Vendredi soir, Charles Schillings distille sa house... à la maison
Les DJ ont ceci d'attachant qu'ils sont généralement compulsifs, obsessionnels. Des vrais bouffeurs de vinyles, jamais rassasiés. Prenez Charles Schillings. Avec une gueule d'ange - métis - pareille, difficile de croire qu'il ait toujours préféré rester planqué derrière ses platines. Et pourtant, dès ses 12, 13 ans, il trimballe sa sono un peu partout. `Mes parents me conduisaient aux fêtes scolaires, aux soirées de mariage, de communion...´
- Publié le 17-07-2002 à 00h00
PORTRAIT
Les DJ ont ceci d'attachant qu'ils sont généralement compulsifs, obsessionnels. Des vrais bouffeurs de vinyles, jamais rassasiés. Prenez Charles Schillings. Avec une gueule d'ange - métis - pareille, difficile de croire qu'il ait toujours préféré rester planqué derrière ses platines. Et pourtant, dès ses 12, 13 ans, il trimballe sa sono un peu partout. `Mes parents me conduisaient aux fêtes scolaires, aux soirées de mariage, de communion...´ La suite est logique: le fiston Schillings, né au Congo en 1966 mais arrivé à Liège un an plus tard, investit la Chapelle dès 1983. `On jouait de tout: soul, rock, disco, new wave, psychobilly... Cela te donne un solide background.´
Histoire d'alimenter sa fringale de nouveautés, Schillings fait souvent la navette jusqu'au magasin `US import´ d'Anvers. `C'est là qu'on trouvait les plaques les plus intéressantes. Le vendeur était le DJ du Café d'Anvers. Il voyait ce que j'achetais. On a sympathisé, et un jour il m'a invité à jouer.´ Ce ne sera pas la dernière. Le Liégeois sera résident du club pendant deux ans. Une référence flatteuse quand il rejoint Paris, idéale pour mettre très vite le pied dans les endroits les plus courus: les Folies Pigalle, le Queen, les Bains Douches,... Et sa cote de monter en flèche. Ses sets house sont colorés, joyeux, toujours mélodiques et racés. `La house a un côté très positif qui me plaît. J'ai été très influencé par la soul et le disco qu'on retrouve aussi dans cette musique.´
Celui qui parle six langues (français, anglais, italien, allemand, tshiluba, `et aussi un peu de croate, ma copine est de là-bas´), ancien étudiant en philologie germanique, bouge beaucoup. La France, l'Italie, Londres, New York... Les défilés de mode aussi pour Karl Lagerfeld. C'est d'ailleurs lui qui a réalisé la - sublime - pochette de son premier album `It's about...´, sorti au printemps.
Insolite élégance
Un disque qui lui ressemble: élégant, métissé, affable, attachant. Audacieux aussi, voire insolite (on y entend des bruitages de balle pelote des années 30!), loin en tout cas des classiques disques de mix de DJ. On y trouve notamment le `Tengo nada´ chanté par l'actrice Clémentine Célarié (`une copine rencontrée un soir au Fuse à Bruxelles´), qui a récolté un succès bien au-delà du public des clubs. `Mais si je dois choisir, je préfère toujours la reconnaissance des gens qui font la même chose que moi.´ On s'en doutait un peu.
© La Libre Belgique 2002
Charles Schillings, `It's about...´, Bang/Pschent.