Eddy face à l'info

Unique dans le paysage audiovisuel francophone en Belgique, Eddy Caeckelbergs offre, chaque jour sur La Première, une mise en perspective indispensable à tout observateur exigent de l'actualité

PAR MONIQUE BAUS

PORTRAIT

L es gens ne peuvent pas avoir le back-ground suffisant pour bien comprendre de quoi il est réellement question dans le journal parlé du soir (où les sujets sont trop rapidement traités, d'ailleurs, vu le timing serré)´, explique Eddy Caeckelbergs. `Il est illusoire de croire que tout le monde est resté à l'écoute toute la journée pour suivre l'évolution des événements. Donc, pas de recul. Pas de mise en perspective. C'est ce que nous offrons.´

Tous les soirs de 18h22 jusqu'au journal de 19h, sur La Première, le journaliste confronte plusieurs interlocuteurs dans un débat centré sur un fait d'actualité ou de société. `Je suis conscient de ma chance´, confie-t-il. `C'est un luxe de pouvoir faire du dossier, comme en presse écrite, avec deux challenges énormes, quand même: le temps (nous choisissons nos sujets au jour le jour, en fonction de l'actualité et sommes deux, mon assistante et moi-même, pour tout organiser) et la variété de sujets.´

TOUT GAMIN DÉJÀ

Le bureau est laborieux. Une ancienne table de mixage, une nouvelle sur PC, une douzaine de posters évoquant les quatre coins de la planète, une chaîne hi-fi, des cartes et des tonnes de dossiers et autres ouvrages de référence, tels les répertoires universitaires et un recueil de droit de la presse: finalement, seules quelques photos disposées à côté de son ordinateur parlent d'autre chose que de radio ou d'actu. `Bien sûr, j'ai une vie privée. J'adore faire du ski par exemple!´

Mais, comme le rappellent les minutes qui s'égrènent au gros cadran lumineux flanqué au-dessus de la porte, le temps est précieux et celui consacré aux loisirs plutôt restreint.

`Tout gamin déjà, j'étais passionné de médias et de politique. Je savais que je serais journaliste!´, se souvient-il. Après une licence en Sciences politiques et une maîtrise en études européennes (ULB), Eddy passe l'examen de recrutement - le dernier du genre - à la RTB. `1 400 candidats testés par vagues successives, éliminatoires pour 50 pc des gens à chaque fois!´ Pas sûr de lui, il arrive tout de même jusqu'à l'étape ultime (passe deux tests de langues, néerlandais et anglais, lui qui en maîtrise six) et se retrouve en réserve de recrutement. Pas franchement du style à s'endormir sur ses lauriers, il enchaîne avec un stage au comité économique et social européen où seul son service militaire lui empêche de décrocher un poste. Tant mieux, à la rigueur, pour la RTB, qui viendra le repêcher après, alors qu'il a décroché un job dans une banque, en 1989. `À l'époque, on rentrait comme stagiaire.´

LES TRANCHES INTÉGRÉES

De l'info régionale en télé puis en radio, à la rédaction du journal parlé puis télévisé, il fait ses classes. Fin juillet 89, après le feu vert définitif, sa carrière `ertébéenne´ commence à Ce Soir, le journal des régions, qu'il alimente de sujets... carolo!

Une parenthèse l'éloigne ensuite de la grande maison pendant neuf mois, le temps de monter le service presse de Guy Coëme, alors vice-Premier ministre et en charge des entreprises publiques, de la communication et de la régie des bâtiments.

`J'avais la promesse de pouvoir revenir, pour créer une cellule Europe.´ Date de lancement prévue: le 1er août 1993. La mort du roi Baudouin ne retardera l'entreprise que de quelques jours. `L'idée était de vulgariser cette matière, parfois rébarbative. Expliquer les enjeux, faire de la pédagogie, à travers des billets spécifiques ou dans les infos.´

Progressivement, naît alors de la nécessité de redynamiser l'antenne, une réflexion sur des tranches intégrées d'info. Eddy présidera à la création de Matin Première et Midi Première, rejointes depuis six ans par son actuelle émission Face à l'info. Jouissive? `Je me fais plaisir en effet´, reconnaît ce `pro´ pas vraiment comme les autres. Décoder, faire des liens, prendre de la hauteur: c'est son truc, même quand l'actualité est brûlante, comme pendant ses sept heures de direct, le soir des attentats du 11 septembre.

Comment ne pas s'essouffler? `On réfléchit à l'évolution des choses. Être avec son temps.´ Un regret toutefois: `Je me demande parfois quelle importance ont réellement les médias pour les gens. Il me semble qu'à l'étranger la société s'intéresse à plus de choses que chez nous...´, conclut-il.

© La Libre Belgique 2002

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