Belgacom à nouveau menacé de poursuites judiciaires
Les opérateurs alternatifs repartent en guerre contre Belgacom. Les 18 membres de la Plate-forme des opérateurs télécoms - ils étaient encore 24, il y a un an - ont en effet profité de l'ouverture de `Telecom City´, un salon professionnel qui se tient cette semaine au Heysel, pour menacer l'ex-RTT de nouvelles poursuites en justice.
- Publié le 13-05-2002 à 00h00
Les opérateurs alternatifs repartent en guerre contre Belgacom. Les 18 membres de la Plate-forme des opérateurs télécoms - ils étaient encore 24, il y a un an - ont en effet profité de l'ouverture de `Telecom City´, un salon professionnel qui se tient cette semaine au Heysel, pour menacer l'ex-RTT de nouvelles poursuites en justice.
En cause: les tarifs dits `Excellence´ lancés il y a deux semaines par Belgacom à destination des entreprises. Selon les opérateurs alternatifs, ceux-ci sont plus bas que ce que Belgacom leur demande pour la simple utilisation de son réseau et, à moins de vendre à perte, il leur est donc impossible de les concurrencer. C'est le phénomène, déjà dénoncé à maintes reprises, du `price squeeze´, ou effet de ciseau.
`Belgacom profite de sa position dominante pour appliquer des plans tarifaires qui visent à éjecter la concurrence´, dit Christine Castelein, patronne de WorldCom Belgique et présidente de la Plate-forme. `Au sein de l'opérateur historique, les tarifs entreprises sont en effet subsidiés par les tarifs consommateurs´.
Chez Belgacom, on nie formellement ces accusations et on se dit serein face à une éventuelle action en justice. `Nous avons effectivement une politique tarifaire agressive mais elle respecte totalement la loi´, affirme Piet Van Speybroeck, le porte-parole de l'opérateur.
Pour Christine Castelein, le `price squeeze´, qui est d'habitude très difficile à prouver devant un tribunal, est pourtant particulièrement flagrant cette fois-ci. `Nous n'avons pas d'autre moyen de réaction que via la justice´, dit-elle, en faisant valoir que les précédentes actions auprès de l'IBPT - le régulateur du secteur - et du Conseil de la concurrence n'avaient eu aucun effet.
Et la Plate-forme de réclamer une nouvelle fois un régulateur plus fort. `Nous applaudissons l'indépendance qui va prochainement être donnée à l'IBPT mais dans le même temps, nous regrettons qu'elle ne bénéficie pas de moyens de pression plus forts´, dit Michel De Coster, le patron de BT Belgique. Pour lui, les amendes financières ne sont pas assez dissuasives, par exemple.
Quatre ans et demi après la libéralisation du secteur, la situation actuelle tient en tout cas du paradoxe. Là où on pensait que c'était Belgacom qui allait se faire manger tout cru par la concurrence, c'est l'inverse qui est en train de se produire aujourd'hui. L'édition 2002 du salon `Telecom City´ en est une nouvelle preuve, avec une baisse de quelque 20 pc du nombre d'exposants par rapport à l'année dernière.
`Sur le papier, la libéralisation du secteur paraît acquise en Belgique mais dans la pratique, c'est différent´, explique Christine Castelein. `Belgacom profite ainsi d'un trou dans la régulation pour faire pression sur les marges. Résultat: certains opérateurs alternatifs ne peuvent plus suivre et préfèrent se replier sur le marché des grandes entreprises et des multinationales. Pour un pays de PME comme le nôtre, il s'agit d'une évolution dangereuse´.
© La Libre Belgique 2002