Un grand plan pour sauver nos musées
C'est le plan de toutes les chances ou... de la dernière chance, pour nos dix grands établissements scientifiques: musées, Bibliothèque royale, Observatoire, etc. Depuis des années, de grands efforts ont été fournis mais qui restent largement insuffisants. Le grand public a été régulièrement frappé par des annonces spectaculaires: salles fermées faute de personnel, fuites d'eau dans les salles, vols divers, salles vieillottes, etc.
- Publié le 30-05-2002 à 00h00
ENQUÊTE
C'est le plan de toutes les chances ou... de la dernière chance, pour nos dix grands établissements scientifiques: musées, Bibliothèque royale, Observatoire, etc. Depuis des années, de grands efforts ont été fournis mais qui restent largement insuffisants. Le grand public a été régulièrement frappé par des annonces spectaculaires: salles fermées faute de personnel, fuites d'eau dans les salles, vols divers, salles vieillottes, etc. Ces établissements forment un extraordinaire patrimoine acquis pendant des décennies et qui nous place souvent dans le top mondial en la matière... mais un patrimoine oublié, peu aidé par les pouvoirs publics, peu valorisé auprès du grand public.
Les causes sont parfois internes aux institutions elles-mêmes ou sont liées à la politisation, mais elles résident surtout dans la difficulté pour l'Etat fédéral d'assumer pleinement cet héritage prestigieux `sans commune mesure avec le poids géopolitique du pays´. Comme si la culture ne pouvait plus relever que des deux Comnunautés.
Les dix directeurs, le secrétaire-général Eric Beka, et les deux ministres de tutelle Charles Picqué et Yvan Ylieff ont décidé de frapper fort en mettant au point ce livre blanc de 68 pages intitulé `Horizon 2005´. Pour la première fois, ils ont rédigé un document fouillé, un plan décennal, qui fixe une stratégie claire et chiffre les coûts (en régime de croisière, le plan demande 57 millions d'euros par an et un effort supplémentaire unique de 36 millions d'euros). Ils espèrent que ces grands changements se marqueront de manière visible dès 2005, pour le 175e anniversaire de la Belgique.
Huit grandes actions ont été identifiées.
1L'informatisation. Un retard considérable est à résorber d'urgence, sans quoi des collections entières vont disparaître et des trésors dormiront définitivement. On en reste parfois à l'âge préélectronique. L'informatisation est indispensable pour la conservation du patrimoine comme pour sa diffusion. `Ce qui n'est pas sur Internet n'existera plus dans dix ans´.
2 Maintenir et développer la recherche. L'expertise de ces établissements est grande, mais reste souvent confidentielle, trop dispersée avec des chercheurs sous-équipés. Le plan propose de faire des choix dans les thèmes de recherches, d'inscrire celles-ci dans les grands réseaux d'excellence internationaux et d'évaluer les chercheurs en fonction des objectifs choisis.
3 Moderniser et mettre en valeur le patrimoine. C'est ici que les manques sont les plus criants pour le grand public. Les bâtiments sont parfois en piteux état, la muséographie est antédiluvienne, etc. Les institutions doivent souvent bricoler. La Régie des bâtiments n'a pas de plan à long terme pour financer les travaux. Le livre blanc demande 25 millions d'euros supplémentaires chaque année pendant dix ans.
4 Garantir la sécurité des utilisateurs, des visiteurs, du personnel et du patrimoine. Sans qu'on veuille le dire trop ouvertement, ces établissements sont souvent peu ou pas conformes aux normes de sécurité contre le vol et l'incendie. Un plan d'urgence de 25 millions d'€ non récurrents est nécessaire.
5 Améliorer l'image. Nos musées et institutions sont trop mal connus du public et leur expertise est trop peu utilisée par l'Etat fédéral et par les entités fédérées. Le plan prévoit des mesures: meilleur accueil du public, `art shop´, restos, etc. et insiste pour que les différentes autorités utilisent cette `science´.
6 Améliorer la gestion dans le cadre du projet Copernic. Le plan prévoit d'accroître fortement l'autonomie de gestion des établissements en accroissant aussi le contrôle interne et externe, c'est `l'autonomie responsable´. Il y aura une nouvelle politique du personnel, des engagements de contractuels pour les nouveaux besoins. Et surtout, dans le cadre d'un arrêté royal préparé pour l'instant, toutes les directions de ces établissements seront revues. On désignera dix nouveaux directeurs (des managers) qui passeront les examens ad hoc (les directeurs actuels pourront se présenter). Ils seront épaulés par un directeur `d'appui´ qui apportera l'expertise scientifique.
© La Libre Belgique 2002