La dirigeante de l'opposition bientôt libre

La dirigeante de l'opposition birmane Aung San Suu Kyi, en résidence surveillée depuis 18 mois, sera libre de ses mouvements "dans un ou deux jours", a annoncé mardi une source gouvernementale

AFP

La dirigeante de l'opposition birmane Aung San Suu Kyi, en résidence surveillée depuis 18 mois, sera libre de ses mouvements "dans un ou deux jours", a annoncé mardi une source gouvernementale.

La levée de l'assignation à résidence de Mme Suu Kyi, 56 ans, ancienne "bête noire" de la junte au pouvoir et qui mène aujourd'hui avec les généraux un dialogue de "réconciliation nationale", constitue un geste d'une grande portée symbolique.

Cette mesure était demandée avec insistance à Rangoun par la communauté internationale, Etats-Unis en tête, et intervient dans la foulée de la visite en Birmanie de Razali Ismail, envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU.

"La dirigeante de la LND (Ligue nationale pour la démocratie) ne sera pas libérée aujourd'hui", a déclaré le responsable gouvernemental à l'AFP, "le gouvernement procède aux préparatifs pour la libérer de chez elle dans un ou deux jours".

"Elle sera capable d'aller où elle le voudra, comme auparavant", a-t-il affirmé.

Cette infatigable combattante de la démocratie a probablement mis comme condition à sa libération une entière liberté de mouvement dans tout le pays, soulignait-on de bonne source.

Elle n'en avait pas bénéficié après la levée de son assignation à résidence à l'issue d'une première et longue période --cinq ans-- en 1995.

Ses déplacements avaient en effet été limités à Rangoun et elle avait été de nouveau assignée à résidence alors qu'elle tentait, avec ses fidèles lieutenants de la LND, de se rendre dans la ville de Mandalay (nord) en septembre 2000.

En échange d'une vraie liberté de mouvement, "elle s'est engagée probablement à faire preuve de retenue", indique une bonne source, évoquant la capacité naturelle de cette femme charismatique qui a l'écrasante majorité du peuple derrière elle, de provoquer des attroupements.

"Les conditions sous lesquelles elle pourra fonctionner seront très importantes", a estimé un analyste.

Des diplomates, des journalistes et des curieux se sont retrouvés mardi à l'entrée de l'avenue de l'Université, où demeure le prix Nobel de la paix, artère dont l'accès n'est autorisé qu'à quelques proches du régime.

Les services municipaux ont fait nettoyer la chaussée et combler les nids de poule en face de la résidence de celle que beaucoup appellent "La Lady" (La Dame).

Cette levée d'assignation pourrait être accompagnée d'autres gestes de bonne volonté alors que les pressions se sont accentuées sur la junte birmane pour que le dialogue historique ouvert fin 2000 avec la LND se traduise enfin par du concret.

La rumeur courait que le prix Nobel de la paix pourrait se voir attribuer une responsabilité officielle dans le domaine humanitaire, en matière de santé notamment.

M. Razali, homme-clé du dialogue junte/opposition, "a depuis le début avancé l'idée que l'opposition soit associée à l'humanitaire", selon une bonne source qui évoque la lutte contre le sida --dont les autorités commencent timidement à reconnaître l'ampleur--, la tuberculose ou la malaria.

Toutefois, selon cette source, Mme Suu Kyi, "à son niveau élevé, pourrait courir le risque de servir de caution à quelque chose qui ne marche pas".

D'autres encore estimaient que le gouvernement annoncerait aussi des libérations massives de prisonniers, alors que quelque 1.500 prisonniers politiques restent détenus, dont 800 membres de la LND. Le dialogue en cours doit déboucher sur une transition démocratique dans ce pays où la junte avait refusé de reconnaître le raz-de-marée de la LND aux élections de 1990, deux ans après avoir réprimé dans le sang des manifestations populaires. L'instauration d'un gouvernement civil apparaît comme une échéance encore bien lointaine à la plupart des observateurs. La transition vers la démocratie, soulignent-ils, ne pourra pas s'opérer sans les multiples minorités ethniques du pays.

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