Le traité d'electropicalisme de P 18

C'est certain, on ne sort pas impunément d'une aventure aussi folle que celle de feu la Mano Negra, groupe historique de la scène alternative française. Surtout quand, comme Tom Darnal, on s'y est investi tout entier. Forcément, cela laisse des traces

LAURENT HOEBRECHTS
Le traité d'electropicalisme de P 18
©D.R.

RENCONTRE

C'est certain, on ne sort pas impunément d'une aventure aussi folle que celle de feu la Mano Negra, groupe historique de la scène alternative française. Surtout quand, comme Tom Darnal, on s'y est investi tout entier. Forcément, cela laisse des traces.

P 18 en 1999, au moment où sort le premier album, `Urban Cuban´, c'est ça: une séquelle de la Mano. Tom Darnal retourne sur les terres d'anciens exploits -Cuba-, retrouve le clan Teuntor, extraordinaire famille de musiciens, et dessine les contours d'une fusion entre salsa et electro, son et drum'n'bass. P 18, comme trait d'union entre Paris et La Havane, entre tradition et modernité.

Révolution

Avec `Electropica´, deuxième essai sorti récemment, la donne a cependant considérablement changé. L'air de rien, une petite révolution s'est opérée. Là où `Urban Cuban´ avait encore un pied dans l'univers de la Mano, `Electropica´ s'émancipe totalement de cet héritage. `Et bien, il était temps!, rigole Tom Darnal. Ce n'est pas une histoire de rupture avec le passé. Mais il fallait pousser les choses plus loin pour mieux coller à l'univers que tu veux développer. Le premier album était très spontané. Je n'étais pas encore à ce stade de la réflexion. Mais le temps passe. Et puis quand tu tournes comme on l'a fait pendant quasi deux ans, tu vois pas mal de formations, des pointures, comme Underworld ou Ruben Blades. Cela t'inspire, ça te donne des éléments de réflexion. J'avais parfois un peu l'impression de tourner en rond. Et pour sortir de ça, il n'y a rien de tel que de faire des rencontres.´

La rencontre, c'est notamment celle de Laurent Collard, ingénieur du son chez F-Com, label de Laurent Garnier, parrain de la techno française. Darnal va faire appel à lui pour dresser les chevaux fous d'`Electropica´, nés de l'énergie du live. `Sans l'avoir rencontré, je connaissais Laurent par ses disques. Ce qui est encore mieux. J'avais flashé sur la qualité de ses productions. J'ai souvent tendance à privilégier un son plutôt crado, alors que lui c'est toujours très clean. Je me suis dit que des contraires pouvait sortir quelque chose de bien.´

Pour Darnal, habitué à travailler aux relations, à l'affectif, la méthode de travail est inédite. Au début, d'ailleurs, la paire tâte prudemment le terrain. `Cela a mis longtemps à démarrer. Chaque fois que j'avais terminé un morceau, je l'envoyais à Laurent. Et puis je ne voyais rien revenir. À chaque fois que je l'appelais, il faisait diversion. En fait, il lui fallait un temps de réflexion pour écouter et se mettre au diapason. Il a dû intégrer toutes ces percussions, ces rythmes particuliers, qui ne sont pas habituels pour la house. Il se demandait comment mixer cela.´

Orishas

Alors pour l'aiguiller, Tom Darnal lui explique la nature des différents orishas, divinités de la religion santeria afro-cubaine qui habitent la majeure partie du disque. `Chaque orisha a son univers particulier, son caractère, ses couleurs,... Il faut avoir cela en tête pour peindre ce tableau. Alors on s'est imaginé faire une sorte de musique de film, dont les orishas seraient les super-héros un peu futuristes.´

`Electropica´ est ainsi à des lieues de l'ambiance sonore de `Urban Cuban´. Plus langoureux, le disque louche volontiers du côté de la house ou de l'afro- funk. Il se fait aussi moins directement revendicatif aussi, moins politique. `On a toujours une vision alternative du milieu de travail et du show-business: on est juste en licence, on édite nous-mêmes, on produit nous-mêmes, on fait le booking nous-mêmes... Mais maintenant est-ce qu'il y a besoin pour affirmer cela de mettre des `bombers´ noirs, ou de dessiner sur les pochettes un gros A entouré d'un cercle. Il y a moyen de laisser de côté les oripeaux d'épouvantails libertaires, et à la place peindre une société meilleure, faire des projections futuristes super belles avec plein de couleurs, du design, des choses classieuses, tout en gardant le même esprit. Je préfère avoir ma petite structure et envoyer des images colorées, fraîches, sympas, sexys.´

© La Libre Belgique 2002


Couleur Café, saveurs d'été Urbain et métissé, mêlant tradition et modernité, Couleur Café fait chaque année voyager. Trois scènes, un souk, des échoppes multicolores, des guinguettes exotiques,.... squatteront à nouveau le site de Tours et Taxi, du vendredi au dimanche. Inventaire non exhaustif d'un week-end hautement festif. DÈS LE VENDREDI 28 JUIN, Couleur Café donne le ton d'un fstival qui sera très fusion. Entre rock et raï (Rachid Taha), rap et son cubain (Orishas) , rumba et funk (les Barcelonaisde Macaco) ou jazz et hip hop (US 3). A côté de cela, seront également de la partie Geoffrey Oryema à la voix toujours aussi bouleversante ou encore Horace Andy, dont le reggae-dub fait merveille. LE SAMEDI, l'electropical de P 18 ou celui des Brésiliens de Zuco 103 se frotteront à la salsa de Los Van Van ou à la samba-reggae de Daniela Mercury, notamment. DIMANCHE, trois gros morceaux reggae sont programmés: le Sud-Africain Lucky Dube; le parrain du genre, l'immense U-Roy; et le jeune et percutant Sizzla. Le même jour, juste après Mory Kante, Cesaria Evora (en médaillon) viendra une nouvelle fois susurrer ses chansons sucrée-salée, tandis que le Français Sinclair, simple et funky, clôturera les festivités.

Vous êtes hors-ligne
Connexion rétablie...