`Cette loi est une réponse, pas la réponse´

Les députés ont adopté un projet de loi faisant de la Belgique le deuxième pays au monde, après les Pays-Bas, à légaliser partiellement l’euthanasie. Le texte a été adopté par 86 voix pour, 51 voix contre et dix abstentions. La loi qui encadre strictement la pratique de l’euthanasie, entrera en vigueur dans environ trois mois.

An. H. et P. P.
`Cette loi est une réponse, pas la réponse´
©Jean-Luc Flemal

Si le moment est solennel, l'atmosphère est moins empreinte de cette gravité qui avait marqué le vote, le 25 octobre dernier au Sénat, de la loi dépénalisant l'euthanasie sous conditions. Est-ce parce que les jeux étaient définitivement faits que plus aucun doute ne subsistait?

Toujours est-il que, jeudi soir, à 20h22, la séance plénière de la Chambre approuvait à son tour ce projet de loi par 86 voix pour, 51 voix contre et 10 abstentions. On comptait 3 absents sur les 150 membres de la Chambre: Karel Pinxten (ex-CD&V), José Vande Walle (CD&V) et Annemie Van de Casteele (Spirit).

Dans la majorité arc-en-ciel, à l'origine du projet de loi, socialistes et écologistes ont voté comme un seul homme en faveur du texte autorisant l'euthanasie sous conditions. C'était attendu: des défections ont été enregistrées sur les bancs libéraux. Robert Denis (MR) et Pierrette Cahay (MR) ont voté contre; Philippe Collard, François Bellot et Jacqueline Herzet (aussi MR) se sont abstenus. Du côté VLD, Jef Valkeniers, Yolande Avontroodt et Arnold Van Aperen se sont également abstenus. C'est encore le cas de 4 membres de l'opposition: Vincent Decroly (indépendant, ex-Ecolo), Fons Borginon, Karel Van Hoorebeke et Els Van Weert (tous trois ex-VU). La majorité a par ailleurs pu compter sur l'appui de Ferdy Willems, ex-VU, qui a voté en faveur du texte. Pour le reste, l'opposition PSC (10 voix), CD&V (20), Vlaams Blok (15), FN (1) et 3 ex-VU (Frieda Brepoels, Geert Bourgeois et Danny Pieters) ont voté contre.

Dans sa justification précédant le vote, Tony Van Parys (CD&V) a répété qu'à l'estime des sociaux-chrétiens flamands, cette loi n'était pas une bonne chose pour les citoyens. `Le CD&V a une autre vision de la société: nous voulons des pouvoirs publics qui incitent à la solidarité entre les générations. Nous continuerons à combattre cette loi, aujourd'hui par notre vote, demain devant la Cour européenne des droits de l'homme. Nous ne nous soumettrons pas à cette législation extrême.´

Au nom du PSC, le député Josy Arens a dénoncé `l'absence totale du sens des responsabilités chez les députés de la majorité´. Certains d'entre eux ont reconnu que la loi n'était pas satisfaisante, mais à aucun moment l'arc-en-ciel n'a accepté d'y apporter des changements, martèla-t-il.Daniel Bacquelaine, chef de groupe MR, a répété qu'il votait en faveur de cette loi parce qu'elle n'entravait ni la liberté du patient, ni celle du médecin. `Elle traduit la seule option qui permet à chacun de rester fidèle à sa propre éthique´, estime-t-il.

Thierry Giet (PS) partage cette appréciation: `Il s'agit d'un texte de liberté. Rien n'est imposé. Aucune conviction philosophique ne prend le pas sur l'autre.´ Pour lui, le texte consacre `un acte ultime de solidarité dans la profondeur et l'intimité d'une relation de confiance entre deux êtres humains´.

Cette loi est une réponse, et non `la´ réponse, aux souffrances humaines, insiste Fred Erdman (SP.A). `Il est possible que certains, à cause de leurs convictions éthiques, ne puissent pas l'accepter. C'est leur droit et je le respecte. J'exige le même droit et le même respect pour mon éthique.´

© La Libre Belgique 2002


Pour remonter aux sources du débat - En novembre 1999, les commissions réunies des Affaires sociales et de la Justice du Sénat en Belgique ouvraient le délicat débat d'une éventuelle dépénalisation, sous conditions, de l'euthanasie. En décembre, six sénateurs de la majorité déposaient une proposition de loi en ce sens. Le débat, qui arrive à son terme aujourd'hui, aura donc duré plus de deux ans. Lisez un résumé des différentes étapes de ce parcours. - 14 janvier 2001 : la proposition de loi est votée en commission du Sénat - 3 juillet 2001 : le Conseil d'Etat rend son avis - 22 octobre 2001 : après quasiment deux ans de travaux en commission du Sénat, les propositions de loi sur l'euthanasie et les soins palliatifs débarquent en séance plénière - 25 octobre 2001 : la proposition de loi est votée en séance plénière au Sénat; - 16 mai 2002 : après avoir été débattue et votée en commissions de la Chambre (le 17 avril 2002), la proposition de loi fait l'objet de débats en scéances plénières et est approuvée - A quels principes cette loi obéit-elle, du point de vue du patient et de celui du médecin ?

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