Internet, `bordel´ sans frontières
Angela se déplace chez vous ou à l'hôtel pour massage. 24h/24.´ La publicité pour la prostitution est interdite mais tout un chacun sait que les rubriques `masseuses´ des petites annonces ne sont pas remplies de kinés disponibles 24h/24
- Publié le 06-06-2002 à 00h00
A ngela se déplace chez vous ou à l'hôtel pour massage. 24h/24.´ La publicité pour la prostitution est interdite mais tout un chacun sait que les rubriques `masseuses´ des petites annonces ne sont pas remplies de kinés disponibles 24h/24.
Depuis l'essor d'Internet, finies ces précautions, les clubs privés et autres centres de massage s'affichent sans équivoque possible. Quand il ne s'agit pas carrément de sites individuels d'escort girls, voire de véritables annuaires internationaux contenant, photos à l'appui, les numéros d'appel de ces dames. Nous avons même reçu l'adresse de sites, véritables `Test-achats´ sordides où les clients commentent leurs bonnes ou mauvaises expériences.
Si ce dernier type de site ne tombe pas sous le coup de la loi - ce n'est pas de la publicité, juste du `conseil´ -, il n'en va pas de même des autres.
Toutefois, est-il réaliste de poursuivre les auteurs de ces sites qui pullulent sur le Net pour autant qu'on sache où aller les chercher? `Rien n'indique que l'offre de services sexuels par le biais d'un site Internet n'est pas faite librement donc tant qu'il n'y a pas de mineurs exposés, il semble contre-productif de vouloir punir pénalement. Internet est un bon moyen pour les prostituées indépendantes de se constituer une clientèle sans passer par un souteneur´, a résumé, vendredi, le professeur Gert Vermeulen, directeur de l'Institut de recherches internationales sur la police criminelle de l'université de Gand, lors d'un colloque sur la traite des êtres humains et Internet, organisé par la sénatrice Magdeleine Willame (CDH) et la commission `Traite des êtres humains´ du Sénat.
Plus pernicieux, les sites de `rencontres´ de candidates à l'expatriation de soi-disant agences matrimoniales, implantées notamment dans les pays de l'Est, ne sont souvent que de simples paravents pour tourisme sexuel. Les poursuites sont, dans ce cas, possibles grâce au principe d'extraterritorialité.
Priorité aux mineurs
Le problème est ici plus général: la cellule `traite des êtres humains´ de la police fédérale et le Computer crime unit (CCU) ne peuvent pas tout poursuivre. Leur priorité est donc claire: l'implication de mineurs et, dans le domaine de la cybercriminalité, la lutte contre la pédopornographie accapare la plupart de leur temps. Mais si la Belgique dispose d'un arsenal législatif jugé bon, et bientôt complété par un arrêté royal qui obligera les fournisseurs d'accès à Internet à conserver certaines données (adresses IP, log in...) à la disposition de la justice pendant minimum 12 mois, les spécialistes du Net ont toujours une longueur technique d'avance sur les enquêteurs.
Etant donné que la collaboration internationale, nécessaire en la matière, est encore balbutiante, il ne reste à nos policiers spécialisés que la volonté de collaborer avec des fournisseurs d'accès et leur ardeur au travail comme atouts. C'est déjà ça mais cela reste peu face à l'ampleur de la tâche.
© La Libre Belgique 2002