Un nouveau trio dans le loft Ecolo

Fin du loft Ecolo dimanche, peu avant 18 heures. Les militants verts ont choisi: Philippe (Defeyt), Evelyne (Huytebroeck) et Marc (Hordies) reprennent la direction du parti. Par un score nord-coréen: sur 695 votants, 648 se sont exprimés en faveur du nouveau trio à la barre du secrétariat fédéral (SF) des verts francophones. Soit 96,72 pc de confiance.

Annick Hovine
Un nouveau trio dans le loft Ecolo
©Belga

Fin du loft Ecolo dimanche, peu avant 18 heures. Les militants verts ont choisi: Philippe (Defeyt), Evelyne (Huytebroeck) et Marc (Hordies) reprennent la direction du parti. Par un score nord-coréen: sur 695 votants, 648 se sont exprimés en faveur du nouveau trio à la barre du secrétariat fédéral (SF) des verts francophones (contre 22 non et 22 abstentions). Soit 96,72 pc de capital de confiance accordé à la nouvelle équipe par l'assemblée générale. Voilà de quoi ragaillardir un parti qui vient de traverser une zone de fortes turbulences. `Putain!, ça fait du bien de sentir quelque chose qui est en train de se passer et qui va permettre de dépasser la crise de sens´, disait, à sa manière, le député wallon Pierre Hardy au cours du débat précédant le vote.À l'applaudimètre personnel, c'est Marc Hordies qui l'a emporté avec 94 pc des voix (contre 93 pc à Huytebroeck et 81 pc à Defeyt). Le député wallon, également sénateur, se définit lui-même comme `décalé´, `hybride entre politique et citoyen´. C'est lui qui devrait s'occuper, au sein du SF, de la gestion interne du parti et des rapports entre la base et l'appareil. À voir sa première prestation, c'est plutôt bien parti... `Il nous faut restaurer la qualité de vie entre nous, sinon on risque de dégoûter des nouveaux venus qui, s'ils sont disponibles, ne sont pas fous non plus´. En plaidant pour `un usage rationnel de l'énergie humaine au sein du parti´, Hordies a ravi l'AG. En ajoutant, pince-sans-rire, qu'il n'est vraiment pas en faveur de `l'épuisement durable´, il l'a fait rigoler. En insistant pour qu'Ecolo reprenne un brin d'impertinence et d'humour - `on pourrait peut-être créer un groupe de travail?´ -, il a carrément mis les militants en poche.

L'autre `nouvelle´ du trio, Evelyne Huytebroeck, s'est aussi taillé son petit succès. Plus posément. Une des missions du nouveau secrétariat fédéral sera de clarifier la position d'Ecolo sur les fameuses convergences avec le PS, insiste-t-elle. À savoir, dans l'immédiat, instaurer, enfin, des modes de travail collectif et efficace entre PS et Ecolo. Et pour la suite? `Une liste d'engagements précis entre socialistes et écologistes permettrait de faire plus et mieux, en toute transparence vis-à-vis des électeurs´. À titre d'exemples: consolider un financement plus solidaire de la sécurité sociale; octroyer le droit de vote aux étrangers; favoriser la création d'un Fonds de mobilité...

Le nouveau SF poursuivra les contacts exploratoires déjà menés par la précédente équipe - dont il rendra compte régulièrement devant le Conseil de fédération (le parlement interne d'Ecolo), continue-t-elle.

Trait d'union entre l'ancienne et la nouvelle équipe, Philippe Defeyt a tenté de trancher avec `le ton un peu professoral qu'on me reproche parfois´. Rires entendus sur les bancs. S'il subsistait un doute sur la position d'Ecolo sur l'échiquier, Defeyt le balaie. `J'ai au moins une certitude: je commence à être fatigué du libéralisme pseudo-social de Reynders, Kubla et consorts´, lance l'ex- et nouveau SF.

Résultat garanti: les applaudissements fusent. Et même un `enfin!´ qui fait rire. `Leur conception sociale est simpliste et fleure bon le paternalisme: on peut donner un peu aux `vrais pauvres´ à condition de ne rien reprendre aux riches´. Sur ce point, tous les écologistes sont d'accord.

© La Libre Belgique 2002


Revenir sur terre Commentaire, par Francis Van de Woestyne La crise qu'Ecolo a connue ces deux dernières semaines a mis au jour des faits qui jettent une lumière assez crue sur les verts et leurs pratiques. Retenons deux éléments. Les divisions internes tout d'abord. On connaissait les deux tendances - les groupes Citadelle et Horizons - qui avaient déjà révélé leurs divergences d'analyse lors de l'assemblée générale du 10 mars dernier chargée d'évaluer le travail d'Ecolo au gouvernement. On s'est rendu compte que ces tendances, loin d'être fortuites, étaient bien vivaces et toujours très influentes. Il est normal qu'un parti politique recèle des sensibilités divergentes, pourvu qu'on ose les assumer clairement. Chez les verts, il n'y a donc pas de pensée unique. Il y a, comme dans tout parti politique, des clans, des coups bas, des affrontements. Tout le monde n'est pas beau et gentil, comme on essaye trop souvent et naïvement de nous le faire croire. La fragilité des structures, ensuite. Une chose est certaine: les verts ne pourront plus longtemps fonctionner avec des structures héritées d'un mouvement amateur. La démocratie interne a été poussée à l'extrême, voire à l'excès. Il y va de la crédibilité de leur message et donc de leur action qui, ils le reconnaissent eux-mêmes, n'est pas toujours visible. Ministres, secrétariat fédéral, parlementaires, mouvement: il est clair que la structure n'est plus adaptée au monde politique professionnel. Les verts ont démontré qu'ils pouvaient se remettre en question. Le plus dur reste à faire: revenir sur terre.

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