Arafat promet réformes et élections
Confronté à la pression croissante de l’étranger comme de son propre peuple, Yasser Arafat a promis mercredi des réformes en profondeur de l’Autorité palestinienne, un geste qualifié de positif par Washington qui l’a pressé de passer aux actes.
- Publié le 14-05-2002 à 00h00
Confronté à la pression croissante de l’étranger comme de son propre peuple, Yasser Arafat a promis mercredi des réformes en profondeur de l’Autorité palestinienne, un geste qualifié de positif par Washington qui l’a pressé de passer aux actes.
«Je suis déterminé à entreprendre une refonte totale (..) de l’Autorité», a déclaré le président palestinien devant le Conseil législatif (Parlement) palestinien, réuni à Ramallah en séance extraordinaire.
Cette réforme va permettre, selon lui, aux Palestiniens de «commencer à rebâtir sur des bases plus solides» pour réaliser leurs «aspirations nationales à l’indépendance et à la liberté», .
Depuis la levée du siège de M. Arafat par l’armée israélienne, le 1er mai, les Etats-Unis, l’Union européenne, mais aussi Israël ont appelé de manière répétée à la réformes du mode de fonctionnement de l’Autorité palestinienne.
Sur le plan interne, de nombreuses voix se sont également élevées, y compris dans l’entourage de M. Arafat, pour réclamer de telles réformes.
La Maison Blanche s’est félicitée des déclarations de M. Arafat tout en l’invitant à passer aux actes. «Les déclarations de Yasser Arafat sont positives. Ce qui est important et ce que le président (George W. Bush) attend de voir, c’est de savoir s’il y aura des actes», a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche Ari Fleischer.
La députée indépendante palestinienne Hanane Achraoui a abondé dans ce sens. «Ce qu’il a fait, c’est une déclaration d’intention concernant ces questions. Le peuple palestinien a besoin de voir des mesures concrètes et immédiates qui concrétiseront sérieusement ces déclarations d’intention», a-t-elle déclaré sur CNN.
Dans son discours, retransmis en direct à la télévision palestinienne, M. Arafat a également appelé à un «réexamen de la composition de nos administrations, nos ministères et nos services de sécurité après l’apparition de défaillances qui ne peuvent être dissimulées à l’opinion publique».
Le Conseil législatif «doit se transformer en un atelier (..) chargé de rebâtir notre système politique sur des bases plus solides de démocratie, d’état de droit et d’indépendance de la justice», a dit M. Arafat.
La réaction israélienne à ce discours a été négative, le porte-parole du Premier ministre Ariel Sharon, Raanan Gissin, estimant qu’il ne contenait «rien de nouveau».
M. Sharon avait affirmé mardi que des négociations avec les Palestinien étaient conditionnées à une transformation radicale de l’Autorité, qu’il avait qualifiée de «régime dictatorial, corrompu et tyrannique».
M. Arafat a, en outre, demandé aux 88 membres du Conseil législatif, élu en 1996, de préparer «rapidement» de nouvelles élections mais sans donner de date.
Le Haut représentant de l’Union européenne (UE) pour la politique extérieure, Javier Solana, a déclaré à Strasbourg que M. Arafat lui avait fait part de son intention d’organiser des «élections législatives et municipales» à la «fin de l’été ou au début de l’automne».
M. Arafat, qui a promulgué mardi une loi sur l’indépendance de la justice, a également appelé au respect des droits de l’Homme et «du principe de la séparation entre les pouvoirs exécutif, législatif, et judiciaire».
Il aussi admis avoir commis des «erreurs», notamment lors d’accords conclus avec Israël pour mettre fin aux sièges de son quartier général de Ramallah et de la basilique de la Nativité à Bethléem.
Dans ce discours, qui coïncidait avec la commémoration de la «Nakba», la «Catastrophe» que fut pour les Palestiniens la création, en 1948, de l’Etat d’Israël, M. Arafat a en outre réaffirmé que la paix restait un «choix stratégique» et a répété sa condamnation des attentats «contre les civils israéliens».
«Ces opérations, non seulement ne servent pas nos objectifs, mais dressent contre nous une grande partie de la communauté internationale», a-t-il dit.
En Israël, le comité central du Parti travailliste a commencé une réunion pour définir son programme politique en vue des élections de 2003. Le chef du parti, le ministre de la Défense Binyamin Ben Eliezer s’est déclaré en faveur d’un Etat palestinien à l’ouverture des travaux.