Swissair entraîne Sabena dans sa chute

Benoît Gilson
Swissair entraîne Sabena dans sa chute
©Jean-Luc Flémal

La compagnie suisse demande le concordat et ne versera pas les sommes dues à la compagnie belge: dramatique

BRUXELLES L'avenir est de plus en plus sombre pour la Sabena. Hier, Swissair a demandé le concordat. Elle ne pourra pas recapitaliser la compagnie belge qui aura désormais, encore moins qu'hier, les moyens de survivre. Voici les faits à retenir de la journée d'hier.

Swissair demande le concordat. Dans l'incapacité de faire face à ses échéances et sans solutions de financement immédiates, Swissair Group a mis ses activités aériennes (Swissair) en concordat. 2/3 de ses activités seront reprises par sa filiale Crossair qui a été revendue à deux banques suisses. Les autres activités et 2.560 emplois seront sacrifiés. Pendant le concordat, la direction de la société établira un plan de relance, avec le juge.

Swissair abandonne ses filiales à l'étranger. C'est ce qu'elle a annoncé mais sans préciser les modalités de cet abandon. Swissair voudrait donc se défaire de ses 49,5% dans Sabena mais, pour le moment, est encore un actionnaire ne pouvant pas remplir ses obligations.

Swissair ne recapitalisera pas Sabena. Elle devait normalement verser 139 millions d'euros à Sabena cette semaine puis trois autres tranches de 70 millions d'euros de six mois en six mois. Ces sommes seront reprises en créance.

L'Etat belge attaque Swissair. Pour réclamer les sommes dues, l'Etat belge pour qui l'affaire sent le coup monté a lancé une procédure en justice. Cette dernière n'a cependant guère de chances d'aboutir car la créance ne sera pas prioritaire pour un juge qui aura à coeur de privilégier la survie de Swissair.

Sabena poursuit ses opérations. La direction de la compagnie appelle chacun à poursuivre ou à reprendre le travail. Le référendum de consultation du personnel se poursuivra demain comme prévu.

D'autres solutions

L'Etat belge va procéder à sa part de la recapitalisation de Sabena. Il s'agit d'une tranche de 88 millions d'euros cette semaine et de trois tranches de 28 millions d'euros tous les six mois. Reste à voir si l'Etat belge pourra assurer cette recapitalisation puisqu'il sera, dans les faits, seul à y participer ce qui est interdit par l'Europe. Il pourra cependant se prévaloir de la créance qu'il possédera chez Swissair. Mais situation sera très difficile à gérer.

L'Etat va devoir trouver très vite d'autres solutions. Même si l'Etat peut verser sa part (40%) de la recapitalisation de Sabena, cette aide ne sera nullement suffisante à assurer la survie de Sabena, pas même à court terme. L'Etat belge devra donc trouver les ressources financières nécessaires au plan de restructuration et de relance de la compagnie (430 millions d'euros). Le gouvernement se réunissait, hier soir, pour envisager la question. Il y a peu de chance que l'Europe autorise d'Etat à participer seul à la totalité de la recapitalisation. Il y a encore moins de chances, dans le contexte actuel, de trouver un partenaire pour assurer cette recapitalisation. Les rumeurs faisaient état, hier soir, de prêts accordés par l'Etat, à Sabena. Reste à en étudier les modalités.

Le concordat? De nouveau, ce spectre se rapproche pour Sabena. Comme pour Swissair, ce serait le moyen de repartir avec une voilure réduite et des bases saines.
Mais cette hypothèse signifierait la perte immédiate de milliers d'emplois et un avenir encore plus incertain...

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