La Fraternité de l'Ombre
- Publié le 03-07-2002 à 12h00
Pédophilie sur Internet. Douze pays concernés. Une interpellation à Woluwe
BRUXELLES
Confidence (écoeurée) d'un enquêteur:
`Dég... comme ça, je n'avais encore jamais vu!´
Une bonne cinquantaine suspects - dont un fonctionnaire bruxellois - ont été interpellés hier matin lors d'une vaste opération menée dans douze pays. Elle visait au démantèlement d'un réseau pédophile sur internet auto-baptisé Shadows Brotherhood - la fraternité de l'ombre. Le réseau utilisait des structures assez comparables à celles des filières de stups et des organisations terroristes.
Il était hiérarchisé: 23 administrateurs supervisaient les forums de discussion et prodiguaient les conseils de sécurité à la centaine de clients disséminés sur la planète (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Pays-Bas, Espagne, Canada, Danemark, Italie, Roumanie, Suède et Suisse et surtout l'Allemagne!).
Les membres recevaient des étoiles qui leur ouvraient de nouvelles portes au sein du site, sorte de château truffé de passages secrets. La seule façon de gagner des étoiles consistait à ajouter des images d'enfants violés ou victimes d'autres abus et à les rendre accessibles aux autres membres du réseau.
Des dizaines d'ordinateurs ont été saisies. Les policiers savent qu'ils trouveront des images, des CD et des vidéos pédophiles. Parmi les contre-techniques utilisées par le réseau, des codes-serveurs déguisés et des systèmes assez complexes faisant en sorte que les photos, vidéos et autres commandes faites par les membres n'étaient visibles que quelques heures sur internet avant de disparaître.
Deux-tiers des suspects - 31 sur 50 - sont Allemands.
En début d'année, 17 avaient déjà été interpellés discrètement. Les renseignements sont à l'origine de l'opération de hier baptisée Twins. Elle était coordonnée, en Europe, par Europol.
En Belgique, trois perquisitions ont donc été menées à Anvers (matériel saisi mais pas d'arrestation), à Kortenberg près de Louvain (au siège d'une entreprise internationale dont le réseau utilisait une des adresses e-mai... ce qui n'implique pas forcément qu'un ou des membres du personnel l'utilisaient) et à Woluwe-St-Lambert où un suspect, un célibataire vivant chez papa-maman, fonctionnaire et féru d'informatique a été relaxé après audition par le juge Th. Freyne. Son matériel n'en sera pas moins examiné par la Computer Crime Unit.
© La Dernière Heure 2002