Un chercheur musicien couronné

D'une valeur de 100000 €, auxquels s'ajoutent 25000 € octroyés au laboratoire de recherche, le Prix Francqui a été attribué cette année au Dr Peter Carmeliet, professeur de médecine à l'université de Leuven (KUL), pour ses travaux de renommée internationale dans les domaines médical et scientifique de l'angiogenèse, soit la formation de nouveaux vaisseaux, et de la pathogenèse des désordres cardio-vasculaires

Laurence Dardenne
Un chercheur musicien couronné
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Entre la flûte traversière et la recherche fondamentale, son coeur a balancé, un moment. Nous avons peut-être perdu un musicien de talent, qui le reste néanmoins à ses heures en famille. Mais nous avons certainement gagné un grand chercheur. Du moins à en juger par la prestigieuse récompense reçue, jeudi, des mains du roi Albert II.

D'une valeur de 100000 €, auxquels s'ajoutent 25000 € octroyés au laboratoire de recherche, le Prix Francqui a été attribué cette année au Dr Peter Carmeliet, professeur de médecine à l'université de Leuven (KUL), pour ses travaux de renommée internationale dans les domaines médical et scientifique de l'angiogenèse, soit la formation de nouveaux vaisseaux, et de la pathogenèse des désordres cardio-vasculaires.

A l'aube de la quarantaine, ce Louvaniste se consacre donc depuis une dizaine d'années à l'étude de l'angiogenèse. Il tente de mieux comprendre comment le coeur et les vaisseaux se développent et peuvent être affectés par des maladies telles que l'artériosclérose, la thrombose, les hémorragies, l'ischémie cardiaque et cérébrale, l'hypertension, l'arythmie, les anomalies cardiaques... Cette liste non exhaustive des pathologies donne une idée de l'intérêt que les retombées de tels travaux peuvent avoir pour l'humanité.

L'angiogenèse, qui peut être définie comme la formation de nouveaux vaisseaux, joue en effet un rôle central dans l'organisme humain. Réduite, elle peut mener à un manque d'oxygène et à une ischémie cardiaque et cérébrale assortie de lourdes conséquences, voire à une paralysie des membres inférieurs. Excessive, l'angiogenèse peut déboucher sur la formation de tumeurs ou encore stimuler de l'arthrite chronique, voire mener à une cécité liée au diabète. C'est dire l'importance de décrypter tous les mécanismes de ce processus qui peut également être à l'origine d'affections comme l'obésité, l'ostéoporose ou l'alopécie (perte de cheveux), notamment.

Du rongeur à l'homme

`Pour étudier le rôle de divers gènes dans le cadre de l'angiogenèse et des maladies cardiovasculaires, nous avons créé des souris transgéniques´, explique le Dr Carmeliet qui, par criblage génétique, tente à présent de voir si des patients souffrant de certaines pathologies présentent les mêmes défauts génétiques. Car du rongeur à l'homme, il y a encore de longues étapes à franchir, même si les études réalisées par l'équipe de Louvain ont déjà contribué au développement de nouveaux traitements. Ainsi a-t-on pu démontrer le grand intérêt que pouvaient jouer les inhibiteurs de l'angiogenèse dans le traitement du cancer ou de l'arthrite, notamment. `S'il n'est pas question de parler de guérison, au stade actuel, on peut néanmoins dire qu'une inactivation d'un de ces récepteurs du facteur de croissance endothélial vasculaire (VEGF) ralentit considérablement le développement de ces maladies, entre autres en inhibant le recrutement de cellules souches.´

Et ce ne sont là que quelques-unes des découvertes à mettre à l'actif de ce professeur qui s'est également distingué dans le domaine de la coagulation, justifiant amplement ce prix attribué par la Fondation Francqui pour la valeur intrinsèque de sa recherche, l'applicabilité, la formation d'une équipe, les caractéristiques didactiques et sa contribution au bonheur de l'humanité.

© La Libre Belgique 2002


Pour la grippeAlors que le roi Albert II remettait jeudi le prix Francqui, c'est la princesse Astrid qui était chargée de la remise du Prix Interbrew-Baillet Latour de la santé 2002, consacré cette année au thème de la grippe. D'un montant de 150.000 €, cette récompense est allée au Dr Robert M. Krug, professeur à l'université d'Austin, au Texas. Le programme de recherche de ce médecin se base sur l'idée que l'homme pourra se défendre contre les infections dues au virus Influenza si l'on possède une meilleure compréhension des mécanismes moléculaires de la reproduction du virus `Des découvertes qui devraient mener au développement de nouveaux médicaments d'ici 5 à 10 ans´, nous a-t-il confié. (L.D.)

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