Un grand match... un beau public

Un grand match... un beau public
©EPA

William Waseige, le fils de Robert, a vibré pour les Diables

Quelques clichés de l'ambiance torride de la grand-place

LIÈGE Les copains viennent féliciter William Waseige. Le match est fini, le café se vide. Mais l'ambiance reste à la fête. `Je n'en démords pas´, lâche William. Belge ou pas Belge, fils de Waseige ou pas, la Belgique a livré un grand match. `Et ça n'aurait pas été choquant qu'elle gagne. ´ Malgré tout, le fils du sélectionneur national ne cache pas sa déception. `Je suis triste et frustré parce que c'était jouable.´ Et jusqu'au goal de Rivaldo, il y a cru. `Les Belges sont admirables, et les Brésiliens mauvais. Ils ne méritent pas d'être menés 1-0.´
Porté par son espoir et par les cris des supporters, William accompagne chaque action de gestes de la main, souffle, sue, bondit avec la foule dès que le ballon pouvait rentrer dans les filets. Comme son père, il mastique un chewing-gum, passe ses doigts sur son nez. Il fait trop chaud dans le café bondé. `Mais je préfère être ici, vivre l'ambiance en Belgique plutôt qu'être au Japon. C'est fantastique, cette ambiance, ce patriotisme. Il n'y a que le foot qui réussit à faire cela!´

La tête haute

William avait déjà vécu un grand moment lors du match contre la Russie qu'il a suivi dans le même café situé en plein Carré. C'était sa première sortie. Mais il avoue: `J'ai pris un risque énorme, car contre la Russie c'était tout ou rien.´ Les deux premiers matches des Belges, William les a vus chez lui, au calme. `Je n'avais pas envie d'affronter des critiques contre mon père, j'aurais réagi.´
Hier, c'était différent. Plusieurs fois au cours du match, des supporters félicitent Robert Waseige. `Il n'y a pas de pression ici, explique-t-il. Je ressens cent fois moins de stress. Face à la Russie, ils étaient obligés de gagner. Contre le Brésil, ils ont moins de chance sur le papier, mais ils peuvent déjà sortir la tête haute.´

A ce moment, Wilmots venait de mettre ce que toute la salle croyait être un but. Les Belges qui ouvrent la marque! L'hystérie retombe comme un soufflé. L'arbitre, qui voit une faute, se fait traiter de `Gestapo, Gestapo, Gestapo´. William se tient la tête: `Je ne comprends pas!´

A dix minutes de la fin, il y croit toujours: `C'est dur, mais c'est jouable. Allez!´ Mais Ronaldo provoque l'abattement général. Le silence ne se brise qu'avec l'action de Goor qui fait rebondir les coeurs. `Non, non, c'est raté, c'est fini.´ Passée la déception, William se ressaisit: `Je suis fier, d'être belge, fier de mon père qui a été le coach de cette équipe qui a livré un grand match!´


Estelle Aubert

"Tu veux jouer? Le Brésil va te l'enseigner!"

La fête brésilienne a joué les prolongations

BRUXELLES Dans les rues bruxelloises, la canicule déshabillait les premières supportrices belges... Que dire alors de celles, brésiliennes, qui se sont enfermées dans un bar sans air conditionné pour assister au match de l'année?
Si devant l'entrée de A canoa quebrada, il faisait 30°, alors, à l'intérieur, il fallait compter autant de caipirinhas, de pas de samba et de tambours pour rafraîchir les quelque 40° habituels d'un mois de juin sur la plage de Copacabana.
Il va sans dire que les `gooooool ´ suivis aussitôt d'un cri de déception ne se sont pas fait attendre. Une bière bien glacée pour tuer la chaleur, et la gorge des Ronaldinhas et des Ronaldinhos était de nouveau prête à lancer des `Quer jogar? O Brasil vai-te ensinar! ´, soit `Tu veux jouer? Le Brésil va te l'enseigner!´
Les pronostics avant-match étaient, bien évidemment, favorables aux auriverdes. Agogo, gongo, cuca, bref mille et un instruments tapissaient les commentaires du grand écran. Et, dans ce brouhaha, pouvait-on à peine lire un accent au goût de canne à sucre dans les lèvres de Joana : `Le score sera de 4-0. Deux buts de Ronaldinho (comprenons Ronaldjinho), un de Rivaldo et un dernier de Roberto Carlos.´
Avec la sainte Vierge dans un coin de la salle, elle aussi tournée vers le grand écran, les macumbas ont vu leurs prières s'exaucer, d'abord par le tir de Rivaldo et ensuite par le but de Ronaldo.
Les quelques supporters belges ont abandonné leurs bombes. Par contre, les Brésiliens n'ont plus quitté leurs sifflets. Si le bar semblait infime pour autant de gens, le mouvement de hanches au rythme de la samba et de la Bahia axé ont effacé tout soupçon d'exiguïté. Le Brésil était qualifié.

Tel un rafraîchissant plongeon dans l'Atlantique, les drapeaux canarinhos se sont alors dirigés vers la rue du Marché au charbon. Lentement, ils ont ensuite nagé jusqu'à la Bourse.

Bruno Costa

© La Dernière Heure 2002


"Je suis fière des joueurs!"

ROCOURT C'était une première pour Aline Waseige. `Je n'ai jamais regardé un match en entier depuis le début de la Coupe du monde. Mais là je n'ai loupé que les dix premières minutes de la seconde mi-temps. Mais cette fois, ça m'a pris, c'était palpitant!´
Comme à son habitude, l'épouse de l'entraîneur a regardé le match seule. `Tant mieux! Mes petits-enfants devaient venir. J'ai failli aller à Bruxelles et finalement, j'étais à la maison, seule.´ La tension est trop difficile à supporter pour elle , tout comme pour un de ses trois fils qui va au cinéma pendant les matches! `Moi, je préfère être seule. D'ailleurs, je débranche tout, le téléphone, le portable, je ne veux pas être dérangée.´ Tout le contraire de son mari qui parvient à donner l'impression d'être calme. `Je suis si stressée que j'ai l'impression d'avoir de la fièvre et la tête qui va exploser!´, raconte Madame Waseige.

Comme les milliers de supporters de l'équipe nationale, Aline Waseige y a cru, `dur comme fer´. `On les a fait douter ces Brésiliens. L'équipe belge a opposé une belle résistance. Ils étaient plus présents par moments que les Brésiliens´, analyse-t-elle à froid. Malgré tout, ce match reste pour elle une belle victoire. `Je ne suis pas déçue. Mon mari non plus. Je l'ai eu très rapidement au téléphone, quelques minutes à peine parce qu'il était attendu pour donner des interviews. Il était calme. Il faut croire qu'il a bon coeur! Vraiment, il était heureux et content pour son équipe´, rapporte encore son épouse. Et de rajouter aussitôt: `Ça cloue le bec à certaines personnes.´ Rien n'entamera l'enthousiasme de Madame Waseige. `Je suis heureuse et très fière des joueurs. Encore plus de mon mari. C'est un homme exceptionnel. Il a prouvé qu'il était un vrai professionnel!´
Seule ombre au tableau, le but de Marc Wilmots, refusé. `Mon mari me l'a dit: l'arbitre s'est excusé. Mais bon, ce n'est pas juste.´ Fervente jusqu'au bout, Madame Waseige a encore regardé les commentaires d'après-matches à la télévision. Avant de tondre la pelouse pour se détendre un peu! Il sera encore temps aujourd'hui de préparer le retour de son mari, attendu pour mercredi.

E. A.

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