Marges budgétaires modérées à l'horizon wallon
Le Centre de recherches sur l'économie wallonne des Facultés universitaires de Namur vient de publier ses projections budgétaires 2002-2012 pour la Région wallonne. Le professeur Robert Deschamps nous les a commentées
- Publié le 30-06-2002 à 00h00
ENTRETIEN
Le Centre de recherches sur l'économie wallonne des Facultés universitaires de Namur vient de publier ses projections budgétaires 2002-2012 pour la Région wallonne. Le professeur Robert Deschamps nous les a commentées.
Quels sont les fondements de ces projections?
Le point de départ est le budget initial 2002 de la Région wallonne. On suppose que les politiques et les modes de financement, sur les dix années de la projection, resteront inchangées. On peut ainsi dégager une série d'agrégats, comme le solde net à financer et les marges de manoeuvre disponibles annuellement pour la Région wallonne.
Quelle est l'ampleur de ces marges?
Elles sont inexistantes en 2002 et faibles en 2003. A partir de 2004, et de façon variable selon les années, des marges plus importantes apparaissent. A l'horizon de 2012, les marges cumulées dépassent le milliard d'euros. La question, pour le gouvernement, est d'en déterminer l'affectation: augmenter des dépenses jugées prioritaires, réduire la fiscalité régionale ou réduire l'endettement.
Annuellement, les marges budgétaires restent modérées...
Elles équivalent, chaque année, à un peu plus de 1 pc des recettes de la Région.
Quelle (s) affectation (s) des marges préconisez-vous?
Pour moi, comme pour de très nombreux économistes, la Wallonie doit privilégier le soutien à la croissance économique et à la création d'emplois marchands. Ce soutien passe par trois leviers majeurs: la formation des adultes, la recherche et développement, l'investissement des entreprises. Pour les deux premiers, ça implique un accroissement des dépenses publiques, alors que le troisième levier devrait être activé davantage par une réduction de la fiscalité des entreprises que par une hausse des subsides.
Vous continuez à dénoncer le poids financier excessif, dans le budget régional, des transferts aux pouvoirs locaux. La récente réforme des provinces, à cet égard, est une occasion manquée?
Compte tenu des marges et des priorités, la question se pose de savoir si la Région wallonne ne devrait pas réduire la part des moyens alloués à l'administration et aux pouvoirs locaux, dont principalement les provinces. Comparativement à la Flandre, la Wallonie subsidie nettement plus les provinces. Dans le même temps, ces mêmes provinces taxent bien plus que leurs homologues flamandes... De ce point de vue, la réforme des provinces wallonnes constitue un très petit pas dans la bonne direction. A vrai dire, je n'ai pas encore trouvé d'arguments objectifs plaidant en faveur du maintien des provinces.
© La Libre Belgique 2002