`Enfin, un colonisé va s'exprimer´
Sapé comme un prince, avec une jaquette rouge à boutons dorés, le peintre kinois Cheri Samba était reçu hier, en grandes pompes, à la maison communale d'Ixelles pour l'inauguration de sa grande fresque. Elle sera dévoilée dimanche à 17h, dans le cadre de `Matonge en couleurs´, une fête populaire à la porte de Namur à Bruxelles. `Enfin, un colonisé va s'exprimer chez un colonisateur´, s'exclame Cheri Samba
- Publié le 05-06-2002 à 00h00
Sapé comme un prince, avec une jaquette rouge à boutons dorés, le peintre kinois Cheri Samba était reçu hier, en grandes pompes, à la maison communale d'Ixelles pour l'inauguration de sa grande fresque. Elle sera dévoilée dimanche à 17h, dans le cadre de `Matonge en couleurs´, une fête populaire à la porte de Namur à Bruxelles. Hier, le tableau était présenté à tous ceux - nombreux - qui ont rendu possible cette expérience unique. La fresque de 13X 15 m sera dressée au-dessus des magasins Hema et Pearle Vision, juste devant la chaussée de Wavre. `Enfin, un colonisé va s'exprimer chez un colonisateur´, s'exclame Cheri Samba. `Je ne suis pas seulement un égayeur, mais un poseur de questions qui veut faire changer les habitudes. Je ne suis pas un artiste populaire au sens de naïf, mais je pars de ce que le peuple vit et sent et j'en fais de l'art´.
Sur la fresque, on reconnaît au centre, Samba lui-même, sa femme et sa fille. Dans la foule on vend des Wax, on se fait couper les cheveux, des passions mixtes naissent (un Européen embrasse une Africaine et inversement). A l'avant-plan, des gens attablés devisent. Un Africain dépose son cerveau sur la table pour se moquer de ceux qui estiment que les Africains ne peuvent penser tout seuls. Des filles montrent leurs cuisses au grand dam de certaines `mamans´ de Matonge. `Matonge, porte de Namur, porte de l'amour´ vante la tolérance et la richesse de la multiculturalité. Cheri Samba a peint sur toile et ce week-end ce tableau sera reproduit en très grand sur une bâche spéciale.
L'histoire de ce projet est émaillée de surprises, la dernière étant que le propriétaire de la façade a changé et que la fresque qui devait rester deux ans, ne pourra sans doute rester que quelques mois, le temps pour le nouveau proprio d'aménager des lofts. L'opération veut renouer les fils avec ce quartier congolais qui frisa comme on le sait l'émeute il y a quelques mois. La fresque est une des premières manifestations d'Africalia, vaste projet d'aide culturelle à l'Afrique qui a mis du temps à démarrer.
© La Libre Belgique 2002