Onkelinx et Moureaux: à gauche toutes!
Le Fête du 1er mai à Bruxelles a été mise à profit par les ténors socialistes bruxellois pour plaider en faveur d'un recentrage à gauche de l'échiquier politique et pour un rapprochement de la gauche tout entière.
- Publié le 30-04-2002 à 00h00
Pour la vice-première Laurette Onkelinx, il importe de tirer les leçons du premier tour des présidentielles françaises et de la banalisation de l'extrême droite dont les représentants siègent dans des assemblées parlementaires, et participent à certains gouvernements. A ses yeux, il ne faut en tout cas pas se reposer sur le fait qu'en Communauté française, on a une extrême droite d'opérette, «car en politique, on passe très vite de l'opérette à la tragédie ».
Pour Laurette Onkelinx, il est vain de se laisser aimanter par le centre «parce que le centre, c'est le vide ». La gauche doit assumer la rébellion par rapport à la démocratie affadie «qui s'engouffre dans une mondialistation anti-sociale, anti-justice, anti-espoir ».
La vice-première ministre a ajouté que l'action socialiste devait d'abord se concentrer sur le renforcement des solidarités dont le PS a engrangé certains acquis tel qu'en atteste l'accord du gouvernement sur le relèvement des indemnités d'invalidités mais aussi «sur les prémices d'une véritable assurance autonomie fédérale ».
Elle doit aussi transiter par une ouverture à la société civile, et le refus de classer les gens en fonction de leurs options philosophiques, du choix de leur syndicat ou de leur mutualité.
Dans ce contexte, la vice-première a plaidé, comme son président de parti, pour un front progressiste car, en son absence, «c »est la droite masquée ou assumée qui renforcera ses idées, et donc ses intérêts », a-t-elle dit.
Laurette Onkelinx a enfin demandé l'accès de tous à la Justice, un privilège actuellement réservé à un nombre trop limité de personnes. Dans cette optique, elle a annoncé qu'elle entendait obtenir un accord du gouvernement sur cette revendication d'ici la fin du mois.
Le président de la Fédération bruxelloise du PS n'a pas dit autre chose sur la nécessité d'un recentrage à gauche. Avec une seule réserve: «Non à cette fraction d'extrême gauche qui croit intelligent de jouer la politique du pire, faisant échouer la taxe Tobin au Parlement européen, sous prétexte qu'elle n'est pas là pour aménager le système capitaliste ».
Philippe Moureaux a réitéré son plaidoyer en faveur du droit de vote des étrangers et du combat contre le racisme, ainsi que pour le renforcement de la politique de la Ville, absente du débat pour les présidentielles en France.
Il a également insisté sur la nécessité de reconnaître l'insécurité comme un problème réel de justice sociale à l'égard des victimes dont la majeure partie est parmi les plus faibles et de justice tout court à l'égard de tous, y compris des délinquants dont l'impunité les plonge dans une dérive toujours plus violente.
Dans ce contexte, il s'en est pris au ministre de la Justice, Marc Verwilghen «de qui l'on a pas vu grand chose pour augmenter le nombre de magistrats, ce qui constituerait une première vraie réponse au désarroi des victimes et au découragement des enquêteurs ». Il n'a pas épargné non plus le ministre de l'Intérieur, Antoine Duquesne dont la politique a abouti à une diminution des effectifs de police sur le terrain «pour peut-être faire renaître ensuite l'espoir ». (BELGA)