La Région wallonne exige des comptes
Aux lendemains de l'information livrée la veille aux syndicats sur le gel de lourds investissements prévus sur trois sites continentaux - dont Liège -, Arcelor n'a pas fait de communiqué comme nous l'avions indiqué (La Libre du 4 juin). Mais il n'empêche que le géant mondial de l'acier, né de la fusion d'Usinor, d'Aceralia et d'Arbed a confirmé les décisions
- Publié le 04-06-2002 à 00h00
Aux lendemains de l'information livrée la veille aux syndicats sur le gel de lourds investissements prévus sur trois sites continentaux - dont Liège -, Arcelor n'a pas fait de communiqué comme nous l'avions indiqué (La Libre du 4 juin). Mais il n'empêche que le géant mondial de l'acier, né de la fusion d'Usinor, d'Aceralia et d'Arbed a confirmé les décisions.
A Liège, la centrale de cogénération (vapeur/électricité) prévue pour fin 2003 est reportée. Electrabel, qui avait enlevé le marché, se contente d'une réaction laconique. `Nous prenons juste acte de la décision d'Arcelor de reporter la construction de la centrale électrique. Il n'est pour l'instant pas question d'annuler le contrat. Si tel devait être le cas, il y a des indemnités qui sont prévues´, dit Philippe Massart, porte-parole d'Electrabel. Il souligne que la construction de la centrale électrique devrait permettre à Cockerill Sambre de faire des économies sur sa facture énergétique. L'entreprise bénéficiera, en passant, d'une installation moderne pour la transformation des gaz émanant de ses hauts fourneaux en électricité et en chaleur. Au bout du compte, elle polluera moins. Dans cette démarche de la part d'Arcelor où le groupe Cockerill Sambre est mis en balance avec les sites continentaux de Brême (Allemagne) et de Florange (France), le bassin sidérurgique liégeois présente toutefois des avantages.
Il dispose d'une sidérurgie intégrée. `Nous recevons le minerai à partir duquel nos hauts fourneaux fabriquent de la fonte. Ensuite, nos aciéries produisent de l'acier, qui passe ensuite dans les laminoirs pour donner des coils. Ceux-ci sont acheminés par bateaux vers nos usines à froid, qui les transforment en tôles préfinies qui sont utilisées dans l'automobile, le bâtiment, l'électroménager et l'emballage´, explique Louis Smal, secrétaire principal de la CSC métallos de Liège (lire interview ci-dessous) pour l'automobile, le bâtiment, l'électroménager et l'emballage.
Des secousses dans l'air
Quant au site de Brême, tout s'arrête après le laminoir. `Ils n'ont pas de ligne de galvanisation et leurs résultats d'exploitation sont aussi dans le rouge que nous. Leur prix de revient tourne autour de 210-215euros la tonne´, avance-t-on du côté des organisations syndicales liégeoises.
Malgré un prix de revient avantageux (175 euros la tonne), le site de Florange présente cependant un aspect négatif. Il ne dispose pas de deuxième coulée continue. Par conséquent, sa production d'acier plafonne à près de 2,2 millions de tonnes.
Par ailleurs, il produit principalement du fer blanc utilisé dans le secteur de l'emballage (canettes de coca). `Mais Florange est déjà passé à un plan Delta, ce que Liège peine à mettre en marche. Florange a fait Delta et il est urgent que nous le fassions aussi.´
Outre les ouvriers chez qui la tension monte au vu des décisions que prend Arcelor, la Région wallonne demande à son tour des explications aux responsables de Cockerill Sambre. Pour rappel, elle avait converti ses actions Cockerill Sambre en actions Arcelor, mais n'a pas pour autant abandonné Cockerill Sambre à son triste sort. `Nous avons demandé la convocation du comité de concertation et de suivi pour avoir des explications sur le gel des investissements décidé part Arcelor. Il se réunira la semaine prochaine et nous verrons plus clair´, dit-on à la Société de gestion des participations de la Région wallonne (Sogepa).
`Nous sommes aujourd'hui dans Arcelor et Liège est un site comme un autre du géant mondial de l'acier. Il doit prouver qu'il tient la corde et peut être compétitif. Peut-être que la décision va réveiller les esprits´, résume-t-on à la Sogepa.
Si la phase à chaud de Liège devait passer à la trappe, il serait difficile à la Région wallonne de voler au secours de l'ex-fleuron de la sidérurgie wallonne.
© La Libre Belgique 2002