Les agriculteurs veulent garder leur blé
Pas touche à ma Pac: des paysans espagnols ont fait le voyage jusqu'à Bruxelles, mercredi, pour manifester leur mauvaise humeur. Non, décidément, la proposition de réforme de la sacro-sainte Politique agricole commune, que vient d'adopter la Commission européenne, ne leur convient pas. Un écho qu'on a pu entendre également avec force dans les milieux concernés outre-Quiévrain et outre-Rhin notamment
- Publié le 09-07-2002 à 00h00
Pas touche à ma Pac: des paysans espagnols ont fait le voyage jusqu'à Bruxelles, mercredi, pour manifester leur mauvaise humeur. Non, décidément, la proposition de réforme de la sacro-sainte Politique agricole commune, que vient d'adopter la Commission européenne, ne leur convient pas. Un écho qu'on a pu entendre également avec force dans les milieux concernés outre-Quiévrain et outre-Rhin notamment. Les fourches se lèvent, mais Franz Fischler, l'initiateur d'une réforme par ailleurs plutôt bien accueillie par les milieux écologistes, se défend, préférant `s'attaquer à certains tabous plutôt que de fournir des tranquillisants qui finiront par tuer nos agriculteurs´.
Cette réorientation de la Pac permettrait, selon le commissaire européen, non seulement de restaurer la confiance des opinions publiques, ébranlées par la crise de la vache folle, le scandale de la dioxine et l'épizootie de fièvre aphteuse, mais aussi de préparer l'élargissement de l'Union à de nouveaux membres et de mettre celle-ci en conformité avec les règles de l'Organisation mondiale du commerce. M.Fischler se montre persuadé d'avoir atteint le point d'équilibre entre le soutien aux revenus des paysans et l'amélioration de la qualité alimentaire ou de la protection de l'environnement. `Notre proposition est aussi avantageuse pour les agriculteurs que pour les consommateurs et les contribuables´, jure-t-il. Pour éviter l'explosion d'un budget agricole déjà énorme (44 milliards d'euros par an), le projet défendu par l'Autrichien passe par une meilleure utilisation des ressources.
Subventions plafonnées
Concrètement, il propose de pérenniser les fameuses aides directes, qui avaient été créées pour compenser les baisses de prix, mais de revoir le système d'allocation pour sortir de la logique productiviste qui domine la Pac depuis son lancement. Ces subventions seraient `découplées´ de la production et plafonnées à 300000 € par an et par exploitation. Selon Franz Fischler, `tout en assurant aux agriculteurs un revenu stable, le nouveau système les libérera de la contrainte de devoir gérer leur production en fonction des aides qu'ils reçoivent. Ils auront la possibilité d'opter pour les cultures ou pour le type de viande susceptibles de trouver les meilleurs débouchés et non de leur apporter les subventions les plus élevées.´ Donc, `il s'agira de produire ce que les consommateurs souhaitent et pas les produits pour lesquels les subventions sont les plus élevées´, a expliqué l'Autrichien devant la commission de l'Agriculture du Parlement européen (laquelle ne compte aucun membre belge, si ce n'est un suppléant Vlaams Blok...). Les aides dépendraient de surcroît du respect de normes (en matière d'environnement, de sécurité des aliments, de bien-être des animaux et de sécurité sur le lieu de travail), et seraient en plus réduites (sauf pour les plus petits exploitants) de 3pc par an à partir de 2004, pour parvenir progressivement à une baisse de 20pc. Les sommes ainsi dégagées, et allouées aux Etats, serviraient au développement rural et à la promotion de méthodes de production moins intensives. Autre nouveauté: les exploitations percevant plus de 5000 € de subventions par an seraient soumises à un audit pour vérifier la bonne marche de la réforme.
Dans un autre registre, la politique des marchés changerait elle aussi, pour améliorer la compétitivité de l'agriculture européenne. La Commission propose de réduire le prix d'intervention sur les céréales de 5pc et sur le riz de 50pc - une baisse en grande partie compensée par des aides -, tandis que celui sur le seigle serait supprimé. Entre autres mesures (*). Mais reste à voir ce qu'il en restera après leur passage à la moulinette des ministres européens...
(*)De plus amples informations sur Webhttp://europa.eu.int/comm/agriculture/mtr/index_en.htm
© La Libre Belgique 2002