Worldcom ouvre la boîte de Pandore
Le deuxième opérateur américain de téléphonie longue distance a renvoyé mardi soir son directeur financier Scott Sullivan et annoncé qu'il retraiterait ses résultats des cinq derniers trimestres, effaçant tous les profits revendiqués depuis début 2001
- Publié le 26-06-2002 à 00h00
Le deuxième opérateur américain de téléphonie longue distance a renvoyé mardi soir son directeur financier Scott Sullivan et annoncé qu'il retraiterait ses résultats des cinq derniers trimestres, effaçant tous les profits revendiqués depuis début 2001.
WorldCom a reconnu avoir comptabilisé des dépenses d'exploitation, telles que des frais habituels de maintenance de réseaux, en tant qu'investissements productifs, ce qui lui permettait de gonfler son cash flow et de publier artificiellement des bénéfices. Le spectre de la faillite plane désormais sur WorldCom, jadis saisi d'une frénésie d'acquisitions qui avait propulsé son action en apesanteur à la fin des années 90, jusqu'à plus de 64 dollars en 1999. Le titre a été suspendu en avant-Bourse après avoir plongé de 83pc à neuf cents. Plus de 13,6 millions de titres ont été échangés en l'espace de 12 heures. WorldCom faisait déjà objet d'une enquête de la commission américaine des opérations en Bourse, la Securities and Exchange Commission (SEC) et, selon le Washington Post, le département de la Justice avait ouvert une enquête pénale.
Le groupe, qui dit avoir découvert l'irrégularité comptable lors d'un audit interne de routine, pourrait avoir du mal à obtenir un financement de cinq milliards de dollars, sans lequel il pourrait se retrouver en manque de liquidités l'année prochaine, voire en faillite, aux dires d'analystes. La dette de 30 milliards de dollars est notée au rang d'obligations pourries (`junk bonds´), mais aucun versement n'est prévu pour les deux prochains trimestres. En réaction, dès mardi soir, WorldCom a annoncé 17000 suppressions d'emplois, soit plus de 20pc de ses effectifs, à partir de vendredi, afin d'économiser environ 900 millions de dollars par an. WorldCom avait éclaté sur la scène mondiale en 1997 en lançant une OPA hostile sur son concurrent MCI, bien plus gros que lui, racheté au nez et à la barbe du britannique BT Group.
Double choc pour Alcatel
Le scandale a créé une onde de choc parmi ses concurrents dans les télécoms, chez les équipementiers du secteur, comme Alcatel en chute de 16,47pc. L'action Alcatel a chuté mercredi à la Bourse de Paris dans un contexte alourdi par l'annonce d'un plan de restructuration complémentaire chez l'équipementier français en télécommunications qui va procéder, en outre, à 10000 suppressions d'emplois supplémentaires.
L'effectif, de 99000 salariés à la fin de l'année dernière, sera réduit à environ 70000 avant la fin de 2003, a annoncé Alcatel dans l'après-midi.
Avant de procéder aux suppressions d'emplois supplémentaires, le groupe va effectuer au préalable une étude de rentabilité, passant en revue ses différentes activités, pays par pays. Les postes pourront être supprimés par le biais de licenciements mais aussi de non renouvellement de contrats, d'externalisation ou de cessions d'activité.
Au total, le groupe, qui comptait 110000 employés à la fin de l'an 2000, aura supprimé quelque 40000 emplois en trois ans. Les investisseurs ont plutôt mal réagi à l'avertissement lancé par Alcatel, qui a prévenu que son résultat opérationnel serait de nouveau négatif en 2002. Une mauvaise nouvelle de plus.
© La Libre Belgique 2002