De plus en plus de pression sur Yasser Arafat
Un nouvel attentat suicide palestinien a frappé Israël mercredi tuant 16 personnes, dont 13 soldats israéliens, en plus de son ou ses auteurs, déclenchant une importante opération de représailles israélienne à Jénine en Cisjordanie.
- Publié le 04-06-2002 à 00h00
Un nouvel attentat suicide palestinien a frappé Israël mercredi tuant 16 personnes, dont 13 soldats israéliens, en plus de son ou ses auteurs, déclenchant une importante opération de représailles israélienne à Jénine en Cisjordanie.
L’attentat à la voiture piégée est survenu au lendemain de la fin d’une mission du chef de la CIA américaine George Tenet, destinée à accélérer la réforme des services de sécurité palestiniens. Cette réforme est considérée par Washington comme une condition sine qua non pour mettre fin aux attentats.
L’attaque, revendiquée par le mouvement extrémiste palestinien Jihad islamique, a été condamnée largement à travers le monde.
Israël a immédiatement pointé du doigt l’Autorité palestinienne de Yasser Arafat qui a condamné l’attentat et nié toute responsabilité.
Tôt le matin, une voiture piégée a doublé un autobus bondé près du carrefour de Meggido (nord) avant d’exploser, tuant seize personnes, dont les 13 militaires israéliens. Le ou les deux occupants de la voiture piégée ont également péri et 37 autres personnes ont été blessées.
Le souffle a été tel que le bus de 12 tonnes a effectué un tonneau complet, atterrissant sur une barrière de sécurité qu’il a aplatie sur 50 mètres avant de s’immobiliser, la roue arrière dans le fossé, à une centaine de mètres du lieu de l’explosion. Le bus assurait la liaison Tel-Aviv-Tibériade.
Le dernier attentat suicide en Israël remonte au 27 mai, quand deux personnes ainsi que le kamikaze ont été tuées à Petah Tikva.
Meggido se trouve à une quinzaine de km au nord-ouest de la ville autonome palestinienne de Jénine, dont le camp de réfugiés du même nom situé à proximité est un bastion du Jihad islamique.
L’armée a confirmé cette opération, précisant que «des hélicoptères tiraient sur des terrains découverts » afin d’empêcher d’éventuels activistes recherchés de fuir la ville. Elle a aussi procédé à des arrestations, selon la télévision publique.
L’attentat de Meggido est intervenu le jour du 35ème anniversaire du déclenchement de la Guerre israélo-arabe des six Jours de juin 1967, qui avait abouti à l’occupation par Israël de la Cisjordanie, de la bande de Gaza et de Jérusalem-est.
Le président américain George W. Bush, qui a dépêché ces derniers jours des émissaires dans la région pour tenter de trouver les moyens de renouer le dialogue israélo-palestinien, «condamne dans les termes les plus fermes l’attaque terroriste brutale en Israël », a déclaré son porte-parole.
Selon un responsable palestinien qui a requis l’anonymat, le chef de la CIA avait averti mardi M. Arafat que si «les attentats suicide se poursuivraient, les Etats-Unis n’interviendraient plus et Ariel Sharon (le Premier ministre israélien) aurait les mains libres ».
Après l’attentat, un porte-parole du gouvernement israélien, Avi Pazner, a déclaré que «cette atrocité prouve une fois de plus que l’Autorité palestinienne et Yasser Arafat font tout pour encourager les organisations terroristes à poursuivre leurs attentats ».
Un autre responsable israélien a indiqué que son pays comptait sur un «accord tacite » des Etats-Unis pour écarter de la scène M. Arafat.
M. Sharon, qui doit rencontrer M. Bush le 10 juin à la Maison Blanche, va lui dire «de façon claire qu’Arafat doit être mis hors jeu, sinon il n’y aura pas de changement », a indiqué ce responsable qui a requis l’anonymat.
Le cabinet de sécurité israélien s’est réuni le matin sous la présidence de M. Sharon, mais aucune annonce officielle n’a été faite à l’issue de la rencontre qui était prévue avant l’attentat.
Selon la radio publique, M. Sharon devait continuer ses consultations dans la journée avec les responsables de l’armée et des services de sécurité en vue de décider d’éventuelles autres représailles.
Dans le centre de Jérusalem-ouest, une charge explosive de faible puissance a été découverte et désamorcée dans la journée dans un secteur où ont été perpétrés de nombreux attentats meurtriers, selon la police.
Par ailleurs, le colonel Mohammad Dahlane, chef de la sécurité préventive dans le bande de Gaza et proche collaborateur de M. Arafat, a indiqué avoir présenté sa démission à M. Arafat, qui l’a acceptée. Cette démission a fait l’objet d’un «accord entre moi-même et le président Arafat », a dit M. Dahlane.
La direction palestinienne a ordonné mercredi l’arrestation des membres du groupe radical Jihad islamique qui ont planifié l’attentat suicide contre un bus dans le nord d’Israël, a-t-on appris de source officielle palestinienne. Le président Yasser Arafat a rencontré des responsables de sécurité pour discuter de leur réponse à l’attentat, revendiqué par le Jihad islamique, qui a fait 16 morts, dont 13 soldats, outre le ou les kamikazes, au carrefour de Meggido, dans le nord d’Israël. La direction palestinienne avait condamné plus tôt l’attentat, dont Israël a rendu l’Autorité palestinienne responsable. Un responsable palestinien, qui a requis l’anonymat, a indiqué que les services de sécurité avaient décidé d’arrêter les activistes qui ont planifié l’attentat. Toutefois, selon la même source, les responsables palestiniens se sont plaints que les membres des services de sécurité ne soient pas en mesure d’arrêter ces activistes alors qu’Israël mène des incursions quotidiennes dans la plupart des villes de Cisjordanie. Un responsable du Jihad islamique a affirmé qu’un seul de ses membres, Ramzi Samoudi, originaire de Jénine, était l’auteur de l’attentat.