le ciel ardennais! Quand ça rince à Spa, ça rince, et l'expression `cuvette spadoise´ prend alors tout son sens. Une fois de plus, en ce juillet automnal, rendre compte d'un festival revient à relayer d'affligeants constats météorologiques, auxquels la plupart des artistes répondent par un volontarisme revigorant.
S'ils ne connaissent pas les particularités climatiques locales, les membres d'Aston Villa ont l'excuse d'être parisiens, et se rachètent en faisant contre mauvaise fortune bon coeur. Avec sa légendaire générosité, le groupe qui `rêve l'âge d'or´ se construit sur une voix solide et un son baraqué mais aéré grâce à l'acousticité de sa guitare. `On s'en fout du ciel!´ d'accord, mais avec le taux d'hygrométrie qui règne ici, il faut sans cesse réaccorder les guitares. Surmontant tous ces obstacles, Aston Villa donne au Parc des 7 heures de grands morceaux de bravoure, bravo!
C'est donc reparti pour une nouvelle flambée de Francofolies. En ce premier jour festivalier, Spa semble se réveiller d'une longue léthargie. Premiers étirements, centre-ville bloqué à la circulation, premiers jets des pompes à bières installées sur les trottoirs, barbecues fumigènes, etc.
Les Francos au mot
Et si l'on prenait les Francofolies au mot? Si l'on partait à la recherche des plus francodingues et francogivrés pas seulement sur les bords? Il ne faut pas aller très loin: synthèse improbable entre le Grand Jojo et Boby Lapointe, notre Sttellla national sévit au Parc. En uniformes dignes de `La Croisière s'amuse´, le petit groupe donne une distanciation particulière aux chansons déjà bien décalées signées Jean-Luc Fonck. `On a trop fait l'amour à deux. On a trop fait l'amour, adieu!´ Pour admirer l'Arlonnais dans son poncho en plastique, authentique imitation peau de grenouille, l'on grimpe aux colonnades, l'on se hisse sur de solides épaules. Ambiance au parc, merci Jean-Luc.
Que peuvent avoir en commun Sttellla et Christophe? L'electro des années 80 pardi! La comparaison n'ira bien sûr pas plus loin, le Français utilisant ses synthés de manière beaucoup plus climatique... Dans cette salle des fêtes du Casino au décor suranné, Christophe, allure de Commandeur statufié, s'impose une nouvelle fois comme un des derniers grands romantiques. Sans perdre une once de légèreté, sa voix a beaucoup gagné en stabilité. Dépouillées de leur décor visuel, splendidement accompagnées par Pascal Charpentier (piano), Daniel Mille (accordéon) et les autres, les chansons ont cet étrange pouvoir d'attraction des choses insaisissables. `Un p'tit clin d'oeil pour un rendez-vous´ qu'il ne fallait évidemment pas manquer.
Le lien entre l'Arlonnais Jean-Luc Fonck et l'Aveyronnais Wally est tout aussi vite établi, même si d'une autre nature, où l'on retrouve l'inévitable Boby Lapointe. Même allure, même accent, même goût immodéré pour l'absurde et le jeu de mots, fût-il un `jeu de mots laid´, Wally se différencie du citoyen de Pézenas par un talent de chanteur plus affirmé. Spécialisé dans la chanson de cinq secondes, il dédie celle-ci à Jean-Luc: `Est-il vrai qu'un pinailleur est quelqu'un qui commet l'adultère?´ Peu connu sous nos latitudes, Wally devrait gagner en popularité grâce à un disque et à un DVD paraissant, à l'automne, sur un label d'importance. En attendant, avec des gaillards comme ça, moi je vous le dis: les Francos de Spa, c'est parti, et bien parti.
© La Libre Belgique 2002