Le Pen: ''Je serai plus près des 50% que des 20%''
- Publié le 25-04-2002 à 07h00
Le Pen promet à nouveau une "surprise" le dimanche 5 mai
PARIS Crédité dans un premier temps de 20% des voix au second tour des élections présidentielles dans les premiers sondages, Jean-Marie Le Pen pourrait finalement grimper vers les 35%, selon un expert ès politique, un certain Jacques Chirac, dont les craintes étaient relayées mercredi dans le quotidien Libération.
Car avec un tel résultat, le leader du Front national ne ferait pas de la figuration et risquerait même de remporter une victoire morale et politique dans ce duel dont l’issue ne devrait pas faire de doute.
Jean-Marie Le Pen se veut toutefois confiant et prédit 'une aussi grande surprise le 5 mai que celle qui a eu lieu dimanche dernier'. 'Je vous tiens le pari que je serai beaucoup plus près des 50% que des 20', a-t-il assuré mardi soir sur France 2. Voilà deux semaines, il promettait d’être au second tour, et nul ne le croyait alors capable d’un tel exploit même si la cote de Lionel Jospin, le candidat socialiste, commençait à donner des signes de faiblesse.
Alors, où finira Jean-Marie Le Pen? Nul ne le sait vraiment. Une certitude, toutefois: le candidat du FN devrait faire le plein de voix auprès de ses électeurs traditionnels, dont le moral doit être gonflé à bloc après la performance du 1er tour. D’autant que les électeurs des partis extrémistes sont, traditionnellement les plus prompts à se rendre aux urnes. La déroute de Lionel Jospin, dimanche dernier, s’explique d’ailleurs, en partie, par la trop faible mobilisation de son électorat.
Les abstentionnistes de dimanche auront-ils compris qu’il est dangereux de jouer avec le feu? Les partis de gauche ont, dans un bel ensemble, appelé leurs sympathisants à reporter leur voix sur Jacques Chirac afin de faire barrage à l’extrême droite. Ils le feront, mais en traînant les pieds. Des électeurs de Lionel Jospin s’étant rendu mardi soir à Rennes au meeting de Jacques Chirac n’ont pas manqué de faire la moue à l’issue de cette première réunion électorale d’après 1er tour. 'Son discours est de droite', ont-ils regretté. Forcément.
Les électeurs de gauche seront-ils tentés, dès lors, de rester chez eux si les derniers sondages laissent poindre une large victoire de Jacques Chirac? C’est une possibilité qui pourrait doper la cote finale de Jean-Marie Le Pen.
D’autant que Jean-Marie Le Pen ne cesse depuis dimanche soir de monopoliser toute l’attention médiatique et qu’il s’en tire fort bien, évitant tout dérapage qui risque de ruiner sa nouvelle image d’homme politique convenable.
Lors de son intervention télévisée, mardi soir, il s’est strictement gardé de tout faux pas, tentant de se forger une image de démocrate assagi par 46 ans de carrière politique. Il mise beaucoup sur l’effet audiovisuel. 'Là, je rends visite chez eux, dans leur salle à manger, à dix mille fois plus de gens que dans les meetings'.
Quant à la mobilisation contre l’extrême droite, elle s’est poursuivie mercredi dans la rue. Elle doit culminer le 1er mai Paris, date à laquelle Jean-Marie Le Pen compte lui aussi réunir des dizaines de milliers de sympathisants.
P.D.-D.
Les photos de la manifestation anti-Le Pen à Bruxelles
© Bauweraerts / EPA / Belga
La dérobade de Le Pen
Mais le leader du Front national s'est débiné, invoquant, par la voix de Jean-Claude Martinez, des problèmes de sécurité.
Il est vrai que plusieurs dizaines de manifestants, ayant déjoué un service d'ordre étonnamment laxiste, brandissaient des pancartes sur lesquelles était inscrit Stop the Nazis. Et quelques petites crêpes et autres tartes à la crème attendaient gentiment de s'envoler dans les airs et de maculer le faciès du député européen. Des images embarrassantes que le candidat à l'Elysée, calfeutré dans son bureau, voulait, on s'en doute, éviter. `Nous ne leur ferons pas le cadeau des scènes dégradantes qu'ils ont préparées´, a encore justifié Jean-Claude Martinez.
Après avoir stigmatisé la présence de ces `hooligans´ à l'entrée de la salle de presse, le sieur Martinez fut la cible de l'un de ces jets de tarte, qui l'effleura pour l'essentiel.
`Nous avons convoqué une conférence de presse et cela est devenu un meeting à cause du laisser-faire du Parlement´, avait auparavant déploré l'eurodéputé FN face à une salle où d'autres eurodéputés hostiles au leader du FN et quelques manifestants avaient investi la salle de presse. `Nous nous attendions à des journalistes, pas des provocateurs.´ Huées dans la salle.
Si Jean-Marie Le Pen s'est donc abstenu de venir décliner son programme européen, il était par contre apparu dans l'après-midi dans l'hémicycle du Parlement, où plusieurs députés ont brandi des affichettes avec le mot NON! à son entrée. Son intervention sur la situation `préapocalyptique´ au Proche-Orient fut par ailleurs fréquemment huée.
Plusieurs eurodéputés ont parlé de `traquenard´ de la part de Jean-Marie Le Pen. Il risque en effet de profiter de cet incident pour faire mousser encore un peu plus ses partisans et les eurosceptiques, très nombreux en France.
P.D.-D.